Alors que la France a annoncé des sanctions contre l'économie russe, les livraisons de pétrole se poursuivent dans le port du Havre. Le pays reste dépendant des produits raffinés en provenance de la Russie.
La nuit vient de tomber le 28 février, lorsque le bateau Suvorovsky Prospect entre dans le port du Havre (Seine-Maritime). Le pétrolier russe, immatriculé au Liberia, amène près de 100 000 tonnes de brut. La cargaison estimée à 6 millions d'euros est au bénéfice du vendeur, russe lui-aussi.
Au petit matin, le brut est pompé vers les réserves du terminal pétrolier. Au même moment le ministre de l'économie est sur franceinfo.
Nous allons donc provoquer l'effondrement de l'économie russe. Si ça ne dépendait que de la France, je pense que sur le retrait des banques russes du système SWIFT, dont certaines banques qui servent au paiement du gaz [et du pétrole NDLR] russe, nous serions probablement allés plus loin.
Bruno Lemaire, ministre de l'économie:franceinfo
On ne peut donc pas encore parler d'embargo sur le pétrole russe.
Le port du Havre est une destination de choix pour les Russes, car il est facile d'accès depuis la Mer Baltique ou le cercle polaire. Les deux grandes raffineries du secteur apprécient ce pétrole de bonne qualité. En 2021, 2,7 millions de tonnes de brut sont arrivés en France par la Porte océane, pour une valeur de 1,3 milliard d'euros.
Du diesel indispensable à l'économie française
Ce sont surtout les produits raffinés en provenance de Russie qui sont essentiels à la stabilité énergétique française.
"Bien évidemment, pour le pétrole brut, on peut s'approvisionner ailleurs, ce n'est pas forcément un problème. Par rapport à la Russie, la France est surtout dépendante en produits raffinés, notamment en gasoil routier. Et là, il est plus difficile de trouver des pays capables d'approvisionner les volumes de ces produits spécifiques dont l'économie française à besoin" explique Nicolas Mazzucchi, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique.
Les caisses russes peuvent compter sur les hydrocarbures pour se remplir. Durant la première semaine de mars, quatre autres tankers de produits pétroliers russes sont attendus sur les terminaux havrais. Et cela, en toute légalité.