En piteux état depuis des années, l'immeuble Sorano à Saint-Etienne-du-Rouvray va enfin être évacué. Il y a une semaine, un arrêté a été pris par la municipalité pour danger grave et imminent. Les derniers locataires encore présents sont donc cette fois vraiment contraints de partir.
Ses habitants le surnomment l'immeuble de la honte et de la peur depuis des années. Mais à Saint-Etienne-du-Rouvray, l'immeuble Sorano est enfin sur le point de disparaître. Le 5 septembre dernier, la préfecture de Seine-Maritime a validé un arrêté municipal d'évacuation de cet immeuble pour danger grave et imminent.
En réalité, cela fait longtemps que le sentiment d'abandon règne dans cet immeuble. Une partie des 149 logements est régulièrement squattée et des montages électriques illégaux y ont même été sont installés. A l'extérieur, des câbles électriques traversent la barre d'immeuble, de balcon en balcon.Selon les autorités,"les résidents de cet immeuble sont dans des situations très différentes, conduisant à apporter des solutions au cas par cas sous la responsabilité du maire et avec l'appui de l’État. Cependant, il est rappelé que le contingent préfectoral en matière d'attribution des logements sociaux n'est pas mobilisable dans ce cadre."
La justice a dernièrement ordonné l'expulsion de 4 logements, expliquant le caractère illégal de leurs occupations, mais également les risques pour les habitants.
Du coup, depuis quelques jours, l'heure de faire les cartons a sonné comme dans la famille Tisserand qui prépare son déménagement, prévu dans une semaine.
Un bouleversement forcé qui mettra fin à 43 ans passés dans ce logement mais qui reste mal vécu.
Nicole Tisserand, est aujourd'hui une propriétaire malheureuse: "on a du mal à digérer tout ça. On pensait rester là jusqu'à la fin de notre vie!"
Mais leur immeuble est dans un tel état d'insalubrité qu'ils ne pouvaient plus y demeurer. Le couple a reçu une offre de rachat de 37000 euros pour leur F4. La mairie leur a aussi proposé un autre logement dans le même quartier.
Une issue presque heureuse qui ne concerne pas tous les habitants de l'immeuble.
En réalité d'après Joachim Moyse, le maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, "sur les 75 dossiers de relogement déposés, seuls 55 ont pu être réglés. Mais les propositions sont faites en tenant compte des compositions familiales."
Pour les autres, les services municipaux sont à pied d'œuvre pour trouver des solutions.
Il y a donc urgence certes, mais certains habitants refusent d'y laisser des plumes. Et dans ce cadre, l'évacuation ordonnée est parfois synonyme d'une grosse perte d'argent car certains crédits ne sont pas encore totalement remboursés et les prix du marché actuel sont bien en deça des prix d'achats initiaux.
Quant aux locataires, ils ont encore une quinzaine de jours pour quitter les lieux.
Vidéo : Reportage à Saint-Etienne-du-Rouvray