400 000 entreprises doivent donc rouvrir partout dès ce lundi, mais dans quelles conditions et avec quelles trésoreries ? En normandie aussi, pour les TPE, les charges dues par les chefs d'entreprise entre mars et mai seront bien exonérées, mais uniquement en cas de « fermeture administrative ».
Elles seront nombreuses à retrouver leur personnel au complet ou en partie dès ce lundi 11 mai 2020.
En normandie, comme à Rouen par exemple, tous les secteurs d'activités des Très Petites Entreprises de moins de dix salariés sont concernés par les conséquences financières du confinement sur leur trésoreries, mais aussi par la facture qui s'annonce déjà bien salée pour que cette reprise puisse se faire dans le strict respect des conditions sanitaires de protections contre le virus.
La reprise oui, mais pas forcément à temps plein
Premier exemple avec un assureur indépendant qui dirige deux agences à Rouen et à Elbeuf .
Jusqu'ici et depuis son installation il y a 8 ans, ses affaires étaient plutôt florissantes, mais avec la crise du Covid, tout a changé, et il a désormais bien conscience qu'il pourrait y perdre plus que prévu.
Il lui a fallu fermer totalement ses deux agences au public pendant deux mois et placer ses sept salariés placés en chômage partiel. Pourtant dès lundi, tout le monde reprendra à temps plein.
Un soulagement pour ce chef d'entreprise qui doit tout de même jongler avec les chiffres.
En réalité, Nicolas Noyon est aujourd'hui inquiet, car il craint pour sa trésorerie, bien entamée.
" On avance les salaires et l'Etat nous rembourse, et ça se calcule en fonction du nombre d'heures travaillées, il faut tenir un journal de bord très strict, car sinon, on est vite perdu!"
Il a donc signé pour du chômage partiel jusqu'à fin mai, mais tout dépendra de la reprise ou non de l'activité :
Mais, c'est déormaiss une quasi-certitude, Nicolas Noyon ne pourra pas disposer en revanche des exonérations de charges entre mars et mai, annoncées ce jeudi par le Ministre de l'Economie pour les TPE de moins de dix salariés, car s'il a fermé, ce n'est pas par injonction de l'Etat, mais bien par prévention."après on verra si l'activité reprend, si on est obligé ou pas de les remettre en partie en chômage partiel, et les faire travailler à tour de rôle le matin ou l'après midi. Si on veut éviter des licenciements, ce sera forcément du chômage partiel, si l'activité n'est pas au rendez-vous".
Quelles stratégies de crise faut-il adopter ?
En fait, cette fermeture administative obligatoire concerne bien tous les bars, cafés et restaurants, qui resteront encore fermés ce lundi, comme celui de Thomas Lemelle, au cœur du centre historique de Rouen.
A l'arrêt total depuis la mi-mars, il s'était déjà illustré en vendant son stock de viandes. Et depuis un mois, il propose de la vente à emporter pour tenter d'allèger un peu ses lourdes pertes.
Il dégage ainsi près de 10 000 euros de chiffres d'affaires ce mois-ci. Ce qui représente dix fois moins qu'en temps normal. Mais, cette maigre somme est peut-être déjà trop importante pour prétendre à la perte d'exploitation actuellement en discussion entre la profession et les assureurs.
Thomas Lemelle, gérant du Rotamagus, s'apprète donc à faire de savants calculs et commence à se demander si le jeu de son ouverture partielle en valait vraiment la chandelle :
"Peut-être finalement que ça va nous desservir, je ne sais pas. Il faudrait rester sans rien faire ! Si on est ouvert pour de la vente à emporter, alors oui, on n'aura peut être pas droit au remboursement de nos loyers. Mais aujourd'hui, on a aucune information là dessus !"
Alors en attendant, il a décidé de poursuivre son activité, coûte que coûte ...
En fait, tout doit se réfléchir, se calculer précisément, comme le fait de remettre ou non la semaine prochaine un de ses salariés en activité. Lequel et sur quels critères ?
Les choix à venir s'annoncent déjà pour tous très compliqués pour la pérénnité de leurs activités.
Les premiers chiffres nationaux sont impressionnants
Au total, selon les chifffres donnés tout récemment par le Ministre de l'Economie Bruno Lemaire, 400 000 entreprises vont rouvrir dès lundi dans toute la France.
Pour les TPE de moins de dix salariés, les charges payées par les chefs d'entreprise entre mars et mai, les deux mois de confinement, seront bien exonérées si la société a connu « une fermeture administrative ».
L'Etat a aussi dans ce cadre décide de nouvelles possibilités de reports pour les échéances sociales du mois de mai :
"Afin de tenir compte de l’impact de l’épidémie sur l’activité économique, le report de paiement des cotisations et contributions sociales sera prolongé au mois de mai pour toutes les entreprises en difficulté, y compris les micro-entrepreneurs et les exploitants du régime agricole."
Dans le contexte actuel, où l'action de l'État est particulièrement sollicitée, les entreprises sont toutefois invitées à faire preuve de responsabilité dans l'usage des facilités qui leur sont accordées, afin qu'elles bénéficient avant tout aux entreprises qui en ont besoin.
L’État restera aux côtés des entreprises. Pour les TPE fermées administrativement, les charges pour mars, avril, mai sont annulées. Pour toutes les entreprises, le Fonds de solidarité est maintenu en mai et le prêt garanti par l’État jusqu’à la fin de l’année. #Déconfinement pic.twitter.com/OxGGITqun0
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) May 7, 2020
Autre donnée qui a son importance: au 6 mai, le ministère de l'économie a recensé jusqu'à 12,1 millions de salariés en chômage partiel en France.
Jusqu'ici, l'Etat accompagnait les entreprises, mais face à tous les dispositifs complexes mis en place, ces moyens exceptionnels, les stratégies que doivent en réalité adopter les entreprises pour plomber le moins possible leurs finances les laissent parfois bien perplexes et ne les rassurent pas forcément pour l'avenir.