A un jour d'intervalle, une baleine et un baleineau se sont échoués sur la côte à Saint-Valéry-en-Caux et Veules-les-Roses. Ce n'est pas sans raison pour l'association de défense de l'environnement "Robin des bois". 71 fondations d'éoliennes sont fichées dans les fonds marins.
"Les échouages de balénoptères sont exceptionnels en Haute-Normandie", constate "Robin des Bois, une association expérimentée et documentée qui existe depuis 1985.
Les 19 et 20 avril, deux baleines sont mortes sur le rivage de la côte d'Albâtre. L'une adulte à Saint-Valéry-en-Caux, la seconde plus jeune à Veules-les-Roses. Pourquoi se sont-elles dirigées vers cette direction ?
Le chantier colossal des 71 fondations d'éoliennes en mer au large de Fécamp débuté en juillet 2022 perturbe t-il l'orientation des mammifères marins ?
Le 20 avril, l'association de défense de la vie marine "sea shepherd" alertait sur les effets des chantiers éoliens sur la faune, s'appuyant sur une étude américaine et des précédents dans le New Jersey, près de tels chantiers. Elle explique :
"Les baleines sont extrêmement sensibles au bruit qui les désoriente, les empêche de communiquer et de se nourrir et qui peut même aller jusqu’à causer des hémorragies internes et entrainer la mort."
Ce 27 avril, l'association "Robin des bois" a rendu public son message adressé au préfet de Seine-Maritime. Elle lui demande de lever les incertitudes et de prendre en compte l'échouage des deux baleines.
Du bruit et un dédale de 71 obstacles sous-marins pour les cétacés
L'association fait le lien avec le début d'un chantier sur une des fondations d'éoliennes déjà installée qui a été endommagée.
"Ces deux échouages se sont produits quelques jours après l’arrivée de la plateforme autoélévatrice Seajacks Kraken battant pavillon Panama sur le chantier de l’usine éolienne offshore EDF Renouvelables/Maple power/Skyborn (dite “parc éolien en mer de Fécamp”). La multiplication, la succession et la diversité des travaux offshore induisent forcément un vacarme sous-marin susceptible de perturber l’orientation, la communication et l’organisation sociale des cétacés. "
"Robin des bois" demande des suivis acoustiques pendant les travaux, et une étude sur les perturbations subies par les cétacés sur cette zone.
"S’il est connu que les aérogénérateurs perturbent le fonctionnement des radars fixes de l’Aviation civile, de la Défense nationale, de Météo-France et des ports et navigation maritime et fluviale, aucune étude n’est disponible sur les perturbations des communications et des écholocations des cétacés par l’implantation sur 67 km2 d’un labyrinthe de 71 fondations gravitaires massives"
L'association "Robin des bois" alerte depuis bientôt 40 ans sur la nuisance de "l’industrialisation de la mer, la course au gigantisme des navires et en particulier des porte-conteneurs".
Enlever la carcasse de 30 tonnes pour éviter les risques bactériologiques
La carcasse de la plus grande des deux baleines n'a pas pu être évacuée de la plage de Veules-les-Roses. La préfecture de Seine-Maritime a expliqué :
"La carcasse a été localisée à moins de 15 mètres du pied d’une falaise de 60 mètres de haut, dans une zone concernée par le recul du trait de côte présentant des risques de chutes de pierres et d’éboulements rocheux. Les vérifications ayant permis d’établir qu’il était impossible de la récupérer de manière sécurisée, sans en mettre en danger les acteurs intervenants, cette opération ne pourra pas se dérouler."
L'association "Robin des bois" demande que malgré les difficultés la baleine soit enlevée de la plage et autopsiée.
"Sa décomposition sur place induirait à terme des risques bactériologiques en particulier pour les usagers du littoral. D’autre part, si la carcasse était remobilisée par les prochaines grandes marées, elle provoquerait des risques pour la sécurité nautique et on ne peut pas exclure dans cette hypothèse que la carcasse ou des morceaux de la carcasse s’introduisent dans les canaux d’aspiration des eaux de refroidissement et dans les tambours filtrants des stations de pompage des centrales atomiques de Paluel et de Penly."
L'association "Sea shepherd" demande aussi des prélèvements qui permettront de comprendre les causes de la mort de ces deux animaux sur les côtes normandes.