L'une des 36 victimes de vol avec violence avait reconnu son agresseur dans la rue
Des personnes âgées prises pour cible
C'est sur la rive gauche de Rouen, entre le centre Saint-Sever et le jardin des plantes, que de nombreuses personnes âgées, essentiellement des femmes, ont été attaquées dans la rue ou au moment de monter dans un ascenseur. A chaque fois, un homme agressait violemment ses victimes pour leur arracher leur collier. Et parfois d'autres bijoux comme des broches ou des chaînes.D'autres agressions ont également eu lieu à Bois-Guillaume et à Déville-les-Rouen, avec à chaque fois, le même mode opératoire. Au total, entre avril 2016 et juillet 2016, ce sont 36 personnes qui ont été attaquées. Parmi elles, une Rouennaise de 69 ans, gravement blessée (elle souffre d'une fracture au niveau des vertèbres) a été hospitalisée pendant 13 jours, puis a été notifiée de 60 jours d'ITT.
Surveillance des rues
La brigade criminelle de la sûreté départementale est rapidement saisie de l'affaire en commençant par étudier les conditions de tous ces vols avec violence, avant de recouper les faits et de regrouper ces affaires selon le mode opératoire.Puis les policiers mettent en place des équipes de surveillance dans les secteurs où avaient eu lieu les agressions, notamment autour du jardin des plantes de Rouen. Mais s'agissant de "vols d'opportunité", il est difficile de savoir à quels moments de la journée il faut planquer…
Une victime reconnait son agresseur
En juin, l'enquête progresse après un nouvel arrachage de collier quand une victime va repérer puis reconnaître, 20 jours plus tard (le 22 juin), son agresseur qui marche dans la rue. Elle le suit et parvient à le prendre en photo avec son téléphone portable.Transmise à la brigade criminelle, cette photo permet aux enquêteurs d'identifier un homme déjà connu des services de police.
Quelques jours plus tard (le 28 juin) c'est cet homme qu'ils vont retrouver en garde à vue dans les geôles de l'hôtel de police de Rouen, arrêté quelques heures plus tôt lors d'un contrôle de routine de la BAC (Brigade Anti Criminalité). Il a été trouvé en possession d'un appareil paralyseur à impulsions électriques et d'un coup de poing américain. L'homme, originaire de Tunisie, est en situation irrégulière.
Une enquête minutieuse
En parallèle de l'affaire de port d'armes prohibées pour laquelle cet individu a été arrêté, la brigade criminelle s'intéresse à lui et découvre qu'il a deux identités… La fausse est vite démasquée et la vraie permet de savoir qu'il s'agit d'un Tunisien âgé de 22 ans habitant Rouen.Le suspect est ensuite placé en rétention administrative du 28 juin au 5 juillet, date à laquelle il doit être présenté à un juge de la liberté et de la détention. Mais le jour de l'audience il parvient à s'enfuir et disparaît dans la nature…
Il n'est retrouvé que le 13 juillet. Il est alors à nouveau placé en rétention administrative, puis incarcéré le 12 août, libérable le 20 octobre.
Pendant tout l'été, les hommes de la crim' vont donc devoir réaliser un travail minutieux pour rassembler, avant le 20 octobre, toutes les preuves contre celui qu'ils soupçonnent d'être l'auteur de la série de vols violents de bijoux. Des centaines de communications téléphoniques sont ainsi écoutées et analysées.
Présenté à la Justice
Et c'est finalement cette semaine, le 19 octobre, que le suspect est extrait de sa cellule de la maison d'arrêt de Rouen et placé en gardé à vue pour l'affaire des 36 vols avec violence. Il ne reconnait pas les faits. Sa garde à vue est prolongée.Il a été déféré ce vendredi matin et une information judiciaire devrait être ouverte pour vols avec violences sur personnes vulnérables.