Trois ans après le meurtre d'Allan Affagard, docker du Havre (Seine-Maritime), deux hommes sont jugés depuis mardi au tribunal correctionnel de Lille (Nord). Le troisième sera jugé ultérieurement, car son avocat a été déclaré malade.
Les deux prévenus comparaissent pour "association de malfaiteurs en vue de commettre un crime", puni de 10 ans d'emprisonnement. Ils sont jugés devant le tribunal correctionnel de Lille car ils sont suspectés d'avoir participé à l'organisation de l'enlèvement d'Allan Affagard, docker retrouvé mort au Havre en 2020, sur fond de trafic de stupéfiants.
Plusieurs portables, une balise de filature, une voiture suspecte : depuis mardi, les deux hommes sont confrontés à des éléments matériels qui les mettent en cause.
Qui sont-ils et quel est leur profil ?
Les deux mis en cause sont âgés d'une trentaine d'années et sont tous les deux originaires de la région havraise. Tandis que l'enquête pour retrouver les meurtriers se poursuit, ils sont suspectés d'avoir apporté une aide logistique à l'organisation de l'enlèvement.
Le profil du premier prévenu
Ce mardi, le premier à passer au pupitre est havrais. Il est soupçonné d'avoir apporté une aide matérielle pour organiser l'enlèvement du docker dans la nuit du 12 juin 2020 : une Clio blanche et un téléphone portable.
"Comment cet iPhone 6S se retrouve dans les mains de votre frère?", interroge à ce propos la présidente du tribunal. "Ça me dépasse, je ne saurais pas comment vous dire", répond le grand gaillard barbu au crâne rasé. Concernant la voiture, elle a été identifiée sur le parking de son immeuble et a ensuite stationné la nuit des faits près du domicile du docker avant d'être incendiée.
L'enquête a montré que le véhicule s'était déplacé avec le fameux iPhone. "Vous êtes conscient que le tribunal va être interpellé par cette coïncidence?", lui assène la présidente.
L'homme mis en cause est père de deux enfants et est en couple. Il travaillait auparavant en CDI dans une entreprise spécialisée dans la sécurité incendie au Havre. Avant d'occuper ce poste, il est passé par le centre de formation de foot de Créteil (Val-de-Marne).
Il y a quelques années, il est arrêté pour vol de véhicules et possession de cocaïne. En ce moment, il est en détention préventive dans le cadre de l'affaire Allan Affagard. Il purge simultanément trois autres peines en prison pour des faits d'enlèvement et séquestration, trafic de produits stupéfiants et conduite sans permis.
Le profil du deuxième prévenu
Le second prévenu à passer à la barre ce mercredi est né au Havre dans les années 1990. Il grandit dans le quartier Bléville. Le trentenaire enchaîne les petits travaux manuels, occupe un poste en tant que cariste et travaille dans une société de sécurité. Plus tard, il travaille chez Total et suit une formation de soudeur.
Il est condamné à quatorze reprises pour différents faits, plusieurs fois par le tribunal pour enfants. La première fois, c'est en 2004 pour un refus d'obtempérer. Les années passent, les condamnations s'enchaînent : rébellion, infractions, outrages, vols, vols en réunion, vols avec effraction, violences sur dépositaire de l'autorité publique.
Sept ans plus tard, en 2011, il est condamné à trois ans de réclusion pour vol aggravé et association de malfaiteurs. Deux ans après, en 2013, il est condamné à quatre ans ferme pour les mêmes faits. Aujourd'hui, il est actuellement sous contrôle judiciaire et comparaît libre dans ce procès.
À la barre, il nie son implication dans l’organisation de l’enlèvement mais reconnaît qu'il connaît l'autre prévenu depuis un moment. Ce mercredi matin, lors de son interrogatoire, il a refusé que les avocates représentant les parties civiles lui posent la moindre question.
Dans cette affaire, les enquêteurs ont localisé à plusieurs reprises l'homme effectuer des repérages. Il aurait fourni un routeur WI-FI (appareil permettant de créer un réseau) qui aurait été utilisé dans la préparation de l'enlèvement.
Le troisième mis en cause, absent du procès
Le troisième homme mis en examen dans cette affaire aurait dû comparaître avec les deux hommes, mais sera finalement jugé le 9 octobre, son avocat ayant été déclaré malade à l'ouverture de l'audience.
Dans cette affaire, il est notamment mis en cause car six cartes SIM ont été retrouvées chez lui. "Les numéros se suivaient, montrant qu'elles appartenaient au même lot", pour être toutes activées plus tard, le jour des faits, souligne un inspecteur de la Section de recherche de Rouen.
Le procès pour les deux premiers prévenus se poursuit jusqu'à jeudi 14 septembre. Ce jeudi auront lieu les réquisitions du parquet et les plaidoiries des avocats des prévenus.
La présidente du tribunal a d’ores et déjà déclaré que le délibéré serait rendu en différé le 12 octobre, une fois que ce sera déroulé le procès du troisième prévenu.