Alors que les habitants de Bardouville (Seine-Maritime) se mobilisent depuis plusieurs semaines contre un projet de stockage de gravats venant des travaux du Grand Paris en bord de Seine, le préfet de Normandie et de la Seine-Maritime explique pourquoi il a donné son feu vert.
Les importants travaux en cours en région parisienne pour réaliser les futures lignes de transport en commun du "Grand Paris" génèrent d'énormes quantités de gravats.
Des déchets qu'il faut évacuer et stocker.
Parmi les lieux d'accueil de ces matériaux, une ancienne carrière située dans la commune de Mauny (Seine-Maritime), entre La Bouille et Duclair, a été sélectionnée pour y déposer près de 400.000 m3 de déchets inertes.
Des riverains mobilisés contre le projet de stockage
Informés de ce projet, des habitants du secteur, et notamment ceux de la commune voisine de Bardouville, se sont regroupés au sein d'une association pour s'opposer au stockage de ces déchets. Ces opposants craignent que les gravats du Grand Paris soient pollués.
Ils sont également mobilisés contre la circulation des camions (qu'ils estiment à 120 par jour) qui amèneront les gravats dans l'ancienne carrière en traversant leur village.
Feu vert de la préfecture de la Seine-Maritime
Fin avril 2022 on apprenait, par la publication d'un arrêté préfectoral, que l'exploitation du site était autorisée. Des mesures ont été prises pour tenir compte des préoccupations des habitants, comme l'a annoncé Pierre-André Durand, préfet de Normandie et de la Seine-Maritime, à notre journaliste Emmanuelle Partouche :
"Le projet lui-même a été modifié. Je rappelle que ces terres vont venir en Seine-Maritime par barge, par la Seine, donc ce qui est vertueux. Il y a ensuite un moment où, bien sûr, il faut emprunter la route. Le surcroit de trafic est estimé à environ 11%. Donc, nous ne sommes pas sur des proportions considérables."
"Et pour tenir compte des inquiétudes de certains riverains, il a été veillé à éviter des circulations le week-end, et même à interdire des circulations aux heures d'entrée et de sortie des écoles."
Les déchets en provenance des travaux du Grand Paris présentent-ils un danger ?
Les déchets en provenance des travaux du Grand Paris présentent-ils un danger ? Le préfet de la Seine-Maritime se veut rassurant en précisant que "ces déchets inertes sont des terres non polluées, ou, si elles le sont, qui respectent des seuils préservant l'environnement, et notamment la nappe phréatique."
Quant à l'ancienne carrière où ces déchets doivent être stockés, Pierre-André Durand, explique qu'il s'agit d'une opération de renaturation :
"De quoi parle-t-on ? Nous parlons d'un site qui a été dénaturé par l'homme. Et de quoi s'agit-il en l'espèce, il s'agit de le combler. En quelque sorte, de permettre sa renaturation avec un dépôt de terres."
Une opération vertueuse sur le plan environnemental assure le préfet :
"Il faut aussi être cohérent : on ne peut pas à la fois souhaiter la mise en place de transports vertueux [en région parisienne], car quoi de plus vertueux qu'un métro qui va transporter des millions de personnes, et s'opposer au recyclage, vertueux également, de terres qui vise à combler un site dénaturé par l'homme. Je rappelle qu'une carrière, c'est quelque part une forme un peu agressive du traitement de l'environnement."
Le collectif des opposants a désormais un délai de deux mois pour déposer un recours administratif contre l’arrêté préfectoral.