Deux unités de production sont désormais autorisées à reprendre leurs activités sur le site de Lubrizol, après un avis favorable validé mardi 8 juillet pour la production de dispersants. Certains s'inquiètent déjà que l'on privilégie l'économie à la sécurité.
Le Conseil Départemental de l'Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques -CoDERST-a émis un avis favorable ce mardi 7 juillet pour relancer un nouvelle activité sur le site de Lubrizol, unité à l'arrêt depuis la catastrophe du 26 septembre 2019.
En décembre dernier, l'activité de mélanges de produits avait été autorisée à reprendre, cette fois il s'agit de l'unité de production de dispersants, composants intégrés aux lubrifiants.
Désormais, ce sont donc deux unités qui ont repris leurs activités.
Seule la production d'antioxydants est toujours à l'arrêt, la direction de Lubrizol ayant renoncé définitivement à son activité de stockage, fameuse zone de l'usine incriminée dans l'incendie.
Cette nouvelle étape dans la reprise de l'activité inquiète les associations qui la juge précipitée.
La question centrale pour les ministères de l'environnement et de l'économie, c'est la reprise des profits pour Lubrizol et de l'activité économique. On craint comme pour l'après AZF que la priorité à l'économie mette en danger la vie des salariés et des populations, et l'environnement
Nettoyage du site toujours en cours
Les riverains s'impatientent, toujours plongés dans les odeurs nauséabondes des hydrocarbures, neuf mois après l'incendie.Les fûts prioritaires ont été évacués en janvier dernier, et Lubrizol a annoncé récemment que le déblaiement du premier bâtiment de 900 m2 était terminé.
Il faut dorénavant procéder au nettoyage du deuxième bâtiment, un chantier beaucoup plus important car le site est 10 fois plus vaste.
Ces 9000 m2 seront nettoyés d'ici la fin de l'été selon la préfecture de Seine-Maritime, qui a demandé aux exploitants de respecter ce calendrier, en vue du premier anniversaire de la catastrophe.
Un anniversaire que ne manqueront pas les collectifs citoyens et les associations environnementales, qui se retrouveront ce jour là pour manifester.
Le maire de Rouen s'inquiète du manque de garanties
Le nouveau maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol a bien sûr communiqué ce mardi 7 juillet sur l'étendue des activités de l'usine Lubrizol.S'il déplore n'avoir pas été associé aux décisions du CoDERST -seul le président de la Métropole y participe- mais seulement avoir été invité à la réunion par courtoisie, Nicolas Mayer Rossignol s'inquiète surtout du fond du dossier.
En décembre dernier, ils étaient un certain nombre d'élus -maires, parlementaires et élus locaux- à co-signer un document listant les conditions préalables à toute reprise de l’activité du site.
Ils demandaient alors "que la parole et l’inquiétude légitime des habitants soient entendues à leur juste niveau. A catastrophe exceptionnelle, procédure exceptionnelle. Celle du CODERST est nécessaire mais pas suffisante. Nous demandons que le dossier de demande de réouverture partielle soit rendu public. Nous demandons que son analyse soit menée à la fois par la DREAL Normandie et par un autre service public indépendant compétent en matière d’évaluation des risques, de façon contradictoire".
Les élus souhaitaient également qu’un panel de citoyens habitant le territoire, tirés au sort comme l'a fait le Gouvernement pour la Convention citoyenne écologique au plan national, puisse visiter le site de Lubrizol, poser les questions qu’il souhaite à l’exploitant comme à la DREAL et formuler en toute indépendance un avis auprès de l’Etat.
Selon le maire de Rouen, ces souhaits n'ont pas été entendus pour l'instant.
Cyrille Moreau, président des élu.es écologistes à la Métropole est tout aussi circonspect, et a aussi communiqué en ce sens.
"Cette entreprise a maintes fois fait la preuve qu’elle n’est pas mesure de garantir les conditions de sécurité nécessaires à son fonctionnement"