La radio associative emblématique des Hauts de Rouen (HDR) est sous la menace d’une liquidation judiciaire.
Ce n’est pas la première fois que la radio associative HDR traverse une tempête mais cette nouvelle menace de liquidation pourrait bien acter la fin de cette station des Hauts de Rouen.
Des comptes dans le rouge
La radio doit obtenir 28000 euros pour perdurer. Ce montant représente la subvention de la part du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER). Une somme qui avait été inscrite dans le budget de l’association dans son plan comptable de 2021. L'argent devait arriver sur les comptes de la radio à la mi-novembre. Elle aurait permis notamment de payer les salaires des 8 personnes employées par HDR. Malheureusement, il semblerait que le dossier de demande de subvention n’est pas été instruit complètement. La radio accumule des dettes depuis 2004, année ou un comité de pilotage avait vu le jour en partenariat avec la préfecture de Seine-Maritime. Ce soutien avait permis un redressement des comptes jusqu’en 2008. Depuis, HDR est placée en redressement judiciaire. Un statut qu’elle conservera pratiquement sans interruption jusqu’à ce jour.
Une radio pour apaiser la colère
En janvier 1994, Ibrahim Sy mourait dans le quartier des sapins à Rouen. Ce jeune sénégalais de 18 ans est tué d’une balle dans le dos après avoir forcé un barrage de gendarmerie à Val de Reuil. Toute la population est sous le choc et des émeutes éclatent. Un an après, le rouennais Moïse Gomis crée cette radio locale pour changer l’image de ce quartier populaire. HDR voit le jour dans la MJC des Hauts de Rouen. France 3 Normandie lui avait consacré un sujet en 2015. 20 ans après la création de cette radio, il en rappelait les principes :
Donner la parole à des gens, changer l’image de ce territoire, promouvoir l’égalité hommes/femmes, lutter contre les discriminations. Aider les gens à être citoyen à participer à la vie de la cité. Ce sont des objectifs de service public
Moïse Gomis, fondateur de la radio HDR
Depuis 26 ans, HDR donne ainsi la parole aux jeunes, aux habitants et participe au lien social et à l’insertion : "Je me souviens qu’en 2015/2016, on pouvait atteindre des pics d’audience entre 8000 et 10000 auditeurs." raconte Tufek, un journaliste qui a passé 20 ans dans cette radio. « Je lui dois tout, je suis un autodidacte. C’est grâce à HDR que j’ai pu apprendre l’animation et le journalisme. J’ai rencontré beaucoup de monde qui m’ont permis de me faire un réseau. » Ce quarantenaire, qui a quitté la radio en 2018, est bien conscient et attristé par la situation de sa radio de cœur
Depuis 2008, on met des pansements mais il arrive un moment où ça craque. C’est le problème dans le milieu associatif.
Tufek ancien bénévole radio HDR
Une radio soutenue par la municipalité
HDR peut compter depuis sa création sur le soutien de la Ville. Les locaux d’une ancienne gendarmerie ont été attribués à la radio associative. Ces studios, installés à proximité du château d’eau du Châtelet font partie de l’ADN du quartier des Hauts-de-Rouen.
En 2021, la mairie de Rouen a subventionné la radio à hauteur de 60.000 euros. Au fil des ans, la collectivité a équilibré les budgets de l’association. Interrogée par nos confrères de Paris Normandie, l’adjointe au maire en charge des solidarités Caroline Dutarte précise que : « Nous allons tout faire pour que cette radio continue à vivre, comme nous l’avons toujours fait ». Si aucun sursis n’est obtenu d’ici la fin du mois de novembre, HDR pourrait être placée en liquidation judiciaire et cesser d’émettre dès le 7 décembre 2021.