Première en France : à Forges-les-Eaux, un défibrillateur envoyé par drone pour sauver des vies

La Normandie est la première région française à tester un dispositif innovant : Un défibrillateur acheminé par drone, qui permettrait de sauver des vies en cas d'arrêt cardiaque. La phase de test est lancée par le Samu de Rouen et la société rouennaise Delivrone

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C'est presque une scène de science-fiction.

Au beau milieu d'une prairie verdoyante, une jeune femme lève le nez vers le ciel, et cavale vers le drone qui atterrit sur l'herbe, délivrant sa précieuse denrée sanitaire  au bout d'une cordelette : un défibrillateur. Munie de cet appareil, elle se dirige vers la personne couchée à terre, victime d'une crise cardiaque.  Au téléphone, le SAMU lui donne des consignes claires : " Ouvrez le défibrillateur et placez les électrodes, une au niveau de l'épaule droite, l'autre au niveau du flanc gauche. "

Le défibrillateur acheminé par drone : une première en France 

Nous sommes à Forges-les-eaux où est testée en ce moment même cette nouvelle technologie, une première en France : l'acheminement automatisé par drone d'un défibrillateur, destiné à sauver des vies. Une innovation qui a déjà fait ses preuves en Suède. 

Cette phase de test est lancée par le SAMU de Rouen et la société rouennaise Délivrone.

Ils sont partis d'un constat : les arrêts cardiaques représentent  50 000 morts par an, seules 5%  des victimes survivent. 

" Autrement dit, survivre à un arrêt cardiaque aujourd'hui c'est un miracle, malgré le boulot fantastique des services d'urgence..." précise Gautier Dhaussy, président de Délivrone.

"Chaque minute qui passe, c'est 10 % d'espérance de vie en moins"

Sa société s'est spécialisée dans les drones à usage de la santé, avec transports de produits d'urgence.

" On a pris conscience des enjeux en discutant avec des services d'urgence, explique Gautier Dhaussy, Dans l'arrêt cardiaque, il faut intervenir dans les 10 minutes. Entre l'arrêt du cœur et la défibrillation, chaque minute qui passe, c'est 10 % d'espérance de vie en moins. L'idée de ce dispositif, c'est donc d'apporter une technologie supplémentaire afin de sauver des vies."

Depuis 2007, toute personne ( même non-médecin) est autorisée à utiliser un défibrillateur automatisé externe ( DAE) sur une victime d’arrêt cardio-respiratoire. Une avancée qui a permis à de nombreuses communes de s'équiper.  Son installation est d'ailleurs obligatoire pour certains établissements recevant du public comme les établissements de soin, les gares, les hôtels ou les établissements sportifs.

Voyez ce reportage d'Yves Azernal, Pierre Léonard et Manuel Laurent 

durée de la vidéo : 00h01mn42s
Un défibrillateur acheminé par drone est testé en ce moment à Forges-les-eaux ( Seine-Maritime). Il permettra de secourir en moins de 10 minutes un patient victime de crise cardiaque. Le système qui a déjà fait ses preuves en Suède devrait être expérimenté en 2025 dans l'agglomération de Rouen ©France 3 Normandie

Amener le défibrillateur directement auprès du patient

"Les défibrillateurs sont essentiels en cas de crise cardiaque mais ils ne sont utilisés que dans 10 % des cas par les témoins. Or une défibrillation précoce multiplie par 6 les chances de survie, d'où l'intérêt de ces drones qui achemineront rapidement le matériel " explique Cédric Damm, directeur médical du SAMU de Rouen. Il souligne aussi qu'une étude récente montre qu'un défibrillateur sur trois serait hors-service. La logique est donc de les rendre plus accessibles, en un temps record.

Le drone est capable de se déplacer à une vitesse de 65 kilomètres/heure, dans les airs. Il peut livrer un défibrillateur en un temps record dans un rayon de 6 kilomètres, soit 200 mètres carrés.

" On veut inverser la logique et amener le défibrillateur directement au témoin qu'on aura préalablement géolocalisé au niveau du SAMU" poursuit-il. "Le SAMU va guider le témoin qui va effectuer les premiers gestes de secours. L'intérêt c'est de maintenir le massage cardiaque sans s'arrêter. "

La jeune femme qui sert de secouriste lors de cette phase de tests est étudiante en 4 è année de médecine à Rouen. Elle a scrupuleusement suivi toutes les étapes, de l'arrivée du drone au choc électrique, jusqu'au sauvetage de son "patient", un mannequin.

Fannely Baets est convaincue de l'utilité de ce nouveau dispositif :

"Je suis en stage au SAMU depuis quelques semaines. On roule vite, mais on met quand même un temps fou à arriver sur place...De se dire que la victime a une aide aussi rapide, c'est révolutionnaire sur le temps de mise en place du soin !" 

Cette phase de test va se poursuivre sur la commune rurale, car il est plus facile d'expérimenter un drone dans une zone faiblement peuplée. Le vol d’un drone en milieu urbain reste toujours très compliqué à cause des réglementations de l’aviation civile.

La technologie, les process, la formation et l'environnement général autour de cette solution innovante seront étudiés. Le défibrillateur acheminé par drone sera ensuite placé en situation réelle dans la métropole de Rouen, à Darnétal, à l'horizon 2025.

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