"Et nous, alors ?". Des professeurs d'un CFA de Rouen dénoncent leurs conditions de travail. Titulaires d'un bac + 5, ils estiment être " les oubliés de l'enseignement". Ils sont payés 30 % de moins que leurs collègues de l'éducation nationale.
Les professeurs du CFA Simone Veil de Rouen ne seront pas face à leurs élèves aujourd'hui. Ni à leurs copies. Ils se mobilisent pour " sortir de l'ombre". Ils veulent faire parler d'eux, de leurs conditions de travail au sein des Centres de Formation d'apprentis .
Les oubliés de l’enseignement ?
Ces centres donnent aux élèves une formation générale et technique qui complète la formation pratique reçue dans les entreprises.
Selon les diplômes préparés, le temps de formation en CFA varie de 400 à 675 heures minimum par année et par élève. Ces CFA font l'objet de conventions conclues entre les conseils régionaux et des partenaires tels que des entreprises, chambres de commerce ou associations.
Elodie Tassel, enseignante au CFA Simone Veil de Rouen, explique : " Nous faisons grève car personne ne nous connaît ni ne connaît notre statut. Nous ne dépendons pas de l'Education Nationale, mais de la chambre des métiers et de l'artisanat. Nous nous mobilisons pour réclamer une meilleure reconnaissance de notre travail et une revalorisation salariale"
Les professeurs réclament une hausse de 3,5% de leur salaire auprès de la Chambre des métiers et de l'artisanat
Embauchés à bac+5 pour un salaire de 1450€ net par mois
" Il faut savoir, poursuit Elodie Tassel, qu'un professeur de CFA est recruté à Bac + 5, un peu en dessous de 1450 euros net par mois. En fin de carrière, il n'atteint même pas 2000 euros ! Nous sommes payés 30 % de moins que nos collègues de l'Education Nationale. Pourtant, nous sommes de vrais professeurs, on nous demande de créer des sujets d'examen, de corriger des copies, etc... "
Par ailleurs, le point de salaire de ces professeurs n’a pas été augmenté depuis douze ans.
L'équipe pédagogique des CFA du Havre et de Rouen assure que "les négociations entamées avec la Chambre de Métiers et de l’Artisanat n’ont pas abouti." Leur employeur souhaite limiter la hausse à 2,5 %, contre les 3,5% demandés par les syndicats.
En manque de reconnaissance, ces professeurs ont le sentiment d'être dévalorisés. Les enseignants ne comprennent pas cette situation, qui semble paradoxale :" On développe énormément l'apprentissage, mais on ne valorise pas le personnel qui est derrière. Aujourd'hui, c'est pour cela qu'on est en grève, car on est restés trop longtemps dans l'ombre. De plus, on nous demande un surcroît de travail, on nous demande de réécrire tous nos cours pour les numériser, afin de donner des cours à distance pour des élèves qui se sont inscrits en présentiel...Nous ne comprenons pas. "