A Saint-Martin-du-Vivier, près de Rouen, un projet d’aire de grand passage fait bondir les élus

La Plaine de la Ronce, zone d’activité économique, située sur le plateau nord de la Métropole Rouen Normandie, pourrait prochainement accueillir une aire de grand passage pour les gens du voyage. Au grand dam des maires de Saint-Martin-du-Vivier et d’Isneauville.

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Gilbert Merlin et Pierre Peltier ne décolèrent pas. « Nous n’avons absolument pas été concertés. C’est un manque de respect  vis-à-vis des élus que nous sommes » lance le maire de Saint-Martin-du-Vivier. « J’ai même eu Nicolas Mayer Rossignol, le président de la Métropole, au téléphone. Il m’a dit que ce choix devait être réalisé au plus vite. Sinon, la Préfecture allait s’en mêler ».

Un changement de vocation ?

Or pour Gilbert Merlin, à sa création, la Plaine de la Ronce n’avait pas cette vocation : « Nous avons cédé ces terrains pour en faire une zone économique tertiaire, qui devait permettre de créer 4000 emplois. Cette aire de grand passage ne faisait pas du tout partie du projet. Cela va mettre un coup de frein au développement du parc d’activités. Ce n’est ni respectueux des entreprises déjà installées, ni des investissements réalisés par la Région et les collectivités locales ».

 

 

Sans compter d’après le maire de Saint-Martin-du-Vivier, la difficulté « de gérer l’arrivée brutale de l’équivalent du tiers de ma population ». D’après le dernier recensement, sa commune compte 1706 habitants. Or, d’après ses calculs, si 120 caravanes et 250 voitures s’installent sur cette aire de grand passage, cela représente entre 500 et 600 personnes supplémentaires.

« Il y aura des gens tout le temps » s’inquiète Pierre Peltier

De son côté, Pierre Peltier, le maire d’Isneauville, commune de 3315 habitants assure : « On ne peut pas dire que ce sera une aire de passage, utilisée seulement 3 ou 4 fois par an. Depuis plusieurs années, des gens du voyage s’installent déjà ici, en se garant sur les trottoirs de la Plaine de la Ronce. Si demain, une aire est officiellement créée, il y aura des gens tout le temps.»

Le premier édile s’inquiète par avance des mouvements de circulation qu’un tel projet engendrera. Tout comme « les branchements pirates d’eau et d’électricité et les déchets qui vont traîner partout ».

Une obligation depuis 2000

Depuis 2000 et la loi Besson relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage, chaque département doit adopter un schéma fixant des secteurs géographiques où seront implantés par les communes des aires permanentes d’accueil, des terrains familiaux locatifs et des aires de grand passage. 

Ces aires de grand passage sont prévues pour des stationnements de courte durée, dans le cadre des grands rassemblements, notamment religieux, des gens du voyage entre avril et septembre. Leur capacité maximum d’accueil est de 200 caravanes.

Depuis le premier schéma départemental d’accueil et d’habitat des gens du voyage mis en place par la Seine-Maritime en 2003, l’installation d’une aire de grand passage est prévue dans l’arrondissement de Rouen. Mais aucune n’a été implantée à ce jour. La Métropole Rouen Normandie veut donc aujourd’hui accélérer le calendrier.

 

C’est une obligation légale. C’était dans l’ordre des choses. Je comprends les élus locaux. Mais ce projet a déjà été évoqué lors de la précédente mandature. 

Vincent Perrot, directeur général adjoint "Territoires et proximité " à la Métropole Rouen Normandie.

 

Et Vincent Perrot se veut rassurant. « Entre avril et septembre, au maximum ces dernières années, il y a eu 6 grands rassemblements de gens du voyage, sous l’égide d’un pasteur. Seuls 3 sont passés par la Normandie. Chaque fois, le même groupe reste 15 jours. »

 

La Plaine de la Ronce, seul emplacement possible ?

Reste la question de l’emplacement de cette aire. Avant, précise Vincent Perrot : à Rouen, les gens du voyage s’installaient sur l’esplanade Saint-Gervais ou à l’hippodrome des Bruyères. Mais ces deux sites sont désormais pris par d’autres projets. Un terrain à Tourville-la-Rivière a également pu être utilisé mais son accès reste plus difficile d’après le responsable de la Métropole.

« Ce terrain paraît le plus propice pour être aménagé » assure-t-il. « La Préfecture estime qu’il  regroupe un maximum de critères en étant notamment situé à proximité d’une desserte autoroutière et de commerces ». Mais ensuite, il y aura une discussion politique laisse-t-il entendre.

Et Pierre Peltier d’ajouter que de nombreuses familles sont venues s’installer dans sa commune sur cette zone car la Plaine de la Ronce était présentée comme un futur pôle d’excellence. « Les gens du voyage sont des familles qu’il nous faut respecter. Mais il y a suffisamment dans la métropole de friches à réhabiliter pour trouver d’autres solutions ».

D’après un rapport d’information du Sénat en 2015, seules 29% des aires de grand passage inscrites dans les schémas des départements avaient été réalisées à cette date.

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