5000 tonnes, 50 mètres de haut : visite du chantier colossal des fondations d'éoliennes en mer au Havre

Sur le quai Bougainville au Havre (Seine-Maritime), s'élève le plus grand chantier au monde de construction de fondations d'éoliennes en mer. Les 71 colosses de béton seront bientôt tous prêts à partir au large de Fécamp.

On le voit des kilomètres à la ronde. "Une forêt de béton", comme de "grands pieds de parasol" c'est l'image que nous donne Nicolas Jestin, directeur de production pour Bouygues Travaux Publics.

Le plus grand chantier du monde de fondations d'éoliennes en mer (consortium Bouygues Travaux Publics, Saipem et Boskalis) a commencé il y a 2 ans dans la ville du maitre des constructions en béton Auguste Perret. 

Les chiffres sont exceptionnels :

  • 27 hectares de chantier
  • 71 fondations gravitaires
  • 50 mètres de haut 
  • 5000 tonnes chacune
  • 26 mètres de diamètre
  • Entre 600 et mille personnes sur le chantier

Il faut environ 6 mois pour construire une fondation, qui sera la base d'une éolienne en mer dont le mât culminera à 105 mètres (180 mètres avec les pales)

Comment construit-on une fondation d'éolienne ?

Le matériau est du béton armé et précontraint. Dans chaque étage de la paroi (que l'on appelle un voile dans le BTP), "des câbles sont enfilés et mis en tension" explique le directeur de production. Cela le renforce. 

Sur la partie qui émergera de la mer, de la peinture jaune est ajoutée pour la visibilité marine. La fondation est équipée d'une échelle de coupée,  d'une plate-forme au sommet pour permettre les opérations en mer. Il faut enfin réaliser l'intégration électrique. 

Pourquoi cette forme en sablier? 

La forme de coupe à l'envers a été retenue pour sa résistance: 

"C'est ce qui est le plus adapté pour optimiser les quantités de matière et pour résister aux efforts de l'environnement. On met le maximum de volume et de masse en pied là où l'effet de la houle est moins important et des structures plus fines en tête"

 

Qu'y a t-il à l'intérieur de la fondation ?

L'équipe de France 3 Baie de Seine a pu pénétrer dans une des fondations. L'intérieur en béton ressemble à celui des tours de refroidissement des centrales nucléaires. Il est entièrement vide mais resserré vers le sommet. 

Une fois en mer, sur son site d'implantation, au large de Fécamp, ce vide sera comblé :

"L'espace va être rempli de matériaux, du ballast pour assurer la stabilité et résister avec son poids à la houle et à l'effet du vent"

Sa masse totale sera alors de 10 000 tonnes. 

Comment la fondation est déplacée vers Fécamp?

 La fondation de 5000 tonnes est déplacée du site de chantier vers une barge. La manoeuvre dure une douzaine d'heures.

Le premier départ de l'estuaire de la Seine s'est déroulé le 30 juillet.

"La fondation est soulevée avec un grand portique ce qui permet de glisser en dessous le train multiroues, on la roule sur le pont d'une barge, des bras l'enserrent pour éviter qu'elle ne bouge"

Sur le site du futur parc éolien, le navire-grue Sleipnir  procéde à l'installation dans les fonds marins. 

 

Les 71 fondations devraient être toutes installées d'ici la fin de l'été. Elles sont implantées entre 13 et 22 kilomètres au large de Fécamp, sur une surface de 60 km².

La production d'électricité débutera en 2023. Ce parc doit fournir l’équivalent de la consommation de plus de 770 000 personnes. 

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