Covid : le désarroi des enseignants face à la recrudescence des cas de Covid dans les écoles

Depuis le 3 janvier, jour de rentrée des classes, le taux d'élèves atteints de Covid ne cesse d'augmenter. Un casse-tête pour les parents, et pour les enseignants au sein des établissements scolaires. Des enseignants de plus en plus inquiets. Certains ont exercé ce matin leur droit de retrait, d'autres appellent à la grève.

" Autour de moi, il n'y a que ça... Tous les jours, j'apprends que l'un de mes amis a le Covid, c'est impressionnant".

Zélie est en classe de terminale au lycée Camille Saint-Saëns à Rouen. Elle est elle-même déclarée positive au virus depuis hier soir et placée à l'isolement chez elle.

" J'avais fait un test mardi, qui était négatif, mais j'avais déjà tous les symptômes. Dans ma classe, c'est l'hécatombe, on compte déjà une dizaine de cas, et certains professeurs l'ont attrapé aussi."

L'académie de Normandie confirme cette recrudescence de cas positifs au sein des établissements. Dans un communiqué datant de ce vendredi 7 janvier, elle livre un point de situation Covid-19 dans les établissements scolaires de la région. 

Du 3 au 6 janvier, 1876 cas confirmés d'élèves atteints du Covid ont été déclarés , ainsi que 55 cas de personnels des établissements.

Mais le nombre d'élèves absents est beaucoup plus élevé en raison du nouveau protocole sanitaire qui impose un test à tous les élèves lorsqu'un cas de Covid est déclaré dans une classe. Un protocole sanitaire allégé qui vise à éviter les fermetures de classes.

Des classes " qui se vident "

Selon ce nouveau protocole, la classe n'est plus fermée lorsque l'on détecte un cas positif, mais l'ensemble des élèves de la classe est soumis à un test antigénique. Ils ne peuvent pas revenir dans leur classe tant qu'ils ne montrent pas patte blanche, à savoir un test négatif.

Mais il est très compliqué de dénicher un rendez-vous ces jours-ci dans une pharmacie ou un centre pour effectuer un test antigénique ou PCR, au vu de la recrudescence des cas. Les élèves tardent donc à revenir en cours, et les classes se vident. 

" J'ai eu une amie au téléphone. Ce matin dans mon cours de philosophie, il n'y avait que 7 élèves sur 35" ajoute Zélie. 

Un nouveau protocole "ingérable" selon les enseignants

Un casse-tête pour les établissements scolaires qui doivent gérer les absences, et une inquiétude croissante du côté du corps enseignant.

Christophe Hamon, professeur des écoles au Havre, du syndicat SNUIPP-FSU, juge le nouveau protocole sanitaire peu adapté et bien trop lourd à gérer : 

" Si un enfant se révèle positif , 4 jours après, on redémarre tout ça à zéro , on redemande un test, et on repart à J plus deux, J plus ', etc... Ca va durer combien de temps comme ça ? C'est ingérable pour les collègues, on est en première ligne face aux parents, à leur expliquer que l'on ne peut pas prendre leur enfant...sans compter les collègues malades qui ont le Covid et qui ne sont pas remplacés ! "

Une professeur du collège Barbey d'Aurevilly de Rouen renchérit :

" C'est épuisant.  Depuis le début de la semaine, c'est de pire en pire. Cet après-midi, j'avais seulement 12 élèves dans ma classe. la CPE a passé sa matinée à appeler les familles. L'éducation nationale ne nous a toujours pas fourni de masques chirurgicaux. Nous réclamons aussi des capteurs de CO2 pour savoir quand ventiler exactement chaque pièce. En vain... On se dit qu'on va forcément l'attraper à notre tour dans ces conditions. Et puis il n'y a aucune réaction du côté du ministère, nous n'avons même  pas été informés officiellement du nouveau protocole. On a vraiment le sentiment d'être méprisés." 

Le casse-tête des parents et des enseignants au Havre :

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L'adaptabilité au quotidien atteint ses limites en milieu scolaire, pour les familles comme pour les enseignants, alors que le ministère annonce un assouplissement du protocole. Exemple devant une école de Bordeaux. ©France 3 Aquitaine

Un droit de retrait exercé par des enseignants du collège Charcot à Oissel

A Oissel, au collège Jean Charcot  ce 7 janvier, une majorité d'enseignants a  décidé d'exercer son droit au retrait.  Comme Marie-Hélène Duverger :

" Nous avons été confrontés comme dans beaucoup d'établissements scolaires à une explosion des cas de Covid depuis lundi, de la part des élèves ou des collègues. Avec le grand brassage, c'était prévisible. Nous sommes extrêmement inquiets face à cette situation. Nous craignons pour notre santé, pour celle de nos élèves, et nous craignons de contribuer à propager l'épidémie. Voilà pourquoi nous avons décidé d'exercer massivement notre droit de retrait ce matin à 8 heures. "  

Un appel à la grève du côté du SNUIPP-FSU et du SNES

L'exaspération gagne donc du terrain. Face à la situation, le  syndicat SNUIPP-FSU a  lancé ce matin un appel à la grève pour dénoncer la situation " et porter les conditions d'une école secure sous omicron". " Comme prévu, la situation épidémique atteint des sommets de contaminations. Le ministre de l'éducation, lui, continue de faire le choix de maintenir les écoles ouvertes quoi qu'il en coûte"

Le syndicat réclame le retour à la règle : 1 cas positif= fermeture de la classe, l'isolement des cas contacts intra-familiaux et une politique de tests préventifs hebdomadaires salivaires systématiques"

Le SNES ( syndicat du second degré) appelle également à la grève le jeudi 13 janvier, afin d'alerter sur les conditions sanitaires mais aussi afin de demander le report des examens de spécialité prévus mi-mars pour les élèves de terminale.

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