"Armée" de 18 masques par semaine et de son courage, Béatrice soigne des patients malades du coronavirus à domicile. Une situation irréelle pour cette infirmière libérale.
Béatrice Maillot se prépare avant chaque sortie comme un travailleur du nucléaire. Elle endosse une combinaison, protège chaque partie de son corps.
Je me suis déjà habillée comme ça à l'hôpital pour des patients très infectés mais jamais je n'aurais pensé à ça en ville. C'est assez angoissant, on ne matérialise pas le virus il faut vraiment faire attention à tout.
Béatrice peut recevoir 18 masques pour une semaine de travail, c'est la règle fixée par l'Etat. Pour pouvoir chaque jour être équipée, "le système D" a aussi aidé.
Des pharmaciens nous ont donné des tensiomètres, des thermomètres, du gel hydroalcoolique. Des concessionnaires de voiture ont remis des protections pour l'intérieur de nos voitures. Ma coiffeuse m'a donné des lingettes désinfectantes, ça fait chaud au cœur.
Les infirmières libérales ont organisé leurs visites. Ce sont elles qui prennent le relais de l'hôpital quand les patients atteints du virus retournent chez eux. Beaucoup sont seuls, certains sont devenus veufs ou veuves.
Ils ont besoin qu'on leur parle, qu'on les rassure. On ne passe pas cinq minutes avec eux. On ne peut pas les abandonner.
Quand je travaille, je ne pense pas. C'est quelquefois le soir quand je rentre chez moi. Je me dis que je pourrais contaminer mon fils ou mon mari. Ce sont les risques du métier.
Entretien de Danilo Commodi, Karima Saïdi. Montage : Cécile Garzena.