Orque et béluga dans la Seine : pourquoi les cétacés s'aventurent dans le fleuve ?

D'abord un orque, puis un béluga. En l'espace de trois mois, deux cétacés se sont aventurés dans la Seine, bien loin de leur milieu habituel. Le phénomène est-il vraiment inédit ? Pourrait-il devenir plus fréquent ? Explications.

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Après un orque en mai dernier, c'est cette fois-ci un béluga qui a été identifié dans la Seine mardi 2 août. Affaibli, "extrêmement amaigri", tous les moyens sont mis en place pour que le mammifère marin ne connaisse pas le même sort que l'orque, qui n'avait pas pu être sauvé. 

Mais la présence du béluga pose question. C'est en effet la troisième fois en trois mois qu'un cétacé se perd dans le fleuve. Comment un béluga, qui évolue habituellement dans les eaux arctiques du Québec, a pu se retrouver piégé dans la Seine ?

La pollution sonore maritime responsable ?

Selon Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France, "on soupçonne en premier lieu la pollution sonore. Les humains ont souvent tendance à sous-estimer la pollution sonore maritime. Les cétacés ont un sonar pour se déplacer et communiquer les uns avec les autres. C'est un élément essentiel à leur survie. Or, la pollution sonore les désorientent et dans le pire des cas, ça peut leur créer des lésions, des hémorragies internes..."

La président de l'ONG dénonce la pollution sonore de l'estuaire du Havre avec un trafic maritime intense. "Il y a également la construction d'un parc éolien au larges de Courseulles-sur-Mer. On sait que ces chantiers sont extrêmement bruyants."

On craint que le déploiement des projets de parcs éoliens en mer sur le littoral français, notamment sur des espaces protégés, ait des conséquences catastrophiques sur la vie marine.

Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France

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Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepered France ©France Télévisions

Un avis que ne partage pas Gérard Mauger, vice-président du groupe d'études des cétacés du Cotentin (GECC). "Pour l'instant nous n'avons aucune hypothèse pour expliquer ce phénomène. On est sur la loi des séries." 

Leur présence n'a probablement rien à voir avec la Seine. Les deux animaux étaient malades depuis longtemps avant d'arriver. Les éoliennes ne doivent pas y être pour grand chose.

Gérard Mauger, vice-président du GECC

Ce lundi 8 août, le béluga est dans un état stationnaire. Sea Sheperd n'observe "pas de dégradation de son état. Il reste alerte mais ne mange toujours pas", a indiqué à l'AFP la présidente de Sea Sheperd France, Lamya Essemlali. Le cétacé, habitué des eaux froides et dont la présence dans ce fleuve est exceptionnelle, se trouve toujours dans l'écluse de Saint-Pierre-La-Garenne, dans l'Eure. Plusieurs tentatives pour nourrir l'animal, "très amaigri" selon la préfecture, ont été faites ces derniers jours.

Un phénomène qui n'est pas nouveau

Dans un communiqué, l'observatoire des mammifères et oiseaux marins Pelagis, chargé de l'expertise du béluga, assure qu'il n'y a "aucune hypothèse pour le moment concernant la présence de ces cétacés dans la Seine depuis 3 mois."

Ces cas d’errance restent inhabituels et inexpliqués, avec probablement des raisons multiples comme l’état de santé, l’âge, l’isolement social, les conditions environnementales, etc.

Pelagis

"Par le passé, il y a eu d’autres observations, souvent des espèces plus communes sur nos côtes et à des époques où la pression des médias et des réseaux sociaux était moindre."

En effet, de nombreuses espèces de mammifères marins loin de leur habitat primaire avaient déjà été signalées en France et notamment des espèces polaires telles que le morse, le phoque de Groenland, le phoque barbu ou la baleine franche du Groenland. Un narval (même famille que le béluga) a également été retrouvé mort près d’une écluse dans l’Escaut en Belgique en 2016.

Il s’agit du second béluga connu en France puisqu’en 1948 un pêcheur de l’estuaire de la Loire en avait remonté un dans ses filets. En 1966, un autre individu avait remonté le Rhin jusqu’en Allemagne et avait ensuite été perdu de vue lors de son retour vers la mer du Nord.

Plus récemment en 2018, un béluga était resté 3 mois dans l’estuaire de la Tamise en Angleterre avant de disparaitre également. 

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