Pauvreté en Normandie: les migrants dans le bilan

Le Secours Catholique a complété son rapport sur l’état de la pauvreté en France en 2019 d'une analyse de la situation des migrants. En Normandie, l'association accueille de plus en plus de migrants sans titre de séjour dans des situations de grande précarité. 

Le nombre de personnes accueillies par le Secours Catholique en Normandie est stable : 22 200 ménages en 2018 contre 22 600 en 2017. Mais le profil de ces personnes aidées évolue. La part des étrangers est par exemple de plus en plus importante.

Cette année, l’association a choisi de faire un focus sur la situation des étrangers, de plus en plus précaire en France.
La part des étrangers accueillis par le Secours Catholique en Normandie est certes plus faible qu’au niveau national. Mais ce qui inquiète Jean-Matthieu Chambon, délégué du secours catholique en Normandie, c'est le nombre croissant d'étrangers sans statut légal. "Ces personnes sont déboutées du droit d'asile, ont l'obligation de quitter le territoire français, ou bien attendent qu'on leur dise ce qui va advenir d'elles. En attendant elles sont dans un désert total et n'ont pas le droit à grand-chose."
 



Les migrants sans titre de séjour ne peuvent par exemple pas travailler, et cela se ressent dans les statistiques de l’association. En 2015 en Normandie, 4,5% des personnes accueillies n’avaient pas le droit au travail. En 2018, ces personnes représentent 23,4%, et le chiffre grimpe jusqu’à 30% dans l’Orne et le Calvados.
Jean-Matthieu Chambon souligne qu’il est difficile pour le secours catholique d’accompagner ces personnes.

 Certaines sont dans la précarité depuis plusieurs années et nous sommes dans une impasse pour leur permettre de passer un cap.

 

Pauvreté : un grand besoin d’écoute

La part des travailleurs pauvres est en augmentation dans le bilan de l’association en Normandie. Seulement un tiers des personnes qui ont frappé à la porte du secours catholique en 2018 étaient au chômage, alors que les chômeurs représentaient la moitié des accueils en 2015.
Mais les chômeurs qui font appel au Secours Catholique ont de moins en moins de ressources : la majorité d’entre eux n’ont en effet plus aucun droit.
Autre caractéristique normande : le vieillissement de la population. Parmi les personnes accueillies par le Secours Catholique, 12 % ont plus de 60 ans, un chiffre supérieur à la moyenne nationale.
Enfin, 23 % sont des mères isolées et 21 % des couples avec enfants, des chiffres proches des moyennes nationales.

Ces appels au Secours doivent toutefois être relativisés avec ce chiffre : 82% des personnes disent venir au Secours Catholique pour une écoute et un conseil. Ce chiffre est supérieur de 20 points à la moyenne nationale et le plus élevé parmi l’ensemble des régions.

Jean-Matthieu Chambon y voit la preuve du temps accordé par les bénévoles du Secours Catholique :  

« De plus en plus de démarches sont dématérialisées. Au Secours Catholiques les bénévoles prennent le temps d’accompagner et d’écouter les personnes qui ont besoin de vider leur sac. »
 


Des Normands qui ont des difficultés à payer les factures

Ce qui spécifie visiblement notre région normande, celle des cinq départements normands,  c'est la part des impayés. Aussi bien l'eau, l'énergie, le loyer…  bref les grandes dépenses, les grosses dépenses contraintes d'un budget particulièrement quand celui-ci est modeste : 54% d'impayés en Normandie contre 49% au niveau de la moyenne nationale.
Avec une spécificité en Seine-Maritime : 28% concernant les dettes d'eau, malgré, effectivement l'existence de dispositifs de droit commun et pour certaines grandes agglomérations, une reprise publique de la gestion et la distribution de l'eau.

Christophe Leroy, délégué du Secours Catholique pour la Seine-Maritime et Eure

 

VIDEO : extrait du JT 12/13 du 7 novembre 2019 présenté par Magali Nicolin

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