Une exposition pour les 90 ans de la création de la 1e raffinerie française près de Rouen

La ville de Petit-Couronne présente une expo sur l'histoire du site pétrolier créé en 1929 et qui a cessé son activité en 2013 avec la "crise Petroplus"
 

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"Montrer qu'une nouvelle page de la vie industrielle se tourne, sans pour autant tirer un trait sur le passé" : cette phrase résume la démarche avec laquelle la municipalité de Petit-Couronne a souhaité raconter l'histoire de cette "cité du pétrole".

Au sud de Rouen, comme c'est encore le cas à Port-Jérôme ou à Gonfreville-l'Orcher, la présence d'une raffinerie se signalait à des kilomètres à la ronde par les flammes des torchères sortant de hautes cheminées.
Grand-Couronne en 1988, avec en arrière plan : la raffinerie Shell de Petit-Couronne (connue depuis sous le nom de Petroplus) © LAURENT LAGNEAU / France 3

Démarrée en 1929 avec les "Pétroles Jupiter" l'activité de raffinage de Petit-Couronne s'est considérablement développée à partir de 1948 avec la reprise par le groupe Shell avant de cesser définitivement en 2013 après le douloureux épisode Petroplus.  
Archives : le début de la mobilisation des salariés de la raffinerie de Petit-Couronne © Laurent LAGNEAU / France 3 Normandie

Pendant des mois, la lutte, la détermination et les actions des 550 salariés de Petroplus pour sauver leur emploi, mais aussi et surtout leur outil de travail, ont été relayées par tous les médias nationaux.

Nombreux aussi ont été les candidats à l'élection présidentielle de 2012 à se dire concernés, voire préoccupés par le devenir de cette raffinerie.


Les pouvoirs publics face à la finance internationale

L'arrêt, définitif, de la raffinerie après des mois de combat des syndicats est la conséquence de la faillite du groupe Petroplus.

Le placement en redressement judiciaire de la raffinerie en 2013, puis la vente du site en 2014 mettant fin à l'activité de raffinage en douchant l'espoir des défenseurs du maintien de la production.

En 2005, Petroplus est racheté par le géant américain Carlyle qui est une société d'investissement qui n'a d'autre fonction que de récupérer toutes les occasions de faire de l'argent. Désormais, le pouvoir est dans le champ de la finance. Désormais, ce qu'on appelle l'économie réelle,  les barils de pétrole, les emplois générés, bah c'est moins important, ça compte moins, ça rapporte moins aussi, qu'un placement boursier…

  • Olivier Feiertag, professeur d'histoire économique à l'université de Rouen (interview de 2012)
 
VIDEO : l'histoire de la raffinerie de Petit-Couronne résumée par François Pesquet
 

Reconversion

C'est le groupe Valgo qui a racheté la raffinerie de Petit-Couronne dans le cadre d'un grand projet de reconversion industrielle. Avant la concrétisation d'un réaménagement global du site (en partenariat avec Eiffage et Bolloré Energie) pour en faire un "Pôle d'innovation", Valgo a lancé d'importants travaux de déconstruction, de dépollution et d'aménagement des friches industrielles.


Une mémoire vive

Collecter des souvenirs matériels et immatériels (ou "mémoriels") afin de rassembler un patrimoine était donc urgent. La démarche étant de "créer du lien entre passé, présent et futur". Se tournant vers l'avenir, la ville a souhaité, au moment de cette mutation en cours, inciter les habitants, à partir de la transformation du site de la raffinerie, à

être capable de bâtir une fierté collective non nostalgique et projetée dans le développement.


Intitulée "Héritages et récits de la raffinerie de Petit-Couronne", l'exposition événementielle présentée tout cet automne est l'aboutissement de plusieurs années de travail d'enquête ethnologique autour d'un projet culturel ambitieux (du nom de "Patrimoines et imaginaires de la raffinerie de Petit-Couronne") mené par un comité de pilotage réunissant le conseil régional de Normandie, la direction des affaires culturelles (DRAC) de Normandie, la Métropole de Rouen, le groupe Valgo et l'association des Anciens de la raffinerie.

La raffinerie ? C'est ma vie. Une partie de ma vie ! J'ai travaillé physiquement dans ces unités là, le cracking, la DSV, pendant des années et des années. On a du mal à imaginer la complexité que c'était : des gros tuyaux, des petits tuyaux, des moyens tuyaux, dans tous les sens, avec des vannes, des vannes automatiques, des pompes, des fours, des compresseurs…
Vous savez, la vie en quart c'était quelque chose de particulier : on était tout le temps ensemble, la nuit, les jours de fêtes, les dimanches… Il y a des petits secrets qui restent !

  • Serge Crouin, président de l'amicale des Anciens de la raffinerie de Petit-Couronne
 
VIDEO : le reportage de Catherine Lecompte et Jérôme Bègue (montage : J. Ledoyen)


Cette exposition raconte, avec installations plastiques, photos et vidéos, l'histoire de cette raffinerie et des hommes qui y ont travaillé, jour et nuit, 24h sur 24, 12 mois sur 12. Une raffinerie, qui avec Petroplus, est devenue le symbole de la désindustrialisation de la France, du pouvoir aveugle de la finance mondialisée et du recul de de l'économie réelle (celle qui produit des biens concrets) et de ses emplois.
 

Une expo à voir jusqu'à fin octobre

L’exposition "Héritages et récits de la raffinerie de Petit-Couronne - une enquête ethnologique" propose un regard sur l’univers pétrolier contemporain nourri de témoignages des habitants et des anciens salariés de la raffinerie. Elle comprendra 13 court-métrages, des photographies d’amateurs et une installation plastique évoquant l’univers industriel du site.

► Infos pratiques et présentation sur le site ville-petit-couronne.fr
 
© France 3 Normandie / Image extraite de la video du JRI Jérôme Bègue
© France 3 Normandie / Image extraite de la video du JRI Jérôme Bègue
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