Cinquième journée, aux assises de la Seine-Maritime, du procès dit des "découpeuses". Ce vendredi, les jurés entendent la version de Jessica A., complice du meurtre et du démembrement de Sliman, le conjoint de Céline V.
Ce 4 novembre 2018, Jessica A. est en panique. Une information enflamme les réseaux sociaux : le tronc d'un homme, enroulé dans une bâche, a été retrouvé dans la Seine. Cet homme, elle le sait, c'est Sliman, le conjoint de Céline V. assassiné la veille, selon leurs aveux. Quand elle arrive chez Céline, celle-ci lui aurait simplement répondu : "On est célèbres !"
Les deux femmes seront interpellées trois jours plus tard.
"Elle s'est servie de certaines de mes faiblesses"
Au cinquième jour de son procès, Jessica A. s'avance à la barre, pour donner sa version des faits.
Elle revient sur sa rencontre avec Céline V, son esthéticienne depuis des années. Cette dernière lui a confié que son conjoint, Sliman, est violent et qu'il s'en s'en prend aussi à leur fils de trois ans, Cela fait écho à l'enfance violente de Jessica, qui y voit rétrospectivement une façon de la manipuler : "Elle s'est servie de certaines de mes faiblesses", explique-t-elle.
Je pense que tout le monde a compris qu'il y avait une manipulation de Céline V. Je n'aime pas trop ce mot, il est fort mais réel. Cela étant, vous l'avez compris, ma cliente assume ce geste.
Maître Vincent Beux-Prere, avocat de Jessica A.
En septembre 2018, plus d'un mois avant de passer à l'acte, les deux femmes établissent un plan pour tuer Sliman.
Selon Jessica, les deux femmes se retrouvent au domicile de l'esthéticienne, le 3 novembre. Vers 19h30. Céline V., à califourchon sur son conjoint, tente de l'immobiliser. Jessica, vêtue d'une combinaison, lui porte des coups mortels à la gorge. Selon le légiste, l'agonie aurait duré dix minutes.
"Si ça n'avait pas été avec moi, ça aurait été avec une autre"
Les deux femmes décident ensuite de découper le corps. Elles essayent d'utiliser le hachoir, mais n'y parviennent pas. Elles arrachent la pulpe des doigts de leur victime, pour empêcher toute identification digitale et versent de l'acide sur son visage, pour qu'il ne soit pas identifiable.
La présidente du tribunal s'étonne : "Pourquoi ne pas avoir empêché le crime ? N'avez-vous pas pensé à vos trois enfants ?" Jessica A. soupire et répond : "Pour moi, je ne pouvais pas revenir en arrière. Une fois que j'avais donné mon accord, je me sentais redevable." La présidente insiste : "Sans vous, Céline serait-elle passée à l'acte ?" Une fois encore, Jessica commence par soupirer et lâche : "Je pense que si ça n'avait pas été avec moi, ça aurait été avec une autre."
Le procès se poursuit samedi devant la cour d'assises de Seine-Maritime. Les deux accusées encourent la réclusion criminelle à perpétuité.