9 ans après sa fermeture, le site de l’usine Citron du Havre continue à faire parler de lui. Il apparaît dans le dossier de France Info sur les entreprises qui polluent, ferment et abandonnent tout derrière.
A son ouverture en 1997, l’usine CITRON (Centre international de traitement et de recyclage des ordures nocives) au Havre promettait de détruire, recycler ou traiter les déchets industriels lourds (présence de mercure, zinc...). Mais au fil des années, salariés et riverains ont déchanté.
Le site a multiplié les incidents industriels, les salariés ont été contraints de prendre la nature comme poubelle. Retrouvez le témoignage d’un ancien salarié dans l’émission Pièces à conviction.
Il y avait trois souterrains et quand ils étaient trop pleins, on nous disait de les vider. Donc on mettait des manches à incendie et on vidait ça dans le réseau d’eau. Voici une bouche là : on soulevait la grille, on mettait la manche à incendie et on vidait l’eau polluée dedans." Une pollution en toute discrétion : "Ça se faisait la nuit, parce que le jour, la police du port aurait pu passer et les associations pour l’environnement l’auraient vu." Rémi Lacaille, ancien salarié de CITRON.
Cet ancien employé âgé de 67 ans est atteint d'un cancer de la prostate, il est"persuadé" que c'est "à cause de toutes les merdes" qu'il a avalées.
Du mercure, du zinc, du plomb. Tout ça pendant douze ans. Si ça se trouve, je ne suis peut-être pas le seul à être malade.
C’est un incendie en 2010 qui dévoilera les infractions de ce site. Avant cela, des mises en demeure avaient été adressées à la société par la préfecture et la Dréal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) pour son mépris des règles environnementales et de sécurité des salariés.
Neuf ans après la fermeture de cette entreprise de recyclage de déchets, la dépollution n'a pas avancé. Selon France Info, il resterait encore 110 000 tonnes de mâchefers bourrés de métaux lourds. Quand il pleut, l'eau s'infiltre à l'intérieur de ces grands monticules de terre et de gravats et disperse des polluants dans la nature.
Cette usine a été signalée dans le cadre de l'opération #AlertePollution. Elle fait partie des 6 987 sites et sols pollués répertoriés par l'Etat dans une base de données nommée Basol. Ils racontent l'histoire compliquée de la dépollution, d'un Etat impuissant, face à des industriels peu soucieux de l'environnement et du principe pollueur-payeur.
Une condamnation de la direction en 2016
Pollution atmosphérique, pollution de l’eau, triche aux contrôles… Poursuivi pour de nombreuses infractions, Michael Brüggle, le dirigeant, a été condamné en novembre 2016 à 3 ans de prison. Il a fait appel du jugement.