L'objectif : faire drastiquement baisser les délais pour obtenir un rendez-vous. Mais l'initiative est controversée.
"Plus belle la vue", c'est l'histoire d'un centre d'ophtalmologie lancé par un chef d'entreprise francilien. L'homme est déjà à l'origine de deux autres centres en France, à Dunkerque et à Agen. Deux nouveaux centres devraient ouvrir au Havre et à Caen.
Les diagnostics y sont effectués par des orthoptistes qui envoient leurs conclusions par télé-médecine à des ophtalmologues basés dans des pays européens. Les délais pour obtenir un rendez-vous, et dans un second temps une ordonnance, sont ainsi largement raccourcis. Un plus pour les patients confrontés à des délais d'attente extrêmement longs en Normandie : entre 6 mois et un an. Cependant, la pratique n'est pas validée par l'Agence Régionale de Santé (ARS) et elle crispe la profession.
En 2017, le centre "Ophta City" de Dunkerque a été condamné pour "exercice illégal de la médecine" entre 2012 et 2015. La société a fait appel de ce jugement.
► 1er juin 21018 : actualisation de cet article :
A la suite de la publication de cet article, Ophta-City a contacté la rédaction de France 3 Normandie pour préciser (dans un communiqué à lire en bas de cette page) que la Cour d'appel de Douai a rendu, le 15 mai 2018, un arrêt mettant hors de cause la société E-Ophta.
VIDÉO : le reportage de Frédéric Nicolas et Bruno Belamri avec les interviews de
- Josiane Eliot, patiente
- Oumaima Belmajdoub, orthoptiste
- Jérôme Quenor, patron de "Plus Belle Ma Vue"
Le communiqué d'Ophta-City
Dans le cadre du procès opposant le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), le Conseil national de l’ordre des médecins et la CPAM des Flandres, d’une part, à la société E-Ophta plus communément connue sous le nom d’Ophta City, d’autre part, la Cour d’appel de Douai a, par un arrêt du 15 mai 2018, mis hors de cause la société prévenue.Il était fait grief à Ophta City d’avoir illégalement exercé la médecine en utilisant des appareils prétendument réservés aux médecins. La cour a débouté les plaignants et répond que l’on ne peut plus affirmer que les mesures et les tests utilisés par Ophta City dans le cadre de leurs examens visuels relèvent de la catégorie d’actes médicaux.
La cour d’appel précise que « le fait que le médecin rédacteur de la prescription ne soit pas inscrit à l’ordre des médecins français importe peu ».
Mis en cause personnellement par le Snof pour la même infraction au motif qu’il procédait à une pose de lentilles, Monsieur Poussin, gérant d’E Ophta, a également fait l’objet d’un nonlieu par ordonnance du 28 février 2018, le Juge d’instruction de Paris ayant notamment considéré que :
- « Le fait que la sécurité sociale (...) détermine les modes de remboursements d’adaptations de lentilles effectuées par les médecins, n’induit pas que ces adaptations ne pourraient pas être faites par l’opticien-lunetier » ;
- « Le remplacement de lentilles de contact correctives souples par des lentilles de
contact correctives rigides dans le cadre d’un même trouble visuel ayant déjà fait l’objet d’un diagnostic et d’une première prescription, ne peut aucunement être considéré comme un nouvel acte de diagnostic ou de traitement ».
Rendues à quelques mois d’intervalle, ces deux décisions historiques, clarifient définitivement le périmètre d’intervention des acteurs de la santé visuelle et elles vont contribuer à enrichir le débat sur l’avenir de la filière.
La société Ophta City ainsi que ses avocats, Me Tissot et Me Yahia, sont convaincues de la nécessité pour les pouvoirs publics de réorganiser le circuit de prise en charge, notamment à travers la construction d’un partenariat entre opticiens de santé, qualifiés en optométrie, et ophtalmologistes, dans l’intérêt supérieur de la santé publique.
Professionnels de santé, nous avons tous la responsabilité d’apporter une réponse organisationnelle et technique, adaptée au parcours du patient pour lutter contre les déserts médicaux.
Le temps des vieilles et vaines querelles syndicales n’a que trop duré. Place à la lucidité.