Cinq jours après l'incendie du site Lubrizol et alors que de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer un manque de transparence, la préfecture de Seine-Maritime a organisé ce mardi 1er octobre une conférence de presse pour faire le point sur la situation et rassurer la population.
Plusieurs centaines de manifestants ont défilé ce mardi soir dans les rues de Rouen pour réclamer la "vérité". Cinq jours après l'incendie du l'usine chimique Lubrizol classé seveso, l'inquiétude et la colère sont vives dans l'agglomération rouennaise. "Nos enfants en danger", "le préfet doit sauter", scandaient les manifestants, partis du palais de justice en direction de la préfecture de Normandie. "Ils cachent la vérité, à nous tous d'enquêter", lisait-on aussi sur une affiche brandie par une manifestante, tandis qu'une banderole réclamait le retour d'un "air normalement pollué".
C'est dans ce contexte tendu que la préfecture de Seine-Maritime a organisé en fin d'après-midi une conférence de presse pour faire le point sur la situation et tenter de rassurer la population. Comme le Premier ministre l'avait annoncé un peu plus tôt dans la journée, le représentant de l'Etat dans le département a annoncé que la liste des produits qui ont brûlé dans l'incendie de l'usine Lubrizol sera publiée, en fin de journée, sur le site internet de la préfecture.
"Pas de risque lié à l'amiante"
Lors de cette conférence de presse, les autorités ont tentu à dissiper toute crainte lié à l'amiante. "En ce qui concerne l'amiante dans l'air, on est sur le bruit de fond des fibres d'amiante dans l'air, des niveaux extrêmement faibles", a assuré Patrick Berg, directeur de la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) de Normandie. "On peut estimer qu'avec cette première série de relevés, il n'y a pas de risque lié à l'amiante. Ce risque n'est pas avéré". Ces prélèvements d'air ont été réalisés par la société Lubrizol "vendredi à ses frais", selon la même source."Ce qui est dangereux pour la santé, c'est les fibres d'amiante dans l'air", a rappelé M. Berg. "Les fûts sous l'effet de la chaleur ont explosé et ont fracassé (une) toiture en fibrociment et ont projeté à des distances assez consistantes des fragments de fibrociment" mais "cette projection ne diffuse pas de fibres d'amiante dans l'air", a assuré le haut fonctionnaire.
160 fûts à évacuer
Evoquant le traitement des fûts "endommagés", Pierre-André Durand a précisé qu'"il (en) restait de l'ordre de 1.000 dont 160 sont en état délicat". Pour ces 160 fûts, "un protocole d'intervention est en cours de finalisation que je devrais signer dès ce soir", a-t-il ajouté. Il permettra, selon lui, dans les prochains jours l'évacuation de ces fûts "qui participent aux émanations d'odeurs".Patrick Berg a précisé que ces 160 fûts "contiennent un produit qui comprend du soufre et dont l'échauffement peut produire du mercaptan et du H2S (sulfure d'hydrogène) qui est beaucoup plus toxique que le mercaptan". "Mercaptan et H2S sont des composés préoccupants" mais "il n'en a pas été détecté", selon lui.
Les agences publiques chargées des risques industriels (Ineris) et de la santé (Anses) vont être consultées sur l'éventualité de rechercher de nouveaux produits dans les retombées, a annoncé de son côté la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
Le parquet de Rouen se dessaisit de l'enquête
Le parquet de Rouen a annoncé ce mardi en milieu d'après-midi qu'il se dessaisissait de l'enquête au profit du pôle de santé publique de Paris, en raison notamment de la "technicité" des investigations. "Plus d'une quarantaine de plaintes" ont été déposées à la suite de l'incendie.Le parquet a en outre précisé que l'origine du feu était pour l'heure impossible à déterminer "avec certitude". La société Lubrizol avait affirmé lundi que l'incendie avait vraisemblablement commencé à l'extérieur du site, en se basant sur "la vidéosurveillance et des témoins oculaires".