Ce vendredi 15 novembre, une vingtaine d’agents de la police municipale de Rouen s’est mobilisée pour dénoncer une augmentation de leur salaire insuffisante à leurs yeux. Leur préavis de grève est reconductible jusqu’au 29 décembre.
Ils se sont mobilisés dès 6h30 ce vendredi 15 novembre 2024 devant leur poste de police, situé rue Orbe dans le centre-ville de Rouen.
Pas d’augmentation depuis 20 ans
Les policiers municipaux présents sont en colère. Car comme l’explique Guillaume Larose, secrétaire général CGT des territoriaux de Rouen : «il n’y a pas eu d’augmentation depuis 20 ans. Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est 5% d’augmentation sur notre traitement brut, quand nous réclamons 8% ».
D’après le représentant syndical, l’écart représenterait 100 euros bruts par agent et par mois, soit 112 000 euros d’écart à l’année à Rouen.
Au bon vouloir des élus locaux
En juin dernier, un décret a modifié le régime indemnitaire des policiers municipaux, c’est-à-dire la façon dont ils sont rémunérés. Une « prime police » qui comporte une part fixe et une part variable a notamment été instaurée. Ce sont aux élus locaux d’en déterminer le montant. Pour les syndicats, la crainte est que cela entraîne des écarts importants d’une commune à l’autre.
« Nous sommes exposés au quotidien aux incivilités. Le maire reconnaît lui-même la valeur professionnelle des agents de la police municipale de Rouen » poursuit Guillaume Larose. « La création d’un nouveau poste, rive gauche dans le quartier Saint-Sever, a été annoncée d’ici à la fin de l’année 2025. Il faut que le maire soit à la hauteur des enjeux politiques. Si on est en capable de créer des postes et de recruter, il faut payer nos collègues correctement ».
Une grève reconductible
Sur les locaux de la police municipale, des banderoles ont été affichées ce vendredi matin. « Pour la sécurité de notre ville, nous jouons nos vies » pouvait-on lire. Ou encore « Nous sommes des policiers exposés et mal payés », « Mr le maire valorisez notre engagement ».
Parmi les missions de la police municipale de Rouen, comme l’indique le site internet de la mairie, figurent la police de la route et de la circulation, mais aussi « tous les événements ponctuels qui peuvent impacter la tranquillité publique et le vivre ensemble » comme les tapages, les conflits de voisinage, les ivresses publiques, les squats. Depuis 2020, le nombre d’agents est passé de 54 à 65 agents selon la mairie. Et une brigade de nuit a même été créée du mardi au dimanche.
Alors la CGT compte ne rien lâcher. Le préavis de grève est reconductible jusqu’au 29 décembre à Rouen. Le syndicat envisage des journées « police municipale morte » en décembre si le maire n’accède pas à leurs demandes. Dès ce vendredi 15 novembre à 14h et jusqu’au samedi 16 novembre 6h, il n’y aura pas de police municipale annoncent les grévistes.
Un mouvement national va également débuter le 19 novembre. Au-delà de leur augmentation, l’accroissement du nombre de jours de carence en cas d’arrêt maladie pour les agents de la fonction publique envisagé par le gouvernement dans le budget 2025 pèse également lourd.
Un contexte national complexe
De son côté, Matthieu de Montchalin, adjoint au maire de Rouen en charge notamment des ressources humaines, tient à rappeler le contexte national auquel les collectivités territoriales font face.
"Si les demandes d'économie faites aux collectivités territoriales par le gouvernement pour le budget 2025 sont actées telles qu'elles ont été annoncées, la mairie de Rouen va devoir faire six millions d'économie. Une mairie est contrainte d'avoir un budget à l'équilibre notamment sur son budget de fonctionnement".
L'adjoint en charge des agents de la Ville rappelle que des négociations sont en cours depuis un an avec l'ensemble des syndicats pour la revalorisation de leur régime indemnitaire. Les agents de la fonction publics ont en effet une part de salaire fixe et une part variable en fonction du parcours de chaque agent (ancienneté, diplôme, fonction....).
Des mesures conséquentes
"Dans l'attente du budget 2025, le maire de Rouen a décidé de mettre en stand-by ces négociations pour voir si nous récupérons des marges de manœuvre. À l’exception de deux métiers en forte tension : la police municipale et ceux de la petite enfance", poursuit Matthieu de Montchalin. "Nous prenons acte de la déception de la CGT, mais nous avons annoncé des mesures qui en moyenne vont faire augmenter le salaire annuel des policiers municipaux de 1000 à 1500 euros par an. Ce n'est donc pas une petite prime anecdotique. Par ailleurs, ce jeudi 14 novembre, lors d'une réunion de négociation, le maire a fait savoir qu'il ne pouvait pas faire plus cette année. Mais qu'il s'engage à faire plus dans les années qui viennent. La CGT a refusé ce point et nous nous sommes quittés sur ce constat d'échec."
Et l'adjoint au maire de conclure : "la mesure annoncée par le maire est une mesure de responsabilité. C'est peut-être frustrant mais les policiers municipaux font partie des deux seules professions qui auront avec certitude quelque chose cette année. Sans compter que depuis le début du mandat, c'est le service qui a bénéficié des recrutements les plus nombreux et que nous investissons en matériel (gilets par balle, motos électriques) pour que leurs conditions de travail soient meilleures encore".