Orchestres normands : une fusion qui cache son nom ?

La Région a tranché sur le scénario qui attend l'orchestre régional de Normandie et l'orchestre de l'Opéra de Rouen : l'actuel Etablissement public de coopération culturelle (EPCC) aura désormais sous sa tutelle ces deux entités. Pour certains musiciens c'est une fusion qui ne porte pas son nom.

"On a jamais parlé de fusion mais de "rapprochement", souligne Catherine Morin-Desailly, présidente de la commission Culture, Tourisme, Attractivité de la Région Normandie. Lundi 27 juin, celle qui est aussi sénatrice de la Seine-Maritime a participé avec le président de région Hervé Morin et Patrick Gomont, vice-président de la Région Normandie, chargé de la Culture et du Patrimoine à la conférence de presse de présentation du scénario choisi pour l'avenir de l'orchestre régional de Normandie, situé à Mondeville et l'orchestre de l'opéra de Rouen. Il a été décidé d'une option de refonte des statuts de l'Etablissement public de coopération culturelle (EPCC) qui porte actuellement l’orchestre de l’opéra Rouen Normandie. Il portera désormais aussi l'orchestre régional de Normandie (ORN). Aujourd'hui association, la structure passera sous la tutelle de l'EPCC qui aura donc en charge les deux orchestres.

La proposition qu’on retient est d’avoir une seule entité juridique pour piloter le projet de rapprochement EPCC. C’est une structure juridique solide. Elle permet l’harmonisation par le haut des salaires des musiciens.

Catherine Morin-Desailly, sénatrice de la Seine-Maritime et Présidente de la commission Culture, Tourisme, Attractivité de la Région Normandie

France 3 Normandie

Car selon la sénatrice, les différences de salaire entre l'ORN et l'orchestre de l'opéra de Rouen sont trop important.

Enfin, les deux orchestres vont être maintenus, indique la Région, principal financeur de ces deux structures, mais il n'y aura plus qu'une seule direction générale et musicale. L'actuel directeur de l'orchestre régional de Normandie, Pierre-François Roussillon, n'assurera plus cette fonction.

"La fusion est en marche"

"Si une association est dissoute pour rejoindre un EPCC, c'est une fusion, c’est pas un rapprochement, estime Corinne Basseux Béguin, violoniste à l’ORN. Ils promettent le bi-site, ils vont certainement le respecter mais chez nous il va il y avoir des départs à la retraite, que vont-ils faire de ces postes ? Quand on parle de pérennisation des emplois ce n'est pas la même chose que les postes."

Des inquiétudes face aux changements à venir pour son orchestre, partagée par Batiste Arcaix, bassoniste à l'opéra de Rouen et représentant syndical de la SNAM, une branche de la CGT. Des réunions ont eu lieu entre le bureau d'étude en charge de l'élaboration des différents scénarios envisageables et les salariés. Mais selon lui, les personnels ont été écarté des groupes de travail au bout de trois réunions. "On n’a pas du tout été entendu sur les problèmes qu’on a soulevé. La fusion des orchestres est en marche et on espère au moins pouvoir participer aux négociations. On a peur que l’orchestre de Caen disparaissent , qu’on se retrouve dans des petits "pool" (ensemble) de musiciens mélangés dans tous les sens et que l’excellence ne soit pas du tout respectée", explique-t-il.

Car l'un des objectifs présenté par la Région est de réunir sur certains concerts les deux orchestres. Mais certains musiciens ont peur que cela réduise le nombre de leur représentation. "Je crains une perte d’un nombre de concerts inimaginables par rapport à ce qu’on fait actuellement car on sera beaucoup occupé à Rouen. Les Rouennais aussi vont bouger. Les deux orchestres se déplacent et forcément c’est une perte de concerts, d’actions culturelles, réagit Corinne Basseux Béguin qui s'inquiète également de perdre le contact et la proximité avec les territoires. J’ai choisi l’orchestre de Caen parce que c’était l’esthétique musicale qui me convenait davantage. Parce que c’était 18 musiciens, des petits ensemble. Ma vie ce n'est pas les grands orchestres symphoniques."

Nous, notre ADN, c’est justement les concerts dans les petits lieux et la proximité avec le public et toutes les actions culturelles dans les écoles, les prisons, les hôpitaux.

Corinne Basseux Béguin, violoniste à l’orchestre régional de Normandie

France 3 Normandie

Un changement mais pas tout de suite

Un état d'esprit qui perdurera, selon la présidente de la commission Culture, Tourisme, Attractivité de Normandie car, selon elle, la Région elle-même se dirige dans en ce sens. "C’est notre intention la diffusion dans les territoires, au plus proche des Normands", rassure-t-elle. Le cahier des charges sera défini à partir de la rentrée, après "l'étape d'assistance de maîtrise d'ouvrage", détaille Catherine Morin-Desailly. Contribueront à son élaboration la Région et l'Etat "avec les département s'ils souhaitent s'impliquer et on associera d'une manière ou d'une autre les musiciens", précise-t-elle.

Concernant les inquiétudes des musiciens sur l'avenir, la sénatrice en a conscience : "On n’est pas là pour appauvrir mais pour renforcer et enrichir. On s’engage plus fortement. On créé les conditions de l’ambition et de la pérennité parce que c’est un choix fort."

Pour l'heure, l'ORN et l'orchestre de l'opéra de Rouen poursuivront leurs missions actuelles. Les changements s'affineront à la rentrée 2023, indique la présidente de la commission culture de la Région sans donner de dates précises sur leur mise en place.

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