Dès que les températures descendent, les accidents liés à un chauffage défectueux se multiplient. En Normandie, près de 30 cas d’intoxication au monoxyde de carbone sont signalés chaque année, principalement dans l’habitat.
L'intoxication au monoxyde de carbone tue chaque année
Le 24 novembre dernier, une femme de 90 ans a été transportée à l’hôpital d’Elbeuf après une intoxication au monoxyde de carbone. Le 9 octobre, c'était un homme de 80 ans, à l'hôpital d'Evreux à cause des fumées d'un incendie qui a ravagé son habitation. Avec le retour des frimas de l'hiver les risque d'intoxication par accident dans l'habitat sont plus élevés parce qu'on les chauffe. Le monoxyde de carbone produit par un appareil de chauffage défectueux est potentiellement mortel.
En Normandie, pour l’année 2022, l’ARS a enregistré une trentaine de situations d’intoxication en milieu familial, dont un décès.
ARS Normandie
L'importance de la prévention par l'entretien et la détection
Comme à chaque fin d'année, Nicolas Lecourtois, chauffagiste à Louviers (Seine-Maritime) enchaîne les interventions de vérification annuelle de chaudière. Vérifier le corps de chauffe, le brûleur, mais aussi que les évacuations ne sont pas obstruées, c'est l'objet du contrôle annuel de la chaudière, une opération obligatoire pour tous les appareils de chauffage qui permet de prévenir les risques. "Si c'est trop encrassé, explique ce chauffagiste, les fumées vont se propager dans votre pièce et ne prendront pas le chemin habituel qu'est la cheminée."
Autre système de prévention : les détecteurs. Obligatoire depuis le 8 mars 2015, leur installation revient aux propriétaires. Un outil indispensable pour les sapeurs-pompiers.
" Un appareil de détection des fumées n'a jamais empêché un incendie mais a sauvé la vie des gens. Car les fumées en cas d'incendie et c'est encore plus vrai avec le monoxyde de carbone ont un effet narcotique sur les habitants endormis. En cas d'incendie, l'alarme sonore du détecteur peut les réveiller. Pour le monoxyde de carbone, la seule façon de s'en préserver est de ne pas obstruer les aérations naturelles de la maison même quand il fait froid en hiver."
Lieutenant-colonel Guillaume Lequeltier, SDIS de la Manche
2 jours après la grosse tempête qui a frappé la Normandie, les pompiers sont intervenus plusieurs fois chez des habitants qui, après des coupures d'électricité, avaient installé des groupes électrogènes. "Ils les avaient placés trop près des habitations, explique le lieutenant-colonel. Or ces installations produisent de grandes quantités de monoxyde de carbone."
Systèmes de détection et de lutte contre les incendies
Outre les détecteurs de fumées, d'autres appareils cette fois de lutte contre les incendies sont en vente dans les commerces pour les particuliers. En premier lieu, les petits extincteurs dont il faut bien comprendre le fonctionnement avant utilisation. "Il existe deux types d'extincteurs : l'un utilise de l'eau, l'autre de la poudre pour éteindre un début d'incendie, explique le lieutenant-colonel Guillaume Quetier. À utiliser avec précaution, car ils ne sont pas destinés au même type d'incendie. Le premier, c'est pour éteindre un feu de canapé, de bois ou de sapin par exemple… L'autre, à base de poudre, dès qu'un équipement électrique est concerné. Utiliser l'un à la place de l'autre est dangereux. Il ne faut surtout pas utiliser l'extincteur à eau sur un appareil électrique, vous pourriez vous électrocuter.
Périmés, ces appareils sont susceptibles de ne pas fonctionner. La boule extincteur anti-feu, produit très en vogue sur le Net depuis quelques mois, qui éteint les incendies en quelques secondes selon la publicité n'est que la remise au goût du jour d'un produit utilisé dans les années 60. Interrogé sur cet appareil, le lieutenant-colonel Quetier a jugé ne pas avoir assez de recul pour se prononcer sur l'efficacité de ce système.
Les réflexes à adopter
Les Préfectures prennent les devants et dressent la liste des réflexes à adopter.
- Avant chaque hiver, faire systématiquement vérifier et entretenir les installations de chauffage et de production d'eau chaude et les conduits de fumée par un professionnel qualifié.
- Tous les jours, aérer au moins dix minutes, maintenir les systèmes de ventilation en bon état de fonctionnement et ne jamais obstruer les entrées et sorties d'air.
- Systématiquement respecter les consignes d'utilisation des appareils à combustion prescrites par le fabricant : ne jamais faire fonctionner les chauffages d'appoint en continu ; placer impérativement les groupes électrogènes à l'extérieur des bâtiments ; ne jamais utiliser pour se chauffer des appareils non destinés à cet usage : cuisinière, brasero, barbecue, etc.
Il est fortement recommandé d'agir vite, car une intoxication peut aggraver votre état de santé en quelques minutes. Alors en cas de suspicion, plusieurs gestes : aérer immédiatement, arrêter si possible les appareils de combustion et évacuer les locaux.
Des numéros d'urgence sont aussi à votre disposition : le 15, le 18 ou le 112 (114 pour personnes malentendantes).
Sur le premier semestre 2023, 15 foyers d’intoxication au monoxyde de carbone avec un bilan de 36 personnes intoxiquées ont déjà été portés à la connaissance de l’Agence régionale de Santé de Normandie.