"DRACCAR" sera la première plateforme française de recherche dédiée à l'étude des effets des éoliennes sur la faune et la flore marine. Des universitaires et chercheurs normands vont pouvoir collecter des informations grâce à un grand mât de mesures en mer.
Parmi la douzaine de projets de parcs éoliens en mer en cours en France, deux le sont en Seine-Maritime, au large de Fécamp et de Dieppe-Le Tréport.
Leur déploiement va-t-il perturber la faune et la flore marine ? Pour protéger cette biodiversité, les universités de Caen et du Havre, l'INSA Rouen, l'Institut France énergies marines et la région Normandie ont lancé mardi 9 mai "DRACCAR", la première plateforme française de recherche dédiée à l'étude des effets des éoliennes offshore sur l'environnement.
Pour mieux comprendre, nous avons interrogé Herveline Gaboriau, directrice générale de France énergies marines.
Quel est l'objectif du projet ?
"L'objectif est d'équiper le mât de mesure à 13 km au large de Fécamp. La plateforme accueillera tout un panel de capteurs qui permettront d'obtenir des données en continu sur les compartiments biologiques de l'écosystème et sur les paramètres physiques du milieu. Cela nous permettra de développer un nouveau type d'observatoire qui pourra être ensuite dupliqué sur l'ensemble des parcs éoliens."
Qu'allez-vous observer ?
"Nous allons regarder les espèces qui fréquentent la zone et ce qu'elles viennent y faire. Nous développerons un suivi en continu des oiseaux, des poissons et de toute la vie au fond de l'eau, ce qui permettra de limiter le nombre de campagnes en mer en bateau, que ce soit pour observer ou pêcher.
Nous savions déjà mesurer l'impact de l'éolien sur la faune marine, mais l'idée est de mieux le faire à moindre coût. Cela permettra aussi d'avoir de la donnée pour obtenir des modèles de prédiction sur l'évolution de cette faune et de cette flore lors de l'installation d'un nouveau parc éolien."
6 thèmes de recherche sont définis
- "L’écosystème marin dans son ensemble afin d’étudier le cumul des impacts des activités anthropiques à l’échelle locale et à l’échelle de la façade maritime en développant des approches de modélisation numérique robustes avec une résolution spatio-temporelle affinée.
- La mégafaune marine - comprenant principalement les mammifères, les poissons et les oiseaux - pour caractériser la fréquentation de la zone et évaluer les effets associés.
- Les ressources halieutiques, le biofouling et les espèces vivant au fond de l’eau pour caractériser et mieux appréhender l’effet récif engendré par l’implantation en mer de structures pourvues de fondations.
- Le vent et ses paramètres physiques afin de développer de nouvelles méthodes de mesure et de modélisation de la turbulence éolienne.
- Le comportement de la structure pour une compréhension fine des interactions entre les courants, les états de mer et le mât, à l’image des phénomènes présents dans un parc.
- Les processus hydrosédimentaires pour qualifier la manière dont le mât de mesures peut influer sur la dynamique des fonds marins environnants, et inversement."
Cette plateforme Draccar est couplée à un programme de recherche et développement. L'ensemble est doté de 8,5 millions d'euros.