Incendie du Cuba Libre : 5 ans après le drame, quels enseignements sur la sécurité dans les bars de Rouen ?

Il y a cinq ans, dans la nuit du 5 au 6 août 2016, 14 personnes perdaient la vie dans l’incendie dans le sous-sol d’un bar, le Cuba Libre à Rouen (Seine-Maritime). Cinq ans plus tard, selon certains élus, rien ne semble avoir changé concernant la sécurité dans les bars et les discothèques.

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Cinq ans après, comment éviter qu’un drame similaire ne se reproduise ? Il y a 5 ans, dans la nuit du 5 au 6 août 2016, 14 jeunes perdaient la vie dans le sous-sol d’un bar rouennais, le Cuba Libre, alors qu’ils assistaient à une fête d’anniversaire.

Un sous-sol aménagé sans autorisation, des matériaux inflammables, une porte de secours vérrouillée... la liste des infractions constatées au Cuba Libre était longue. De quoi faire réagir les autorités. 

Des contrôles intensifiés dans les bars et cafés de Rouen

A l'époque, rapidement après les faits, le préfet avait sollicité la commission communale de sécurité de Rouen pour inspecter les autres bars. En ligne de mire, 35 établissements avec sous-sols ou salles à l'étage. Résultats, seule une dizaine d'établissements étaient conformes. Plusieurs établissement avaient été contraints de fermer partiellement leur sous-sol ou étage, d'autres de fermer totalement pour réaliser des travaux d'aménagement.

Depuis, la Ville de Rouen a poursuivi et intensifié les contrôles inopinés des bars et des cafés. En 2019, 35 établissements ont été contrôlés et parmi eux, 20 ont reçu un avis favorable, 12 défavorables avec des demandes de mise en conformité et deux ont fait l'objet de fermeture totale et définitive.

Exception en 2020 : "compte tenu des mesures de confinement, les établissements étant fermés au public et il n’y a pas pu y avoir de contrôles inopinés.", nous indique la mairie de Rouen. 

"Enfin tous les événements exceptionnels, La Friche Lucien, Le Festival Rush, La Terrasse Saint-Nicaise, etc. ont été contrôlés (comme toujours) avant d'être autorisés à accueillir du public. La Ville est à jour de toutes les visites périodiques de tous les autres établissements recevant du publique (ERP) qui s'imposent, malgré le contexte sanitaire."

Ville de Rouen

Selon certains parlementaires, les leçons de ce drame n'ont pas été tirées

Qu'en est-il au niveau national ? Dans la législation française, les établissements recevant du public sont classés en différents groupes. Les discothèques appartiennent par exemple à la catégorie P et les bars comme le Cuba Libre appartiennent à la catégorie N. Et les règles diffèrent entre les deux, notamment en matière de protection contre les incendies.

Dès 2016, Valérie Fourneyron, interpelle le gouvernement pour renforcer la surveillance de ces lieux pour lesquels les contrôles ne sont pas obligatoires. Trois élus de Seine-Maritime ont renouvelé cette demande auprès du ministre de l’Intérieur en avril 2019.

Le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel tente de faire changer la loi. Il avait déposé une proposition de loi pour que les bars "avec boîtes de nuits improvisées fassent l'objet de contrôles plus strictes". Une proposition de loi qui n'avait pas abouti : "Le gouvernement avait considéré que ça rentrait dans le champs réglementaire." Selon lui, 5 ans jour pour jour, rien ne semble avoir changé concertant la sécurité dans les bars et les discothèques. 

Il faut faire en sorte que des établissements de ce type soient aux normes.

Sébastien Jumel, député PCF de Seine-Maritime

Aujourd'hui, selon l'élu, "une directive du ministère de l'Intérieur allait être rédigée pour reprendre une grande partie des propositions que que nous avions formulé dans cette proposition de loi"

Un recueillement devant la stèle

Les familles des victimes se réuniront ce jeudi soir à minuit devant la stèle installée en hommage aux victimes sur le trottoir en face du bar avec des bougies et des fleurs.

En 2018, la pose d’une plaque en mémoire des victimes fut réalisée par la Ville, en accord avec les familles. Mais cette dernière a été dégradée. La Ville a réalisé une remise en état de cette stèle.

Les gérants du bar sortis de prison

Les gérants du Cuba Libre, condamnés à trois ans de prison ferme en octobre 2019 pour "homicide involontaire par violation délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence", ont bénéficié d'une libération conditionnelle en janvier 2021. Une nouvelle qui avait été difficile à digérer pour les familles des 14 victimes de l’incendie.

Bientôt un magasin à la place du bar ?

Cinq ans après les faits, une autre question se pose : que va devenir le lieu du drame ? Selon nos confrères de Paris Normandie, des travaux ont eu lieu entre mai et juillet pour réhabiliter le lieu funeste. L'enseigne du Cuba Libre et la façade orange ont ainsi été remplacées par des murs noircis. Reste à savoir qui s'installera dans le local commercial. Désormais gérés par l'agence Sauvage&Carpentier de Rouen, les locaux n'ont pas encore été remis en location et aucun nouveau bail n'a été signé.

Rappel des faits 

Dans la nuit du 5 au 6 août 2016, la jeune Ophélie fête ses 20 ans dans le sous-sol d'un bar rouennais situé sur la rive gauche de Rouen, le Cuba Libre. Vers 1h du matin, l'une de ses amis trébuche dans les escaliers qui mènent au sous-sol, un gâteau d'anniversaire dans les mains. En très peu de temps, les bougies enflamment les murs, le plafond et la moquette recouverts d'isolant phonique extrêmement inflammables. S'ensuivent des explosions et un incendie très violent. Les fumées toxiques dégagées par la combustion des plaques d'isolant avaient empoisonné les occupants de la pièce.

13 personnes avaient péri dans l'incendie. Une jeune femme était décédée des suites de ses blessures en septembre 2016. Elle fut la 14ème victime.

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