L'association 40 millions d'automobilistes compte déposer un recours contre les péages à flux libre. La raison : les automobilistes seraient piégés par ces autoroutes payants mais sans barrières de péage.
Circuler librement sur autoroute sans s'arrêter aux barrières de péages : l'idée est séduisante. Moins de freinages et d'accélérations donc de pollution, suppression des éventuels bouchons les jours de forte circulation, gain de temps, le concept présente de nombreux avantages en termes de fluidification du trafic.
Les péages "en flux libre", sans barrières, sont en test sur l'A79, entre l'Allier et la Saône-et-Loire. Ils ont vocation à être déployés ailleurs en France. En 2024, l'A13 et l'A14, les autoroutes Paris-Normandie, doivent passer à la nouvelle formule.
Des automobilistes se sentent piégés, voire arnaqués
En théorie, la nouveauté semble présenter de nombreux atouts. En pratique, en revanche, les couacs s'amoncellent et le standard de 40 Millions d'automobilistes surchauffe. L'association de défense des usagers de la route a recensé près d'une centaine de témoignages de conducteurs mécontents, et s'apprête à déposer un recours en justice pour interdire ces autoroutes en flux libre.
Pour Pierre Chasseray, son président, le concept est compliqué à comprendre pour les automobilistes les plus âgés, et de nature à tromper même les conducteurs les plus avertis. "Soit on enlève les barrières et on applique ces flux libres sur toutes les autoroutes de France, en faisant une grande campagne de communication dans les médias pour que ça rentre dans les mœurs, soit on ne le fait pas du tout, peste-t-il. Là, ça touche quelques sections d'une autoroute au centre de la France, et la plupart des gens ne sont même pas au courant. Du côté de Nice ou de Marseille, on n'en parle pas. Le gars qui remonte dans sa famille en décembre, il va se faire prendre".
40 millions d'automobilistes réclament de la clarté
Deux éléments reviennent régulièrement dans les témoignages d'automobilistes mécontents : le manque d'informations au moment de pénétrer sur ces autoroutes sans barrières de péage, et la complexité des paiements. Il faut, en effet, soit avoir un badge, soit créer un compte en ligne, soit s'arrêter sur une aire de services pour s'acquitter du paiement sur une borne dédiée.
Les conducteurs croient à des arnaques quand ils reçoivent les courriers de facturation envoyés par des gestionnaires d'autoroute. La facture que l'on reçoit, c'est quelques euros, mais ils pensaient prendre une autoroute gratuite. Pour nous, c'est clair, ils ont été lésés.
Pierre Chasseray, président de 40 millions d'automobilistes
L'association réclame surtout davantage de clarté. "En France, la norme, c'est la barrière de péage, c'est ce qui nous fait comprendre que l'on doit payer. Là, il n'y a plus rien. On peut aussi changer de système et faire comme en Suisse par exemple, où il faut une vignette pour payer les autoroutes. Mais on ne peut pas avoir différentes façons de faire".
Le recours en justice devrait être déposé dans les prochains jours par Jean-Baptiste Iosca, avocat de 40 millions d'automobilistes.