Ce que l'on sait sur le projet d'usine de carburants pour avions, près de Rouen

Une usine de production de carburants de synthèse pour avions doit voir le jour à Petit-Couronne. On ne connaît que très peu de détails sur ce projet. Quel intérêt écologique ? Quels risques industriels et sanitaires ? Beaucoup de questions se posent…

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Nom de code : DéZIR. C’est ainsi que le projet « d’usine de production de carburant de synthèse dans l’agglomération de Rouen » est surnommé. On a l’intitulé, mais qu’y a-t-il dans le dossier ? Quelques éléments de réponses, et surtout beaucoup de questions…

Que sait-on du projet DéZIR ?

Ce projet est mené par la société Verso Energy ainsi que RTE (gestionnaire du Réseau de Transport d’Electricité français). Il consiste en la construction dans la zone industrialo-portuaire de Petit-Couronne (Seine-Maritime) d’une usine de production d’un carburant de synthèse appelé e-SAF (electro-Sustainable Aviation Fuel).

L'e-SAF ? Un carburant pour l’aviation produit à partir d’électricité renouvelable ou à faible teneur en carbone. Ses défenseurs assurent qu’il « permet de réduire de 90 % l'empreinte de carbone ».

Le projet se divise en deux sites. Une usine de captage de CO2, installée à Alizay (Eure) et le site de Petit-Couronne où l’on retrouverait « les unités de production d’hydrogène bas carbone et renouvelable, de méthanol et de transformation de méthanol en e-SAF ».

Ce fameux e-SAF serait donc fabriqué d’une part à partir du dioxyde de carbone émis par la chaudière à biomasse de la papeterie d’Alizay pour être acheminé à Petit-Couronne, et d’autre part à partir d’hydrogène produit sur place par électrolyse de l’eau puisée dans la Seine.

À quelle phase du projet en est-on ?

La Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a été saisie. C’est l’application du code de l’environnement : une « concertation préalable » doit être menée. Elle pourrait se tenir dans les premiers mois de 2025.

On sait d’ores et déjà que la CNDP a contacté divers organismes ou collectivités, comme la Métropole de Rouen Normandie, ou encore plusieurs associations comme Rouen Respire, Effet de Serre Toi-même (ESTM) ou France Nature Environnement (FNE), afin de « bénéficier de leur éclairage et recueillir leurs attentes et leurs suggestions ».

Et la suite ? Le 22 novembre 2023, Haropa Port et Verso Energy avait conclu une convention en vue de l’implantation d’une unité de production. Il était alors évoqué une mise en service d’ici 2029.

Emplois, coût, taille… En chiffres, ça représente quoi ?

La plupart des informations connues à ce jour sont consultables sur le site de la CNDP. Selon cette page, le coût estimatif du projet est d’1,3 milliards d’euros. Les unités, décrites plus hauts, seront réparties sur deux sites distants de 13 kilomètres, et sur une surface totale de 20 hectares.

En termes de recrutement, la création de 150 emplois directs et de 250 emplois indirects a été mentionnée lors de la signature de la convention avec Haropa Port. Mais ce communiqué de 2023 est à prendre avec des pincettes. La plupart des chiffres évoqués alors ont évolué, en une petite année (le montant d’investissement était alors de 500 millions d’euros).

Objectif du projet selon ses responsables : « Participer à la décarbonation du secteur de l’aviation en produisant 81 000 tonnes d’e-SAF par an et relier les deux aéroports parisiens (Paris Charles-de-Gaulle et Paris Orly) via le système de canalisations existant pour le carburant aérien ».

C’est ce que promet Verso Energy sur le site internet de la CNDP. La société « ne peut pas donner plus d’informations que ce qui figure sur le site », écrit-elle dans un mail, évoquant une possible conférence de presse à la fin de l’année.

Risque industriel, intérêt écologique… qu’en pensent les associations environnementales ?

En revanche, plusieurs associations sollicitées par la CNDP ont accepté de nous répondre. Guillaume Grima (Association Effet de Serre Toi-même) tient d’abord à souligner la qualité de la démarche de concertation. « C’est très rare, voire la première fois que ça arrive », concède-t-il.

Mais pour l’heure, difficile de se prononcer « sur le fond », en l’absence d’une publication technique (prévue également pour début 2025). Alors Guillaume Grima se pose, lui aussi, beaucoup de questions. « De quel rejet parle-t-on, lors du processus industriel ? Quid du transport des matières premières ? Comment le site sera-t-il exploité ? Quel impact pour l’eau, l’air, la terre, et la santé des habitants ? »

Guillaume Grima promet d’être « éminemment pointilleux et vigilant ». « On sait aujourd’hui que l’electrolyse de l’eau génère un mauvais rendement énergétique », explique-t-il. En revanche, il ne donne pas d’avis sur le e-SAF qui sera produit. « Est-ce qu’il présente des qualités techniques qui sont bonnes ? Je n’en sais rien. »

Pierre-Emmanuel Brunet de Rouen respire faut preuve de la même prudence quand à la « pertinence écologique » du projet. Pour le président de l’association Rouen Respire, il n’est pas question « d’accueilir des projets qui vont polluer. Si pollution il y a, il faut qu’elle soit maitrisée et traitée ».

Quant à la localisation du site, à la limite de Petit-Couronne et Grand-Quevilly, Pierre-Emmanuel Brunet est dubitatif : « il y a déjà beaucoup de site pétrochimique et Seveso. Cela va rajouter des risques. »

Son association a transmis à la CNDP plusieurs propositions, dont celles de créer un corps d’inspecteur de contrôle de site industriel, « un peu comme le contrôle technique pour les automobiles ». Il promet de « suivre le dossier de près »…

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