Grand Quevilly : Face à la menace d'expulsion, le cirque Seneca est prêt à bloquer la ville avec des semi-remorques "dès la semaine prochaine"

Le cirque Seneca a posé son chapiteau au Grand-Quevilly (Seine-Maritime). Ce qui n’est pas sans poser problème puisqu’il n’a jamais obtenu l’autorisation de la mairie. Celle-ci a engagé des poursuites pour le contraindre à quitter les lieux au plus vite. De son côté, le cirque est prêt à bloquer la ville avec des semi-remorques pour pouvoir rester. Il se défend de ne pouvoir faire autrement car sa survie en dépend.

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Le Cirque Seneca s’est installé illégalement, rue des Martyrs de la Résistance, au Grand-Quevilly, près de Rouen, le 30 novembre 2021. Choix assumé par le directeur du Cirque, Teddy Seneca. A nos confrères de France Bleu, il s’indigne : « On veut juste travailler, on veut même payer la location de la place si il le faut, ce n'est pas un problème ». Il est même prêt à aller plus loin pour obtenir gain de cause. « Je peux vous dire que l’ensemble du monde des forains est à bout. Si jamais on nous expulse, on bloquera la ville ».

Concrètement, il assure avoir le soutien du Syndicat français des capacitaires d’animaux de cirque et de spectacle pour bloquer la ville avec des semi-remorques dès la semaine prochaine.

C’est pour lui une question de survie. Après un an sans pouvoir travailler en raison de l’épidémie de Covid-19, Teddy Seneca explique avoir sa famille avec ses trois enfants et ses 50 animaux à nourrir. Il assure ne bénéficier d’aucune aide de l’état.

Alors il opère toujours selon le même modus operandi : s’installer illégalement et assurer des représentations avant d’être délogé. La commune de Bihorel en avait déjà fait les frais en novembre dernier. Selon le gérant du cirque, c’est le seul moyen d’assurer quelques représentations : « En un an et demi, je n’ai pu faire que quatre villes ! Vous vous rendez compte ? ». 

Pour ce qui est de son installation au Grand-Quevilly, Teddy Seneca explique s’être installé sur le même lieu que les quatre années précédentes (précédant la période de Covid-19) et avoir informé la mairie de sa venue.

Du racisme et des discriminations contre les gens du voyage

Selon lui, la mairie a refusé pour des « raisons absurdes car elle est contre les cirques avec animaux ». « Ils n’ont évidemment pas le droit de le dire officiellement mais c’est très clair lorsque l’on lit leur message sur Facebook ». Il corrèle cette position à la loi contre la présence d’animaux sauvages dans les cirques, autorisée en octobre 2021.

Ce pays est une dictature où personne n’a le droit de parler des cirques de manière positive.

Teddy Seneca, gérant du cirque Seneca

Teddy Seneca associe aussi les associations animalistes à ce refus : « Ce pays est une dictature où personne n’a le droit de parler des cirques de manière positive. J’ai même eu le droit à des croix gammées sur mes affiches ».

Il va même plus loin : « Il y a aussi du racisme. Ils sont contre les gens du voyage ! Ils essayent de monter la population contre moi ! ». Le gérant affirme avoir reçu des insultes et « réfléchit à porter plainte ».

« Un coup de force inadmissible »

De son côté, la mairie du Grand-Quevilly gronde : « l’occupation illégale d’un terrain communal constitue un coup de force inadmissible ». Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier l’absence d’autorisation.

Par méfiance déjà puisque la précédente installation de Seneca en 2019 s’était soldée par divers incidents. Des militants de la cause animale avaient sectionné les les clôtures électriques, permettant à une dizaine d'animaux, dont des chameaux et des lamas, de s'échapper sur la voie publiqueLa sécurité des habitants et des animaux avaient été mises en cause, d'autant que les pâturages se situaient à proximité de l'autoroute.

Mais aussi par rapport à l’emplacement choisi par le cirque. La ville estime que celui-ci, situé à côté du city-stade, d’une aire de jeux pour enfants et du cani-parc, n’est pas propice à l’accueil d’un cirque avec des animaux sauvages. En 2019, des animaux s’étaient même retrouvés sur la voie publique.

Une animation du Téléthon déplacée

Surtout, le terrain communal avait une autre vocation pour ce premier week-end de décembre. Une animation du Téléthon 2021 devait se dérouler sur une partie de la plaine ce samedi 4 décembre. Celle-ci a dû être déplacée, nous indique la mairie du Grand-Quevilly.

Teddy Seneca assure ne pas avoir eu connaissance de cet évènement. Pour s’en excuser, il a proposé à l’organisation du Téléthon de s’installer gratuitement dans son chapiteau et d’offrir des places pour récolter des dons. Aucune suite n’a été donné au moment de la rédaction de cet article.

Cet incident laissera des traces, tant sur l’image de son auteur, que sur les choix de la ville à l’avenir.

Nicolas Rouly, Maire du Grand-Quevilly

Sur les réseaux sociaux, le maire de la commune Nicolas Rouly, s’emporte contre le circassien. « Ce n’était ni le bon endroit, ni le bon moment… y compris au regard du Téléthon samedi. Mais l’exploitant s’en soucie peu, qui bloque même l’accès des PMR (Personnes à mobilité réduite NDRL.) au caniparc ! »

La police municipale a déjà conduit plusieurs verbalisations à l'encontre du cirque pour stationnement illégal sur la voie publique, notamment sur les trottoirs. Teddy Seneca dément et déclare s’être installé de la même manière que les dernières années.

Des poursuites ont été engagées par la mairie. Nicolas Rouly explique ne rien pouvoir faire seul. Une décision de la justice puis une mise en exécution par la Préfecture sont nécessaires pour pouvoir déloger les occupants du terrain municipal.

En attendant le cirque s’approprie de facto le site. Il compte sur le soutien de la population. « C’est un spectacle pédagogique qui a du succès. J’ai arrêté de compter mais j’ai déjà vendu plus de 80 places ! Et c’est sans compter les familles qui viennent seulement pour montrer aux enfants mes animaux à côté du cirque. »

Teddy Seneca a dès lors annoncé que le cirque tiendra une représentation tous les jours à compter de ce samedi 4 décembre jusqu’au 2 janvier.

Un mois, c’est précisément le même délai qu’à Bihorel. Il a fallu près de 30 jours avant que la commune obtienne l’autorisation d’expulsion. 

En attendant, le Maire Nicolas Rouly annonce que « cet incident laissera des traces, tant sur l’image de son auteur, que sur les choix de la ville à l’avenir [alors même] que Grand-Quevilly entretient une longue histoire avec les arts du cirque ». 

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