Face à la pandémie, le pôle mère-enfant du CHU de Rouen doit relever plusieurs challenges. Suivre des règles sanitaires strictes tout en maintenant des relations entre les soignants, les enfants malades et leurs familles. Il faut aussi inciter les malades hors-covid à revenir se faire soigner.
Suivre les règles sanitaires strictes imposées à l'hôpital en cette période de confinement, impose de mettre des distances physiques entre les soignants, les patients et leurs familles. Une distance qui, après 4 semaines de mise en pratique, peut avoir des répercussions psychologiques importantes.
Les enfants ou les nourrissons hospitalisés, éloignés de leurs familles sont particulièrement touchés. Au CHU de Rouen, on tente, tant que faire se peut, de maintenir ce minimum de relations humaines nécessaires. C'est l'un des aspects auquel veille le personnel médical.
L'autre inquiétude, c'est l'absence de nombreux malades hors-covid qui viennent habituellement recevoir des soins au CHU. La crainte du Coronavirus les a éloignés de leurs soignants. C'est la raison pour laquelle, l'établissement universitaire de santé rappelle que les pathologies sévères sont toujours prises en charge (AVC, crises cardiaques, maladies chroniques sévères) et qu'il est important de se soigner. De la même façon, le CHU remet en place certains services de soins non urgents. L'objectif est de permettre à ces patients de trouver une réponse adaptée à leur situation.
Ce sont les mots du professeur Stéphane Marret, pédiatre, chef du pôle mère-enfant du CHU de Rouen et par ailleurs, chef du service de néonatologie et de neuropédiatrie.Il est impératif que l'on revienne à une situation sinon normale, du moins... intermédiaire.
Les règles sanitaires strictes imposées ces dernières semaines dans cet établissement de santé ont fait leurs preuves. Mais après l'urgence de leur mise en place, il est important maintenant d'avoir une approche un peu plus psychologique. Il faut garder un contact avec chacun, veiller aux liens parents-enfants tout en maintenant de la distance physique et sanitaire.
Plus que jamais, le professeur rouennais tient à concilier ces différents impératifs.
Il faut dire que la situation actuelle a créé des scènes inédites et parfois rocambolesques.
Au service néonatologie qui accueille une cinquantaine de nouveau-nés malades, le professeur Marret nous explique le nouveau fonctionnement.
Des visites très encadrées
"On a dû diminuer le nombre de personnes présentes en même temps, dans notre service. Certes, les visites des parents restent autorisées et cela à toute heure de la journée ou de la nuit mais l’accès aux chambres est limité à un seul parent à la fois. Des visites alternées qui, par ailleurs, se font dans des durées de temps limitées"."En pédiatrie, nous avons facilité l'accès au Wifi de façon à permettre aux jeunes malades de rester en contact avec leurs parents avec des tablettes numériques".C’est quelque chose de difficile à vivre pour les parents et les enfants, mais nous devons le faire pour les protéger et protéger aussi notre personnel.
Des pères qui assistent en express aux accouchements
A la maternité du CHU de Rouen, tout est fait là-aussi pour que le moins de monde circule ou reste dans le service. On tente tant bien que mal à prendre en compte l'aspect humain.
Pour ce qui est des pères, leur présence aux accouchements est toujours acceptée mais elle est très limitée dans le temps". Un temps record même pourrions-nous dire.Lorsque leur état de santé le permet, les femmes qui accouchent restent uniquement le strict temps nécessaire à l'hôpital. Elles retournent chez elles assez rapidement.
Certaines de ces situations inédites dictées par des mesures sanitaires draconiennes devraient évoluer cette semaine nous dit le professeur. «Nous devons parvenir à une situation intermédiaire ».Le personnel médical vient chercher les pères au dernier moment. Juste au moment où la mère est sur le point d’accoucher et on leur demande de partir tout de suite après.
Une situation plus humaine serions-nous tenté de dire.
Renouer avec les soins
Le coronavirus a aussi éloigné des malades hors-covid qui ont besoin de soins. On peut même parler de fuite des malades tant les cabinets de médecins se sont vidés en quelques semaines par peur de la contagion.Après 4 semaines de confinement, les patients qui se sont éloignés de leurs médecins doivent revenir les consulter. A l'hôpital ou dans les cabinets de villes.
"C'est impératif que les soins reprennent", s'alarme le professeur Marret. "Au CHU, nous avons même pris les devants dans certains cas. Certains praticiens de santé vont aller à la rencontre de leurs malades".
Et le professeur Marret de donner en exemple d'une douzaine de jeunes autistes suivis habituellement au CHU de Rouen.
Les enfants souffrant de handicap doivent aussi revenir en toute confiance pour recevoir leurs soins prodigués au CHU.On se réorganise pour reprendre une partie de l'activité. Sous conditions d'hygiène bien sûr. Nous avons mis en place un service ambulatoire avec des rééducateurs qui vont aller à la rencontre de ces enfants autistes.
Des parcours ont été mis en place à l'hôpital pour éviter les rencontres entre patients.