Réouverture des cinémas en Seine-Maritime : "On s'attend à un engouement"

Fermés un tiers de l'année, les cinémas rouvriront le 22 juin 2020 partout en France. En Seine-Maritime, les cinémas Noé (Nord-Ouest exploitation) se préparent à accueillir un public qu'ils espèrent au rendez-vous.

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Trois, deux, un... action ! Dans quelques jours, le clap d'ouverture résonnera dans les cinémas français. Près de 100 jours après la fermeture des salles, le 22 juin 2020 sonne comme une véritable renaissance. Le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) et PDG de la société de cinéma Noé (Nord-Ouest exploitation), Richard Patry, ne manque pas de superlatif pour décrire ces derniers mois. 

La période elle est tellement exceptionnelle, tellement folle ! Quand les salles ont fermé c'était la sidération absolue. On ne s'y attendait pas du tout. Alors on se dit que ça ne va pas durer mais ça dure le tiers d'une année. C'est incroyable !

Richard Patry, PDG des cinémas Noé et président de la Fédération nationale des cinémas français

Le PDG est particulièrement enthousiaste à l'idée de retrouver les spectateurs. Pour lui, pas de doute, les Normands seront au rendez-vous.

On s'attend à un véritable engouement. En France, le cinéma fait partie de notre ADN. C'est un bien précieux, malgré la télé ou les plateformes numériques, quand on est Français on va au cinéma. En tant qu'animaux sociaux, on a besoin de sortir, revivre ensemble des moments d’émotion. Il n'y a pas de cinéma sans cinéma, les films et les salles de cinéma sont intimement liés. On sera donc très contents de retrouver les spectateurs.

Richard Patry, PDG des cinémas Noé et président de la Fédération nationale des cinémas français

"On ne regarde pas un film avec un masque !"

Dans les cinémas Noé, on peaufine les derniers détails. Installation de plexiglas à l'accueil pour recevoir le public, signalisations au sol, gel hydroalcolique mis à disposition... Les salles de Rouen, d'Yvetôt ou encore d'Elbeuf (Seine-Maritime) sont prêtes pour le Jour-J.

Il faut garantir la sécurité sanitaire des collaborateurs et des spectateurs, il n'y a pas de discussion là-dessus. Mais il ne faut pas non plus être plus royaliste que le roi. Pas question de transformer la sortie cinéma en sortie angoissante ! Les mesures misent en place sont équilibrées et permettent de garantir une forme de sécurité, sans angoisse.

Pour cela, plusieurs règles s'appliqueront dès la réouverture le 22 juin. En plus des gestes barrières, le port du masque est recommandé lors de chaque déplacement à l'intérieur du cinéma. En revanche, "une fois assis, on peut l'enlever. On ne regarde pas un film de cinéma en portant un masque !", s'exclame Richard Patry. 

Afin de respecter la distanciation sociale, les salles ne seront remplies qu'à 50 % de leur capacité maximum. Le but : "assurer au spectateur qui vient seul un siège libre à sa gauche et à sa droite", détaille Richard Patry. 

400 millions d'euros de pertes

Un allègement des salles qui risque de coûter très cher. La Fédération nationale des cinémas français estime déjà à 400 millions d'euros les pertes liées à la fermeture des cinémas. Soit une perte de 35 % par rapport à l'année 2019. Mais le bilan risque d'être encore alourdi pour la filière, craint la FNCF. "On ne sait pas combien de temps va mettre la fréquentation à reprendre. On verra d'ici la fin de l’année mais on craint que les pertes n'atteignent 50 % d'ici décembre".

Un chiffre qui s'explique notamment par le retour des charges - notamment le versement des salaires - suspendues pendant toute la période du confinement. Une véritable "angoisse" pour le patron des établissements Noé.

Le plus dur est devant nous. Un cinéma c'est comme un avion : avec ou sans spectateur, nos charges sont les mêmes. On va devoir assumer toutes celles qui n'ont pas été versées. Sans oublier le prix que coûtent les mesures barrières, les masques, le plexiglas... Il va aussi falloir faire moins de séances car on va devoir aérer, nettoyer entre chaque projection... On est très inquiet pour l'avenir d'autant plus qu'on risque de ne pas de récupérer 100 % de notre clientèle. C'est pourquoi nous réclamons au gouvernement un plan de soutien pour les cinémas français.

Richard Patry

Le président de la FNCF avait fait part à l'exécutif de sa volonté de voir toutes les salles de cinéma rouvrir à la même date, qu'elles soient en zone verte ou en zone orange. "Le gouvernement a eu la tentation de faire rouvrir les cinémas de province le 2 juin, mais ça n'a pas de sens ! Imaginez les distributeurs, les réalisateurs, qui voient leur film sortir partout sauf à Paris ! On a insisté pour rouvrir en même temps et dans les mêmes conditions partout en France, pour communiquer entre nous et s'organiser".

Une demande à laquelle le Premier ministre a finalement répondu favorablement, lors de sa conférence de presse du 28 mai. "C'est une demande qui nous a été faite par les exploitants de cinéma eux-mêmes, qui voulaient que la réouverture soit nationale de façon à pouvoir organiser la programmation des salles, et nous faisons droit à cette demande. Elle interviendra à compter du 22 juin prochain", avait-il concédé. 

En attendant la date fatidique, Richard Patry relativise. "Cette période nous a appris à être humble. La vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain. On n'aurait jamais pensé être fermé 99 jours, jamais, jamais ! On est donc très content de retrouver le public". Rendez-vous pris avec les spectateurs, le 22 juin. 

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