Les scieries normandes vont-elles bientôt manquer de bois ?

Face à l'augmentation des exports de bois vers la Chine, la filière commence à manquer de matière première, notamment de chêne. Certaines scieries normandes s'inquiètent pour le maintien de l'emploi. Exemple à Fleury-la-Forêt, dans l'Eure.

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Denis Mommert directeur de la  scierie Mommert à Fleury-la-Forêt(Eure) emploie neuf personnes. Mais peut-être plus pour longtemps. La société familiale existe depuis 66 ans. En quelques années, elle s'est retrouvée confrontée à un manque de matière première, surtout de chêne.

"On scie du douglas et des bois divers pour essayer de compenser" confie Denis Mommert. 

La scierie euroise ne peut pas répondre à certaines demandes de ses clients. Un comble alors que les forêts normandes produisent cette matière première. 

 

La Fédération du bois alerte le gouvernement


Les exportations de chêne brut français vers la Chine ont continué de progresser en janvier, avec un bond de 35% par rapport à janvier 2017, qui met en danger la pérennité des scieries françaises, a alerté mardi 6 mars 2018 la Fédération nationale du bois (FNB).

"Malgré les appels répétés de la FNB et des professionnels du secteur lancés dernièrement au gouvernement, les exportations de chêne brut poursuivent leur hausse effrénée et les scieries françaises manquent cruellement de matière première à transformer" a souligné la Fédération dans un communiqué.


"Aujourd'hui, 25 à 30% de la collecte forestière nationale de chêne est exportée sans transformation alors que la majorité des pays forestiers concurrents a interdit une telle fuite de cette ressource brute, comme la Croatie, la Roumanie l'Ukraine ou la Chine. La France est devenue l'eldorado  des traders internationaux" dénonce le communiqué.

Selon la FNB, en dix ans, les volumes de chêne brut (grumes de chêne) disponibles pour les scieries françaises ont été divisés par près de deux, passant de 2,45 millions de mètres 3 en 2007 à 1,25 million de mètres 3 en 2017.

Cette situation jugée catastrophique par la FNB, "met en danger 200 000 emplois français dans la filière de transformation du bois, dont 26 000 collaborateurs exerçant directement dans les scieries de chêne". Leur nombre est passé de 900 à 550 sur le territoire en 13 ans selon le syndicat. En effet, la transformation du bois génère 10 à 20 fois plus d'emplois que l'exportation de bois brut. 

Dans son plan d'investissement de 5 milliards d'euros pour l'agriculture et la transformation agroalimentaire, le ministre de l'Agriculture avait indiqué prévoir 100 millions d'euros de fonds de prêt aux scieries, en lien avec la Banque publique bpifrance.
Début février 2018, la Fédération nationale du bois avait déjà appelé le président Emmanuel Macron à "sauver la filière chêne de France". La FNB accuse les propriétaires de forêts privées, qui représente les trois quarts de la forêt française et 50% du chêne commercialisé, d'exporter leur bois au plus offrant plutôt que de le vendre en France.

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