La commune rurale de Fontaine-le-Bourg près de Rouen devrait fermer son usine d'ici 2028. Le groupe d'équipements électriques Legrand l'a annoncé en novembre. Un redéploiement sans licenciement. Les salariés normands le vivent comme un déchirement et une injustice vis-à-vis de leur engagement.
"C'est toute une histoire qui s'efface. On est une entreprise florissante ici à Fontaine-le-Bourg, une entreprise qui crée de la richesse". Christophe Ovide est assembleur à l'usine Legrand et représentant de la CGT. Il travaille dans ces ateliers depuis 1987, cela fait 37 ans.
Son père l'avait précédé dans cette usine implantée à la campagne, dans la haute vallée du Cailly, à une vingtaine de kilomètres de Rouen.
Christophe et les 98 autres salariés ont appris le 19 novembre dernier que le groupe français Legrand prévoyait de fermer l'usine d'ici 2028. Il est question de "plan d'adaptation industriel" et de "redéploiement d'activité" sans licenciement, dans le contexte de crise des constructions neuves.
Les salariés de Fontaine-le Bourg pourraient être mutés sur le site voisin de Malaunay. Cette fermeture fait suite à celle d'une autre usine Legrand à Montville, en 2013.
Un enchaînement de fermetures, illustration de la désindustrialisation qui sinistre les petites villes françaises.
On a des produits-phares qui partent en Asie, d'autres en Estonie, en Italie. Que vont devenir nos enfants, nos petits-enfants ?
Christophe Ovide, salarié et représentant de la CGT à l'usine Legrand
"Une entreprise qui fait un chiffre d’affaires énorme et des bénéfices conséquents"
En Seine-Maritime, l'usine normande de Fontaine-le-Bourg a été choisie pour cette première action de "décembre rouge" de la CGT qui donne l'alerte sur l'accélération des plans sociaux.
Guillaume Lamour est délégué syndical. Il travaille à l'usine Legrand voisine de Malaunay depuis 26 ans. Il se souvient qu'ils étaient alors 1 200 dans les 4 sites seinomarins du groupe.
La fermeture de l'usine de Fontaine-le-Bourg est pour lui incompréhensible. "On est dans une entreprise qui fait un chiffre d’affaires énorme et des bénéfices conséquents".
Malgré les efforts que les salariés fournissent au quotidien, on a l'impression que ce n'est jamais suffisant.
Guillaume Lamour, salarié et représentant syndical CGT
Aux côtés des salariés et des militants de la CGT, la députée "La France Insoumise", Alma Dufour. Elle décrit une situation dans l'industrie qui s'aggrave, "On voit dans beaucoup de secteurs stratégiques comme l'automobile, qu'on est face à un mur de fermetures, et ça fait deux ans qu'on alerte".
La direction s'est engagée en novembre à "mettre en place les formations adéquates" pour permettre "à chaque salarié impacté de pouvoir retrouver un emploi au sein du groupe".
La société Legrand, créée en 1865 dans la Vienne, est devenue un groupe coté en Bourse. Il emploie 5 000 salariés en France et possède des sites dans 90 pays.
Le groupe va fermer son usine de Limoges (Haute-Vienne) et sa cinquantaine de salariés sera invitée à aller travailler dans une usine voisine.