Chefs d'entreprises et acteurs économiques normands se sont donnés rendez-vous ce mercredi 3 mai à Rouen (Seine-Maritime) pour se mobiliser autour des projets de la région. Ils veulent que les travaux soient engagés au plus vite.
Cela fait des décennies que l'on en parle, et pourtant, aujourd'hui, le contournement Est de Rouen et la Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN) sont toujours à l'état de projets et ces grands chantiers n'ont toujours pas débuté.
C'est pour cela qu'ils se sont rassemblés: entreprises et acteurs économiques locaux se mobilisent pour demander l'accélération de ces projets "pour notre économie, notre environnement, nos emplois et la liberté de déplacement de tous". "Ces 2 infrastructures sont essentielles dans ce développement [du territoire]", estime Vincent Laudat, président CCI Rouen Métropole.
Il faut que nos hommes politiques locaux nous défendent, défendent les normands.
Acteurs économiques et entreprises du territoire
Ils viennent d'écrire un courrier à la Première ministre, Elisabeth Borne, pour l'alerter sur la nécessité de ces 2 grands projets et lui demander de ne pas engendrer de retard sur l'avancement, ainsi que valider le choix de concessionnaire pour le contournement Est.
Il y a un soutien unanime du monde patronal, économique et des fédérations professionnelles sur ces deux sujets que sont la route et le ferroviaire.
Vincent Laudat, président CCI Rouen Métropole
Le contournement Est de Rouen : "c'est maintenant !"
Pour rappel, depuis près de 50 ans, le projet d'un contournement Est de Rouen est évoqué. En 2020, le conseil d'Etat a rejeté tous les recours déposés à son encontre et l'a considéré d'intérêt général. La même année, la métropole Rouen Normandie décide de retirer son financement au projet.
L'année suivante, la région et le département s'accordent pour compenser le financement manquant de la métropole et demande au gouvernement de poursuivre le projet. En 2022, l'Etat a lancé un appel à candidature pour la concession. Si le projet ne prend pas de retard, les travaux devraient avoir lieu entre 2026 et 2029, avant une mise en service de la 2x2 voies en 2030.
Et pourtant, "les entreprises ont répondu à cette shortlist mais l'Etat ne s'est pas prononcé. C'est l'attente qu'on a depuis des mois", constate Daniel Cornet, pésident Club ELAN.
/regions/2023/05/03/64526d924f27b_img-8699.jpg)
"Le désenclavement est quelque chose de très important"
Selon ces acteurs économiques, le contournement Est permettra de "répartir le flux, apaiser la circulation dans notre ville." Guy Buisson, président du MEDEF métropole Rouen Normandie, estime que "on ne peut pas imaginer avoir un territoire aussi riche et varié rester enclavé avec des bouchons et un accès à Paris plus lent".
Selon le président de la CCI Rouen métropole, à cause de cette "construction de notre ville avec des routes pénétrantes", un automobiliste passe "100h par an dans les bouchons à Rouen." Une situation qui pourrait être améliorée grâce au contournement est selon lui.
Le choix des entreprises se porte vers d’autres villes plus attractives parce que leurs accès sont plus faciles.
Jean-Christophe Romatet, président CPME Seine-Maritime
"Le port est une zone multimodale où l'on doit avoir aussi du ferroviaire et du routier"
Pour le port de Rouen où transitent 22 millions de tonnes de marchandises par an, ce contournement est aussi le bienvenu. "On peut apporter des nouvelles solutions de mobilité mais la part routière garde quand même une portée significative. On a besoin de trafic routier", considère Thomas Courtier, Directeur général de l'union portuaire rouennaise.
D'autant plus que le port souhaite faire transiter plus de marchandises. "Avec Haropa Port, on veut augmenter notre trafic portuaire de 10% sur les 3 prochaines années."
/regions/2023/05/03/645286acd154c_s-grands-travaux-demande-de-garanties-par-les-chefs-d-entreprises-00-00-52-13.jpg)
LNPN : "On a bien compris qu'on aurait pas le TGV mais cela n'empêche pas d'avoir un service de qualité"
L'objectif de la Ligne Nouvelle Paris Normandie est de permettre de relier la capitale plus rapidement et de "permettre au monde économique parisien de venir à Rouen sans prendre la voiture", souhaite Jean-Christophe Romatet, président CPME Seine-Maritime.
Selon le président de la CCI Rouen métropole, "les délais que l'on nous annonce sont hors cadre, avec 10 ans d'études !"
La complication, ce sont les travaux qui ont lieu en Île-de-France. Le "saut de moutons" qui doit permettre de "déniveler le croisement des lignes transfranciliennes avec celui des lignes normandes." Celui-ci devrait être terminé en 2030.
On ne doit pas attendre la fin du chantier parisien pour lancer la LNPN.
Vincent Laudat, président CCI Rouen métropole
Pour Daniel Cornet, président du Club ELAN, "il n'y a pas raison qu'on ne puisse pas arriver à faire démarrer le chantier de la LNPN en 2026. On doit pouvoir avoir ce "saut de moutons" avant 2030 !"
Le tracé de cette ligne doit être finalisé en 2025. "Une fois que l'on a le tracé, il faut lancer l'enquête publique fin 2027, c'est compatible", juge Daniel Cornet.
Et pourtant, ce projet crée quelques crispations, notamment avec la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui s'est dit "farouchement opposée" à cette LNPN.
