Minas Andzyan est Arménien, il est arrivé en Normandie à l’âge de 7 ans pour quitter un pays en conflit et devenir sportif de haut niveau. Avec son club de Grand-Quevilly, il a franchi de nombreuses étapes malgré les difficultés administratives. Rencontre avec la pépite du judo normand.
À 17 ans il est l’une des étoiles montantes du judo français, lui l’Arménien déraciné de son pays depuis maintenant 10 ans. En Normandie ses parents ont trouvé une terre d’accueil loin des conflits géopolitiques qui touchent le haut Karabakh avec l’espoir que Minas puisse suivre les traces de son père, ancien lutteur professionnel.
Mon père fait tout ce qu'il peut pour que je réussisse dans le sport, toute ma famille aussi d'ailleurs. Je suis celui qui ouvre le chemin.
Minas Andzyan, judoka
Sur son passage peu d’adversaires résistent à sa puissance. Sacré champion de France cadet chez les moins de 90 kilos en mars dernier, l’Arménien enchaîne les performances de haut niveau et obtient une dérogation pour porter le kimono de l’équipe de France.
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Sous ses nouvelles couleurs, il décroche le bronze à l’European cup de Berlin. Installé à côté de Minas dans le canapé de l'appartement familial, son frère Hakob est admiratif.
C'est le résultat d'un travail acharné. Il a toujours visé l'excellence. Il a toujours fait plus que les autres, il n'est pas arrivé là par magie.
Hakob Andzyan, frère de Minas
Et cette médaille européenne, il est allé la chercher au courage et en voiture.
En attendant d’obtenir la nationalité française Minas a pour seul papier d’identité un passeport périmé. Alors quand ses partenaires voyagent en avions, les Andzyan sont contraints de rejoindre l’Allemagne par la route.
Quand j'arrive là-bas, je me sens un peu différent des autres qui sont arrivés par avion. Quand je fais douze heures de route, je n'ai pas le droit de repartir sans médaille. C'est aussi pour a que je me donne à fond en compétition.
Minas Andzyan, judoka
Le jeune homme ajoute. "Si je ne gagne rien, le retour va être encore plus long aussi." Minas avance malgré tout avec détermination et sagesse.
Un mental imperturbable
Dans le dojo de Grand-Quevilly, le judoka s'entraîne. "Mains intérieures, va saisir, va saisir", entend-on. Les directives viennent de son entraîneur Paco Legrand qui a vu éclore Minas et devenir ce robuste combattant au mental imperturbable.
Il ne se laisse pas emporter par la fougue de la compétition ou le stress. Il a une grande intelligence dans le combat. Il est en perpétuelle recherche de nouvelles solutions techniques quand un nouveau cas de figure se dresse face à lui.
Paco Legrand, entraîneur du Judo Club Grand Quevilly
Son entraîneur nous fait une promesse. "Il a fait un bond en avant mais il n'est qu'au début. Je peux vous assurer que Minas, on va le revoir sur des grosses compétitions dans quelques années."
Effectivement imperturbable, la pépite du judo normand a un objectif clair et affiché.
Mon réel objectif en tant que judoka : les Jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles où je vais viser la médaille d'or.
Minas Andzyan, judoka
"Ce n’est pas un fardeau pour moi de gagner ou de perdre. Je vis en faisant du judo, c'est une belle vie pour moi." Prochaine étape : les championnats d’Europe en Bulgarie fin juin. Après plus de 24 heures de route et quelques combats il pourra espérer faire résonner pour la première fois l’hymne national français.