Un collectif se bat contre la transformation du couvent Sainte-Marie de Rouen en immeuble d'habitations. Ils souhaiteraient garder ce lieu historique pour en faire des jardins partagés. La justice en a décidé autrement.
Niché dans le quartier Saint-Nicaise de Rouen, le couvent Sainte-Marie est un oasis de verdure et de paix au coeur de la ville. Une paix toute relative car s'affrontent ici deux visions de la vie en communauté. D'un côté des promoteurs immobiliers caennais qui ont acquis les lieux en 2017 et projettent d'y construire 120 logements, de l'autre un collectif d'associations qui aimeraient conserver et investir ce patrimoine architectural et environnemental.
Depuis quelques jours, elles sont une quarantaine de personnes à se relayer pour occuper les lieux. Des squatteurs qui sont aussi des rêveurs, puisqu'ils imaginent une autre destinée à ces milliers de m2 de nature. "Nous on est là pour proposer un projet alternatif plutôt que du ciment et du béton. L'objectif c'est que ce soit un jardin partagé par les gens du quartier, et que les associations et habitants du quartier se réapproprient les lieux" nous explique l'un d'entre eux.
"Cet immense édifice et ses 4000 m2 de jardins situés au 2 rue de Joyeuse sont devenus les Jardins Joyeux. Des potagers ont été plantés, les terrains ont été nettoyés de leurs déchets et une vie commune s'est installée. Un lieu de culture où potagers, musique, théâtres, arts graphiques et tant d'autres pourront se cotoyer, a commencé à prendre forme" peut-on lire sur les tracts du collectif distribués ce dimanche sur le marché Saint-Marc pour alerter les rouennais.
De grâce monsieur le promoteur
Mais le couvent-Sainte-Marie est aujourd'hui la propriété de promoteurs, qui ont prévu la destruction d'une partie du bâtiment pour construire des logements haut de gamme, en dépit du patrimoine historique et environnemental.
"La plupart des couvents ont été vendus et pour beaucoup dénaturés. Cette menace qui pèse sur le Foyer Sainte-Marie, c'est une menace qu'on retrouve sur la chapelle Sainte-Anne du couvent des Franciscains juste en face, qui elle aussi va être tranformée en appartements" se désespère Bertrand Rouziès, membre de l'association "La boise saint-Nicaise".
Un parc arboré dans la ville
Légalement, la ville ne peut plus s'opposer à ce projet immobilier, mais elle tente néanmoins de trouver une solution en récupérant un parc arboré. "La bande nord-sud du jardin sera récupérée par la ville pour le bien public, le bien collectif et l'intérêt général. Ce sera un parc utilisé à la fois par les gens du quartier et tous les rouennais qui le souhaitent" tempère Fatima El Khili, adjointe en charge de l'urbanisme à la ville de Rouen.
Depuis lundi 21 juin, les squatteurs sont menacés d'expulsion par une décision de justice, mais ils ne désarment pas et envisagent de déposer un recours devant le tribunal administratif. Le collectif en appelle aussi à la mobilisation de "toutes les forces en lutte, aux amoureux de la nature, aux amis du patrimoine, aux acteurs de la culture et aux habitants du quartier."