Privés de leur emploi depuis bientôt trois mois avec la pandémie du coronavirus, les maîtres d'hôtel ont de nouveau manifesté lundi 8 juin à Rouen pour alerter sur leur situation. Ils réclament notamment des indemnités au même titre que les intermittents du spectacle.
"Euthanasié par omission de l'Etat". Voici ce que vous pouviez lire sur des pancartes si vous passiez par le quai de la Bourse ou le Pont Jeanne d'Arc ce lundi matin. Après un cimetière de “chemises blanches ” devant la cathédrale de Rouen le 26 mai dernier, les maîtres hôteliers, grands oubliés de la crise du coronavirus ont de nouveau mené une action en mettant en scène "la mort" de leur métier pour alerter sur leur situation.
Ces "extras" sont habituellement embauchés en CDD sur des mariages, des salons, des cocktails et autres réceptions. Il leur faut travailler 910 heures dans l'année pour bénéficier du chômage qui leur permet de tenir dans les périodes creuses. Des indemnités qui font à vue d'oeil avec le manque d'activité. Pas de perspective de reprise avant septembre prochain...
Je me demande vraiment comment je vais survivre. Passer d'un salaire de 2.000 euros par mois à une allocation chômage de 600 euros... On ne peut pas payer le logement, certains ont été obligés de rendre leur logement et de retourner vivre chez leurs parents.
Maria-Mazarine Vargas, 22 ans
Leurs droits sociaux s'effritent depuis 2014 et beaucoup d'entre eux n'ont pas cumulés assez d'heures de travail avant le confinement pour prétendre aux allocations chômage.
"Nous avons été les premiers à arrêter et en sortant de la crise sanitaire, nous serons les derniers à reprendre", commente Stéphane Saint-Arnoult, maître d'hôtel dans la restauration. "Notre activité reprendra sûrement vers septembre ou fin octobre. Nous allons devoir tenir. Sans évènement, nous n'avons pas d'emploi et donc pas d'assurance chômage"
Nous sommes dans la détresse. A partir du mois d'août je serai au RSA
Stéphane Saint-Arnoult, maître d'hôtel dans la restauration
Les maîtres d'hôtel réclament une aide comme les intermittents du spectacle qui ont obtenu une année blanche, ou encore de prolonger les droits au chômage pour ceux qui sont arrivés à la fin de leurs droits au moment du confinement.
Mais à l’inverse des intermittents, les salariés de la restauration dans l’événementiel ont perdu en 2014 leur régime spécifique d’assurance-chômage, pour basculer dans le régime général, pourtant moins favorable.
Avant cette réforme, nous devions faire 150 heures minimums pour recharger des indemnités, maintenant nous devons en faire 910.
Stéphane Saint-Arnoult
"C'est la disparition de notre métier qui est en jeu, nous avons mis en scène la mort de notre métier". Ces femmes et ces hommes qui travaillent dans l'ombre espèrent se faire entendre avec ce nouvel "happening."