6 accusés sont actuellement jugés devant la Cour d'Assises de Douai (Nord) du 1er au 16 février 2023. La Justice leur reproche d'avoir fait transiter plus d'une tonne cocaïne sur le port du Havre (Seine-Maritime) en 2017. Quels sont leur profil et leur parcours ?
C'était un réseau très organisé qui permettrait de livrer la marchandise aux mafias. Les 6 hommes, tous non dockers, âgés de 29 à 56 ans sont accusés d'avoir fait partie de ce vaste trafic. Ce groupe était chargé "d'extraire la cocaïne des conteneurs", a expliqué le président de la Cour.
Le procès vient de s'ouvrir et doit se poursuivre jusqu'au 16 février 2023. Tous sont jugés pour importation et trafic de produits stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs.
Quatre des 6 accusés, déjà condamnés pour trafic de drogue par le passé, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Les 2 autres accusés risquent 30 ans de prison.
Enquêtes de personnalité
Ce jeudi 2 février 2023, les magistrats se sont penchés sur le profil des 6 hommes accusés d'être impliqués dans ce trafic de stupéfiants. En prenant en compte les faits reprochés, la personnalité et le passé des accusés, les juges rendront leur délibéré en fin de procès.
Durant l'instruction, une enquête de personnalité a été réalisée sur chaque accusé par un psychologue qui a livré ses conclusions à la Cour d'Assises.
"Les enquêtes de personnalité vont permettre de voir qui sont ces gens qui sont sur le banc des accusés. Vous avez des pères de famille, des gens qui se retrouvent dans cette histoire... On doit comprendre pourquoi on en arrive là."
Maître Caroline Dereme, avocate de Youssef Boukhari Sardi
Certains parlent moins de leur passé. C'est par exemple le cas du client défendu par Me Dereme, Youssef Boukhari Sardi, surnommé "Sefyu".
D'autres, en revanche, se montrent plus répondants. Ancien copain d'enfance de "Sefyu", Karim Djemel répond aux juges. Il explique avoir travaillé quelques temps dans les raffineries de la région havraise. Sur sa participation à ce trafic de stupéfiants, il se confie :
"On m'a vendu du rêve, c'est maintenant un cauchemar".
Karim Djemel, accusé
Mohamed Mellal, alias "Crayon", aurait procédé aux recrutements des conducteurs de cavaliers, les grues portuaires, selon l'enquête. Il reconnaît sa participation à l’une des 5 importations de cocaïne qu’on lui reproche, mais indique que « ce n’était pas une importation mais une extraction. Ce n'est pas pareil ».
Des personnalités différentes
Soupçonné d'être "John", Dione Mendy, le commanditaire des sorties de cocaïne, nie en bloc les faits. Pour cet ex-scaphandrier et videur de discothèque devenu patron d'une entreprise de BTP, ce surnom de "John" serait un "homonyme".
A son passage à la barre, il conteste tout : son implication, les faits reprochés… identifié sur les écoutes de police. Ses échanges sont musclés avec l'avocat général.
Enfin, Louis Bellahcene, figure du quartier des Neiges au Havre connue dans le dossier sous le nom "Doudou", il est accusé de d'être l’intermédiaire avec les propriétaires de la drogue. Cet ex-gérant d'une entreprise de tuyauterie en invalidité de 56 ans reste discret sur ses relations et conteste la place importante qu’on lui donne dans l’affaire.
"Les gens pensent que je suis le roi du port. Ce ne sont que des bavardages."
Louis Bellahcene, accusé
Le sixième accusé, Aziz Sallami, âgé de 29 ans est soupçonné de s'être ponctuellement allié à l'équipe. Il ne s'est pas présenté au procès et est considéré comme étant en cavale.
L'enquête avait débuté en janvier 2017, lorsque la police est mise sur la piste d'un trafic international de stupéfiants en provenance d'Amérique du Sud par un informateur. Une information judiciaire est ouverte, permettant des géolocalisations, des surveillances puis l'installation de micros dans les logements de l'équipe ciblée.