C'est une pratique qui fait de plus en plus d'adeptes. La pêche à l'aimant permet de remonter à la surface des déchets métalliques qui dorment au fond de l'eau. Si les pêcheurs y voient un moyen de dépolluer les fleuves, les autorités interdisent de plus en plus cette pratique. Explications.
Une corde en guise de canne à pêche et un hameçon un peu inattendu. Chaque semaine, Chris et Enzo, deux amis de 17 et 18 ans, se retrouvent sur les quais de Seine de Rouen (Seine-Maritime) pour une activité très tendance : la pêche à l’aimant.
"On lance l’aimant dans les canaux, les fleuves, les cours d'eau et on remonte à la surface ce qui s'accroche à l'aimant. C'est pour dépolluer", nous explique Chris qui pratique la pêche à l'aimant depuis deux ans.
Un guidon de vélo et un coffre
Son aimant peut soulever jusqu’à 300 kilos de ferraille. À chaque lancer, son lot de surprise. "La semaine dernière, on a trouvé une caisse avec des clés. Sinon en général, on trouve des bouts de ferraille, des capsules, des boulons. On trouve pas mal de choses qui n'ont rien à faire dans la Seine."
Enzo, lui, a déjà remonté un guidon de vélo, "mais sans le vélo", plaisante-t-il. Si les deux amis souhaitent dépolluer la Seine, pas question de polluer les quais une fois la ferraille remontée à la surface. "On appelle la mairie de Rouen qui nous dirige vers la Métropole pour venir ramasser les déchets", explique Chris.
La pêche à l'aimant est devenue très tendance il y a quelques années, notamment grâce à un célèbre Youtubeur, ChrisDetek. Ce dernier filme ses sessions et ses trouvailles. Ses vidéos cumulent des millions de vues.
Une pratique écologique, mais dangereuse ?
Si ces pêcheurs nouvelle génération y voient un acte écologique, les préfectures sont de plus en plus nombreuses à interdire cette pratique. Car au fond de l’eau dorment toujours des explosifs et munitions de la Seconde Guerre mondiale.
Le département du Calvados a été le premier à interdire la pêche à l'aimant. Début juin 2020, une personne a remonté du fond d'un cours d'eau à Caen une grenade. Un an plus tard, un obus explosif avait été remonté à la surface à hauteur de Louvigny. Les démineurs avaient dû intervenir en urgence.
"C’est en train de se répandre en France. À Caen, c’est là qu’on trouve le plus d’explosifs, on a déjà fait des pêches, il n’y a que ça dans l’eau", nous explique Matthieu Prunotto, qui publie ses vidéos sur sa chaîne YouTube "Normandie Détection".
Lui-même a déjà repêché une grenade dans un cours d'eau de l'Orne. "Quand vous avez ça au bout de l’aimant, il faut le poser par terre, s’éloigner et contacter la gendarmerie qui contactera les démineurs".
Jusqu'à 1.500 euros d'amende
La pêche à l’aimant est désormais soumise à l’autorisation de l’État. Si vous ne l’obtenez pas, vous risquez une amende pouvant aller jusqu’à 1.500 euros.
En cas de découverte fortuite d’une munition :
- Interdisez à quiconque d’y toucher. En cas d’accident, votre responsabilité pourrait être engagée.
- Marquez l’emplacement de l’engin par un repère quelconque afin de faciliter l’intervention des démineurs.
- Restez discret pour éviter d’attirer les curieux.
- Prévenez la mairie, la gendarmerie ou la police, ce sont eux qui avertiront les autorités compétentes selon une procédure particulière, et qui prendront les mesures qui s’imposent