Grève du 29 septembre : "Avec 950 euros par mois, je ne vis pas, je survis", confie Marie, animatrice périscolaire

Marie et Véronique sont animatrices dans les écoles de Rouen (Seine-Maritime). Des horaires hachées, des conditions de travail dégradées et un manque de reconnaissance pour leur profession les poussent à vouloir changer de métier. Jeudi 29 septembre 2022, elles feront grève.

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Il y a quelques semaines, Véronique a fait sa rentrée. La troisième en tant qu’animatrice dans une école primaire de la ville de Rouen (Seine-Maritime). Au départ, c’était un job étudiant. Aujourd’hui, l’animation est devenue son métier.

Seule avec 35 enfants 

Tous les matins, avant le début de l’école, Véronique (prénom modifié) accueille les élèves à la garderie. Des enfants qu’elle retrouve à l’heure du déjeuner et l’après-midi après la classe. « J’ai commencé l’année toute seule. J’étais la seule animatrice pour 35 enfants. Autant dire que proposer des activités était mission impossible », raconte la jeune femme. « Je faisais de la surveillance. En périscolaire, il peut arriver d’accueillir des élèves en situation de handicap, sans aucun accompagnement spécifique. Je n’ai pas été formée pour m’occuper d’un enfant atteint d’autisme dans de bonnes conditions »

Faute d’animateurs en nombre suffisant, Véronique s’est résolue à demander de l’aide aux enfants. « Le soir, pour les devoirs, je demandais aux plus grands d’aider les plus petits pendant que je m’occupais des CP qui ont besoin d’un accompagnement plus important avec l’apprentissage de la lecture ».

Ce manque de moyens, Marie (prénom modifié), animatrice depuis presque 20 ans, le connaît bien. 

Dans les centres de loisirs, on nous demande de faire des grandes choses, des grands projets sur l’environnement, l’égalité filles-garçons. Mais derrière, on n’a pas forcément le matériel nécessaire. Que voulez-vous que je fasse avec quelques feuilles et de la peinture ?

Marie, animatrice dans une école rouennaise

France 3 Normandie

De son côté, Véronique déplore le temps de travail  non rémunéré. « Pour proposer des activités qualitatives aux enfants, il faut les préparer. Nous avons bien quelques heures de préparation payées dans nos contrats mais nous les dépassons toujours. Là, je suis en train de terminer une fresque pour décorer une salle périscolaire. Ca fait une semaine que j’y suis et ça devient du bénévolat. »

"C'est un métier qui me passionne mais j'ai hâte de partir"

Tout comme Véronique, Marie fait partie des « chanceuses ». Elle a le meilleur contrat d’animatrice à la ville de Rouen. Un contrat de 29 heures payés 950 euros. Un contrat de 10 mois, de septembre à juin.

Présente le matin, le midi et le soir, elle travaille aussi le mercredi toute la journée. Et comme Véronique, elle complète l’été avec un contrat en centre de loisirs car « 950 euros, c’est assez pour survivre, pas pour vivre. J’ai bientôt 40 ans. Je suis seule avec des enfants à charge. A chaque fin d’année scolaire j’ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Serai-je reprise en septembre ? », détaille Marie. « Pour gagner un peu plus, je travaille l’été en centre de loisirs mais alors, je ne suis pas avec ma famille et je ne peux pas partir en vacances avec eux. De toute façon, je n’aurais pas suffisamment d’argent ». 

A la veille de la journée d’action pour défendre les salaires et le pouvoir d’achat, Véronique et Marie se disent « fatiguées ». « Je ne me vois pas continuer des années comme ça », poursuit Marie. « J’aime ce que je fais. Mais c’est un travail très usant. J’arrive à un âge où ça devient difficile. Les centres de loisirs c’est 7h45-18 h, 10 h par jour soit 50h par semaine, sans compter les réunions. Je n’ai plus la force de continuer pendant des années et des années ».

Tout comme elle à 23 ans à peine, Véronique envisage de reprendre ses études à la rentrée prochaine. « Je n’ai pas pris de vacances depuis décembre dernier. Pour payer mon loyer, je demande de l’aide à mes parents. C’est un métier qui me passionne, je trouve ça triste mais je ne vous le cache pas, j’ai hâte de partir ».

Ce jeudi, Marie et Véronique feront grève. Elles réclameront un meilleur taux d’encadrement, une revalorisation de leur salaire et davantage de reconnaissance. « Notre métier consiste à accompagner les enfants et les aider à grandir mais dans ces conditions ça devient difficile », explique Véronique.

A Rouen, la mairie annonce déjà la fermeture de nombreux accueils périscolaires dans les écoles. Et pour certaines établissements une fermeture totale car les enseignants eux aussi sont appelés à faire grève ce 29 septembre. Une journée de mobilisation interprofessionnelle à l’appel de la CGT, Solidaires, la FSU, l’Unef et la Fédération générale des retraités de la fonction publique pour défendre les salaires et les retraites.

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