Découvert au pied du pont de Normandie le 16 mai 2022, le mammifère marin avait remonté la Seine sur plusieurs dizaines de kilomètres avant de mourir. Les premiers résultats des examens de l'orque sont connus.
L'animal avait été vu remonter la Seine. D'abord au pied du pont de Normandie par les marins de la vedette de sondage des pilotes de Seine, puis par les observateurs spécialisés de plusieurs associations. L'orque, isolé, était mal en point avant de mourir le 30 mai 2022.
Récupéré et ramené à terre, le cadavre de l'orque a fait l'objet d'une "nécropsie" par une équipe de vétérinaires. Lors des examens, de nombreux prélèvements ont été faits et envoyés dans différents laboratoires pour y être analysés.
De son côté, le muséum national d'Histoire naturelle prenait la carcasse de l'orque pour en récupérer le squelette afin de l'intégrer et dans ses collections.
Premiers résultats
Le 6 juillet 2022, dans un communiqué, la préfecture de la Seine-Maritime indiquait que les premiers résultats des analyses et de la "nécropsie" étaient connus. On apprend ainsi que :
- l’orque était une femelle immature de 4,26 mètres et de 1100 kg, qui présentait une mauvaise condition physique
- son estomac était vide à l’exception de quelques griffes et vibrisses de phoque retrouvées, confirmant qu’elle ne s’était pas alimentée récemment
- les analyses histologiques (menées sur les différents organes) ont démontré l’absence de lésions microscopiques significatives et d’inflammation ou d’infection systémique (c’est à dire d’affection globale, qui pourrait expliquer en soi la cause de la mort du cétacé)
- les examens et analyses menés n’ont pas confirmé le diagnostic initialement envisagé de mucormycose2. Ils ont mis en avant la présence de Saprolegnia sp. sur la peau de l’animal (il s’agit d’un champignon commun présent en eau douce, qui ne peut être à l’origine du décès de l’animal)
Une balle à la base du crâne
On apprend que lors du nettoyage final des chairs du squelette par les équipes scientifiques du muséum d'histoire naturelle, une munition a été identifiée dans les tissus, à la base du crâne de l’animal.
Selon la préfecture "il n’est pas possible, compte tenu des éléments matériels disponibles, de dater le moment où la balle a pénétré le corps de l’animal. Aucune certitude ne peut être tirée à ce stade de cette découverte, compte tenu du fait qu’aucune lésion sur les os environnants n’a été identifiée, mais également du fait que lors de l’examen post-mortem, cette région corporelle ne présentait pas de signes de traumatisme. Il peut par conséquent s’agir d’une blessure subie par l’animal quelques semaines, voire plusieurs mois auparavant. La découverte de cette munition a été portée à la connaissance du procureur de la République de Rouen, qui déterminera les suites qu’il souhaite y donner."
Plainte de Sea Shepherd
L'ONG internationale de défense des océans, très active dans "les cas d'atteintes illégales à la vie marine et aux écosystèmes marins" a réagi à la publication des premières analyses de la nécropsie de l'orque morte en Seine-Maritime. Sur Twitter, Sea Shepherd France annonce déposer plainte contre X pour "tentative de destruction d'espèce protégée."
Après la mort de l'orque, l'ONG Sea Shepherd avait critiqué la façon dont les opérations d'observation et d'assistance avaient été organisées : " trop peu a été fait, trop tard (…) Vétérinaires et cétologues, français et internationaux avec qui nous sommes entrés en contact ces derniers jours ont assisté impuissants à ce qui se passait, effarés que rien n’ait été entrepris dès que l’orque a été signalée dans la Seine."
L'ONG a ensuite baptisé l'orque morte du nom de "Sedna" (comme la déesse de la mer) et annonce que, désormais, tous ses "travaux à venir en lien avec des cétologues pour venir en aide aux cétacés en détresse dans nos fleuves ou sur nos plages porteront le nom d’Opération Sedna".
"Mort d'inanition"
De quoi est morte cette orque présente dans la Seine ? Pour le savoir il faudra attendre le résultats d'analyses en cours qui permettront de déterminer si le cétacé a été victime d'un traumatisme sonore, et de connaître la date de son dernier repas.
En attendant, et selon les résultats des premières analyses, la préfecture de la Seine-Maritime indique que "si la cause exacte du décès n’est pas connue, les éléments recueillis indiquent que sa mort n’est pas directement liée à son passage dans la Seine."
Toujours selon la préfecture, les premiers résultats "amènent à privilégier l’hypothèse selon laquelle l’animal est mort d’inanition (état de faiblesse causé par le fait que l’animal ait cessé de s’alimenter), sans que l’origine ne puisse en être connue avec certitude."
Une des hypothèses envisagées, parfois observée chez les mammifères marins, est celle de l’isolement de l’animal, qui habituellement évolue et chasse en groupe."