PORTRAIT. Deux street artistes ukrainiennes décorent les murs de Port-Jérôme-sur-Seine

Les murs de l'Escale à Port-Jérôme-sur-Seine se parent pendant ces vacances d'une fresque haute en couleurs en l'honneur de l'amitié franco-ukrainienne... Rencontre avec les Sestry Feldman, deux street artistes tout droit venues de Kiev.

Nicol et Mishel ont 26 ans elles sont sœurs, ukrainiennes… et sont considérées dans leur domaine, parmi les street artistes les plus connues de leur pays.

Mêmes visages, mêmes franges blondes, ces jumelles ont avant tout les mêmes ambitions : utiliser l'art pour transmettre leur histoire. 

C’est une fresque sur l’amitié entre la France et l’Ukraine. Ça c’est un viking, et ça c’est un cosaque. Ce sont des figures militaires qui se sont battues pour la liberté de leur territoire.

Sestry Feldman

Pourtant, les jeunes artistes n'ont pas toujours travaillé sur des figures aussi dures.

Un art chamboulé 

Les deux sœurs peignent le monde en couleurs depuis l’enfance mais c’est lorsqu’elles arrivent à Kiev, il y a 8 ans, que leur carrière décolle. Dans leur univers on retrouve l’écologie, les cartes de tarot ou encore un petit bonhomme jaune, héros d’un dessin animé.

Mais depuis le début de la guerre, leur vie a été transformée tout comme leur art. "Quelque chose change dans ton esprit quand tu comprends que tu n’as peut-être plus beaucoup de temps à vivre." Nicol Feldman ajoute. 

En Ukraine quand la guerre a commencé, on sentait qu’on pouvait mourir le mois prochain, ou demain. Et ça change toute ta vision de la vie... ce que tu veux vraiment faire dans l’avenir.

Nicol Feldman, membre des Sestry Feldman

Et les Sestry Feldman ont choisi : tant que la guerre durera, elles seront là pour la documenter et militer avec leur art. 

Destins liés 

Pinceaux à la main, les deux sœurs reprennent donc du service, à l'affût du moindre détail à corriger sur cette nouvelle fresque en Seine-Maritime.

L’histoire de cette dernière, c’est aussi une histoire d’amitié entre Port-Jérôme et l’Ukraine.

Et pour cause, la ville accueille depuis le début de la guerre une cinquantaine de réfugiés dont Daria et sa famille, chez qui les deux artistes ont été accueillies. 

Rencontrer des personnes qui peuvent vous dire comment ça se passe actuellement dans notre ville Kiev... ça nous fait beaucoup de bien. Ces filles sont super. Elles ont créé pour nous plein de très beaux dessins sur nos murs, parce que nous voulions quelque chose de plus chaleureux, avec de nouvelles couleurs

Daria, proche des Sestry Feldman

A leur manière, Nicol et Mishel sont les ambassadrices d’une génération qui, lorsqu’elle ne prend pas les armes, lutte aussi avec ses pinceaux pour la liberté et l’indépendance de tout un peuple.