Depuis plusieurs jours, une orque a élu domicile entre Honfleur et Tancarville. Pilotes de Seine et pêcheurs ont pu prendre le mammifère en photo et vidéo. En avril, un autre cétacé a été vu dans la Manche. Comment expliquer la présence de cet animal en Normandie ?
C’est un spectacle impressionnant auquel ont assisté plusieurs pêcheurs et pilotes de bateaux sur la Seine mais également dans le Cotentin. Des pilotes de Seine avaient aperçu une orque remontant la Seine en début de semaine. Ce mercredi, le patron du bateau « La Macareux » a réussi à filmer le cétacé long de 4 à 5 mètres.
L'animal avait été aperçu lundi devant le phare de Tancarville mais personne n’était parvenu à le prendre en photo. Mercredi matin Christophe Carval le patron du bateau Le Macareux et son mécanicien Yann Lefaix ont réussi à prendre des photos et vidéos de l’orque.« Il était en train de chasser le long de la digue. De toute ma carrière, c’est la première fois que j’en vois un, je suis plutôt habitué à voir des phoques » explique Christophe Carval.
La présence de phoques dans la Seine peut expliquer l’arrivée de cette orque. Cet incroyable prédateur se nourrit de viande principalement d’oiseaux et de phoques. Pour l’association du CHENE d’Allouville Belfosse, cette découverte est plutôt une bonne nouvelle : « On trouve que c’est bien car le phoque a de nouveau des prédateurs. Est-ce une installation qui va durer ? Y aura-t-il d’autres orques ? En général, ces mammifères vivent en groupe, on peut donc s’attendre à en voir d’autres prochainement. A ma connaissance, il y a déjà eu des observations de faites mais je ne peux pas vous dire à quelle année cela remonte. » précise Laure Prévost soigneuse au C.H.E.N.E
Un phoque filmé dans le Calvados en avril
Début avril, un bateau de pêche a filmé une orque aux environs au large de Grandcamp-Maisy (Calvados). Le propriétaire du bateau Clément Thomas avait filmé la rencontre et l’a partagée sur son compte Facebook. Pendant une vingtaine de minutes, le cétacé est resté à une centaine de mètres du bateau.
Christophe Carval a vu cette vidéo mais selon lui ce ne serait pas le même animal qu’il a filmé : " Apparemment selon les commentaires sur la vidéo partagée sur Facebook il ne s’agirait pas de la même orque car celle qui se trouve en baie de Seine a l’aileron couché contrairement à celui de la Manche qui serait plus droit."
L’observation de l’aileron dorsal permet de déterminer le sexe du mammifère. Chez le mâle, il est plus grand et peut mesurer jusqu’à 2 mètres de haut. Il a une forme triangulaire, avec des courbes peu prononcées. Chez la femelle, l’aileron est plus petit et falciforme. Cela signifie qu’il adopte les lignes courbes d’une faucille.
Comme tous les mammifères marins, l’orque peut être dangereuse pour l’homme. Le Groupe d'études des cétacés du Cotentin (GECC) et l'application OBSenMER permettent aux professionnels de la mer ou aux plaisanciers de faire part de leurs observations d'animaux marins, pour faire progresser la connaissance des océans. N’hésitez pas à envoyer vos clichés ou vidéos si vous croisez prochainement une orque en Normandie.
Selon Gérard Mauger, fondateur du GECC on trouve habituellement, les groupements d’orques en Ecosse, en Islande, en Norvège ou encore dans le Golfe de Gascogne. Ils pourraient utiliser la Manche comme couloir de déplacement entre la mer du Nord et l’Atlantique.