L’institut de sondage IFOP a publié une enquête sur la charge mentale estivale et le stress de la rentrée. Après l’analyse des réponses des couples interrogés, il ressort que les femmes rentrent de vacances plus fatiguées et stressées que les hommes. Ça vous étonne ?
À peine de retour à la maison, il faut déjà penser à la rentrée et à son lot d’organisations : achat de fournitures scolaires, activités des enfants, moyens de garde…. Les sujets de préoccupations sont nombreux et selon cette étude Ifop, elles concernent en majorité les femmes. "La charge mentale, c'est penser à tout, tout le temps, et elle m'incombe complètement pour les histoires d'emplois du temps !" s'amuse Agnès, rouennaise de 48 ans, maman d'une petite fille qui trépigne déjà à l'idée de reprendre ses activités, et le chemin de l'école.
Cette enquête de l'IFOP sur la charge mentale estivale et le stress de la rentrée a été menée auprès de 2000 personnes, pour le site Bons plans Voyages New-York. Elle montre que les femmes rentrent de vacances plus fatiguées que les hommes, et qu’elles assument davantage les tâches liées à la rentrée. "Pour la rentrée, c'est flagrant. Hier je suis partie plus tôt du bureau pour récupérer ma fille, et l'emmener acheter ses fournitures scolaires. C'est la période aussi où l'on doit gérer les activités, aller inscrire nos enfants, c'est le moment charnière qu'il ne faut pas rater" poursuit la mère de famille.
Des vacances moins reposantes pour les femmes
70% des femmes achèvent leurs congés beaucoup plus fatiguées que les hommes (57%) Les femmes en couple se disent plus « stressées » (53%) que les hommes (39%).
L'organisation des vacances, c'est moi aussi, j'organise tout le circuit, et mon mari achète les billets d'avion. Mais ce qui prend du temps et de l'énergie, c'est l'organisation. Mon cerveau n'est jamais au repos!
Agnès, rouennaise de 48 ans, une enfant de 8 ans
Leurs conjoints sont parfaitement conscients de cette situation ! Parmi les couples partis avec leurs enfants, les hommes sont deux fois plus nombreux (56%) que les femmes (28%) à reconnaître qu’ils se sont plus reposé que leur conjointe durant les vacances.
Cette fatigue féminine est liée au fait que les femmes ont assumé beaucoup plus de travail domestique : 53% déclarent s’être plus chargées des tâches du foyer que leur conjoint : 39% en ont fait « à peu près autant » 8% « moins » que lui.
Elles font tout sauf le barbecue !
La surcharge féminine se retrouve dans toutes les tâches liées à la gestion du séjour : le lavage du linge et la préparation du plat principal sont majoritairement effectués par les femmes. Seule exception : la cuisson au barbecue qui reste l’apanage des hommes. Une exception qui vient confirmer la théorie de Sandrine Rousseau.
Mais attention à la caricature ! À force d'assigner des rôles à chacun, on s'installe confortablement dans les clichés. "Je suis l'organisatrice au quotidien, celle qui prévoit, en revanche les courses et les repas sont gérés par mon mari, et il le fait de bonne grâce !" précise Agnès.
Mais c’est chez les couples avec enfants que l’inégale répartition des tâches parentales est la plus criante : les femmes se chargent plus des valises (71% contre 12% des pères), du linge (72% contre 13%), de préparer des repas en cas d’activités (53% contre 17%).
La différence de stress entre les sexes est aussi à mettre en perspective avec les « soucis de la rentrée » : le retour à la vie quotidienne et à ses problèmes est une source de préoccupation plus lourde pour la gent féminine (60%) que masculine (47%)
L’essentiel des tâches liées au retour à la vie quotidienne est géré par les femmes : la gestion de la valise du retour est réalisée par 65% des femmes. Le nettoyage du linge par 74%. L’achat des fournitures scolaires par 64%.
Mais ce stress est aussi à relier au fait que les estivants sont nombreux à finir les vacances dans une situation de stress financier : 28% ont fini leurs congés avec moins de 100 € sur leur compte bancaire 9% déclarant même avoir fini leurs vacances à découvert.
"Cette enquête montre bien que les femmes ne sont jamais autant en vacances que les hommes puisque durant cette période, elles subissent toujours l'inégale répartition des tâches domestiques vécue le reste de l'année. Or, cette iniquité vacancière entre les sexes empêche nombre de femmes de "recharger les batteries" comme elles le devraient. Cette dévolution passéiste de l'organisation des vacances aux femmes repose sur une vision indéniablement conservatrice de leur temps libre et une injonction sociale très forte : faire passer le bien-être de leur famille avant leurs propres besoins. Appréhender les vacances sous le prisme du genre permet de montrer que la trêve estivale ne remet pas en cause les modèles conjugaux et familiaux inégalitaires, voire qu'elle les aggrave. Pourquoi ? Parce que si l'activité professionnelle d'une femme légitime une répartition du travail domestique plus égalitaire, les moments d'inactivité comme les vacances favorisent un retour en arrière à son rôle "naturel" : s'occuper avant tout de ses enfants et son foyer " analyse François Kraus, directeur du pôle "genre et sexualités" à l'IFOP.