Les retombées des fumées de l'incendie de Lubrizol risquent de contaminer de nombreuses cultures et pâturages dans le département.
Ce samedi, sur les marchés et chez les maraichers, beaucoup d'interrogations. De la tristesse aussi pour les cultivateurs engagés dans l'agriculture biologique et les clients qui aiment les "circuits courts"
On n'a pas vraiment reçu de consigne
Ces élèments-là quand ils brûlent changent de nature. Que sont-ils devenus, quelle toxicité ?
La catastrophe de l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen n'a pas de précédent dans le département de la Seine-Maritime. Face à la fumée noire qui s'est élevée haut dans le ciel de l'agglomération de Rouen et aux flaques noires d'hydrocarbures qui sont apparues après les dernières pluies, les acteurs du monde agricole s'inquiètent des conséquences de la pollution sur leurs récoltes ou leurs bêtes. Mais les réponses à leurs questions se font attendre.
(Stéphane Donckele, secrétaire général de la FDSEA et éleveur)On a besoin d'en savoir plus sur le risque. On n'est pas là pour intoxiquer les gens
"Je n'ai pas eu de consignes de la part de la préfecture. Il est difficile de savoir à quoi s'attendre avant d'avoir les résultats des échantillons prélevés", confie Jean-Francois Knoops, vétérinaire référent du Groupement de défense sanitaire apicole de Seine-Maritime. "Un de nos apiculteurs m'a appelé pour savoir quoi faire, mais il était difficile de lui répondre. Il va certainement y avoir des conséquences; mais lesquelles ? Les abeilles risquent de stocker du pollen pollué aux hydrocarbures dans la ruche pour l'hiver. Mais impossible de savoir à quelle dose et d'en connaître la toxicité".
Rentrer les animaux pour éviter le pâturage
Les agriculteurs aussi regardent avec anxiété le nuage noir qui plane au-dessus de leurs têtes. "Nous restons inquiets sur les conséquences à moyen et long terme d’un tel accident. Quel sera l’impact direct des suies sur nos cultures ? Comment allons nous gérer nos pâturages?" s’interroge Sylvain De Bosschère, président de la Coordination rurale (CR) de Seine Maritime dans un communiqué publié vendredi. "Nous conseillons aux agriculteurs impactés de faire des prélèvements et de se rapprocher d’un huissier pour faire constater les dégâts", recommande Yvette Lainé, Présidente de la CR Normandie.Sur son compte Twitter, la présidente de la Chambre d'agriculture de Seine-Maritime, Laurence Sellos, conseille même aux agriculteurs situés dans les périmètres concernés par les fumées et émanations à "collecter toute forme de «preuves» liées à cet événement et qui peuvent porter préjudice à leur activité agricole".
Les agriculteurs situés dans les périmètres concernés par les fumées et émanations doivent collecter toute forme de « preuves » liées à cet événement et qui peuvent porter préjudice à leur activité agricole. @Agri_Normandie @Prefet76 @FNSEA76 @RegionNormandie https://t.co/JFaA0YWYYo
— Laurence Sellos (@LaurenceSellos) 26 septembre 2019
En attendant des résultats plus poussés sur la toxicité éventuelle des fumées, le monde agricole s'en tient aux consignes officielles. Laurence Sellos rappelle les précautions à prendre : rentrer les animaux pour éviter le pâturage et suspendre les ensilages de maïs.
La DDTM et la ddpp 76 préconisent par mesure de précaution de:
— Laurence Sellos (@LaurenceSellos) 26 septembre 2019
- rentrer les animaux dans la mesure du possible pour éviter le pâturage - de suspendre les ensilages de maïs afin de ne pas enfermer des produits pollués en attente analyses complémentaires @Prefet76 @FNSEA76 https://t.co/X7dluYJ017
"Il faudra entamer les stocks de l’hiver"
La préfecture a recommandé aux agriculteurs situés dans des zones impactées par le passage du nuage de fumées, de rentrer les animaux afin de sécuriser leur abreuvement et leur alimentation. "La préfecture a annoncé qu’il n’y avait aucun danger pour les habitants de Rouen et ses environs, mais nous a alerté du danger pour nos animaux", ajoute Yvette Lainé. "Il est évident que les agriculteurs ne laisseront pas les animaux consommer des aliments souillés, il faudra entamer les stocks de l’hiver déjà bien faible pour certains… ".Concernant les cultures, il est demandé aux agriculteurs d’attendre des précisions subséquentes avant de récolter leurs productions, et surtout de ne pas tenter d’enlever les dépôts de suie. "Pour la gestion de ces suies, nous restons en attente des recommandations préfectorales" explique Sylvain De Bosschère.