En ce début de saison touristique, les métiers de la restauration et de l’hôtellerie ne séduisent pas les saisonniers. Nous avons rencontré des restaurateurs à Dieppe et à Rouen qui peinent à recruter.
Horaires décalées, rythmes effrénés… depuis plusieurs années, les contrats saisonniers dans la restauration ou l’hôtellerie sont boudés. Une tendance qui s’est accentuée avec le COVID. Avec les vacances de printemps, la saison touristique débute en Normandie. Les clients répondent présent mais pas les saisonniers, résultat les restaurateurs peinent à recruter.
Même les étudiants courageux qui signent un CDD pour arrondir leur fin de mois reconnaissent que ces jobs sont compliqués. C’est le cas de Laurine qui rempile pour une deuxième saison estivale dans l'hôtel-restaurant "La Tour aux Crabes" à Dieppe. Elle reste motivée dans sa mission mais comprend que le rythme très particulier de la restauration décourage parfois d’éventuels candidats. "Au début, on ne s'attend pas à ce que ce soit aussi dur, il y a beaucoup de travail. Ce sont des horaires compliqués. Le soir on ne peut pas manger avec sa famille, le matin on n’est pas là, le midi non plus. Finalement, on n'a pas vraiment beaucoup de temps pour nous" reconnait la jeune fille.
Le constat est unanime : depuis la fin du Covid, les saisonniers manquent à l'appel. Les employeurs n’hésitent pas à jouer la carte de l’attractivité pour recruter : "dans le métier de la restauration, il y a beaucoup de turnover. Il faut rester attractif à tous les niveaux, par le lieu, il faut pouvoir les loger aussi parfois." précise Thomas Dagicour, Directeur de l'hôtel-restaurant "La Tour aux Crabes"
Mais tous les restaurateurs ne peuvent pas proposer un logement. Dans cette brasserie rouennaise, on cherche encore à recruter pour la saison. En attendant, le rythme est soutenu pour assurer les 500 couverts journaliers.
En salle, on a beaucoup de CV, beaucoup de demandes, beaucoup d’étudiants qui souhaitent travailler, en revanche, en cuisine, c'est la croix et la bannière.
Sélim Yahi, directeur du "J.M'S café" à Rouen
Le manque de main d'oeuvre oblige les restaurateurs à repenser leur organisation comme dans cette crêperie. "On tire un peu sur chacun, en salle il va faire un service de plus, en cuisine c’est pareil, on devient plus polyvalent. On a une stratégie autre, moi je suis capable de faire de la salle et de la cuisine pour pouvoir pallier à droite ou à gauche" explique Jean-Baptiste Robat, directeur adjoint de la crêperie "La Tarte Tatin".
Des solutions à court terme. Avec toujours l'espoir de recruter une équipe structurée sur toute la saison. En Normandie, d'après l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, 5000 postes seraient encore à pourvoir dans la restauration.