La garde à vue de la maire PS de Canteleu (Seine-Maritime) a été levée samedi 9 octobre 2021. Son avocat indique qu'aucune charge n'a été retenue contre elle. Son adjoint chargé du développement économique, des commerces et de l'emploi a lui aussi été remis en liberté.
La maire PS de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger a été remise en liberté à l'issue de sa garde à vue intervenue vendredi 8 octobre 2021 lors d'un coup de filet anti-stupéfiants, a-t-on appris auprès de son avocat.
"Aucune charge" retenue
"Je vous confirme la levée de la garde à vue de Mélanie Boulanger sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle", a déclaré Me Arnaud de Saint Rémy après les révélations de nos confrères de Paris Normandie.
"Ces enquêteurs sont sérieux, ils ont travaillé avec discernement en gardant la tête froide", nous indique l'avocat de l'élue PS. "Durant cette période de garde à vue, ils ont fait des vérifications utiles et nécessaires et ils ont compris que rien ne pouvait lui être reproché. Le juge d'instruction l'a également très bien compris puisqu'il a demandé la levée de cette mesure en fin d'après-midi."
Hasbi Colak, adjoint de Mélanie Boulanger chargé du développement économique, des commerces et de l'emploi à la mairie de Canteleu, près de Rouen a lui aussi été remis en liberté. Il avait été placé en garde à vue vendredi pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs.
"Aucune charge n'a été retenue contre lui. ses affaires personnelles et des scellés lui ont été restitués", a indiqué son avocat Me Jérémy Kalfon à un correspondant de l'AFP.
Vendredi, dix-neuf personnes avaient été interpellées, quinze en Seine-Maritime, dont deux élus de Canteleu, et quatre en Seine-Saint-Denis, dans le cadre de cette enquête pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs.
Selon le parquet de Bobigny qui pilote l'enquête, des perquisitions "ont permis de saisir 15 kg d'héroïne, 25 kg de produit de coupe, des armes à feu et la somme de 375.000 euros".
La maire de Canteleu devait s'expliquer auprès des enquêteurs sur ses liens supposés avec les principaux acteurs de ce dossier de grande ampleur. Parmi eux, une famille de la commune qualifiée par les policier de "gros bonnet de la drogue". Des membres avec lesquels elle aurait été en contact téléphonique.
"Soulagement et colère" pour Nicolas Mayer-Rossignol
Lors d'une interview accordée ce dimanche 9 octobre, le maire de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie Nicolas Mayer-Rossignol se dit à la fois "soulagé et en colère" et n’avait "aucun doute sur son innocence".
"19 personnes ont été interpellées, on parle de gros trafic, de kilos et kilos d’heroine, d’armes de poings, de gros trafiquants… Dans les journaux on parle d’une certaine famille M., de gros trafiquants mais personne n’a leur nom, personne n’a leur photo. La seule photo que l’on voit à la Une de tous les médias, c’est celle d’une élue locale qui est aujourd’hui innocente. C’est absolument scandaleux !"
On la traine dans la boue. Son honneur, sa réputation sont jetées aux chiens, aux hyènes, aux vautours… je trouve ça absolument inacceptable !
"Ça ne faisait aucun doute pour tous ceux qui la connaissent"
Sur les réseaux sociaux, les réactions de la classe politique du département se multiplient. Charlotte Goujon, maire de Petit-Quevilly et vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie a indiqué que "ça ne faisait aucun doute pour tous ceux qui la connaissent !"
Ça ne faisait aucun doute pour tous ceux qui la connaissent !
— Charlotte Goujon (@CharlotteGoujon) October 10, 2021
Comme nous l’avons toujours fait ensemble, nous continuerons à nous mobiliser pour que nos communes retrouvent l’apaisement qu’elles méritent et la tranquillité que la République doit à nos concitoyens. https://t.co/EH3FlLrPEQ
Jérôme Pasco, maire de Conches en Ouche dans l'Eure, se dit soulagé. "Conforté aussi dans tout ce en quoi et en qui j’ai toujours cru ! Avec sincérité et conviction. Que les pompiers pyromanes, les procureurs aux petits pieds, les misérables malveillants se taisent désormais."
Libre. Sans aucune charge.
— Jérôme PASCO (@jeromepasco) October 9, 2021
Bien entendu, soulagé.
Conforté aussi dans tout ce en quoi et en qui j’ai toujours cru!
Avec sincérité et conviction.
Que les pompiers pyromanes, les procureurs aux petits pieds, les misérables malveillants se taisent désormais. https://t.co/2AETtlMeI7
De son côté, le maire de Val-de-Reuil Marc-Antoine Jamet s'indigne : "On n’envoie pas le Raid arrêter au petit matin une élue de la République, une mère de famille dont chacun connaît l’adresse sans la moindre preuve."
@BoulangerMlani2 relâchée sans aucune charge ? Si cette nouvelle se confirme, certains ont agi avec la plus extrême légèreté. On n’envoie pas le Raid arrêter au petit matin une élue de la République, une mère de famille dont chacun connaît l’adresse sans la moindre preuve. https://t.co/uAzw9yiMd8
— Marc-Antoine JAMET (@MA_Jamet) October 9, 2021
Un "très gros réseau de trafiquants démantelé"
Les investigations ont permis "d'identifier plusieurs personnes en lien avec ce trafic" et ont conduit à "programmer une opération simultanée", avait détaillé le magistrat.
"Un très gros réseau de trafiquants de drogue a été démantelé", a indiqué samedi à l'AFP une source proche du dossier. Selon elle, il y a plusieurs volets dans cette affaire, "l'importation de très gros volumes d'armes et de drogue" et le "blanchiment".
"On parle d'une famille historique à Canteleu. Des gens dans le viseur des policiers depuis plusieurs années", a-t-elle indiqué, affirmant que "cette famille influençait très fortement le monde politique local à Canteleu". Les enquêteurs cherchaient donc à connaître le lien de Mélanie Boulanger avec cette famille.
L'enquête a démarré en 2019 "en Seine Saint-Denis avec l'interpellation pour trafic de cocaïne d'un lieutenant de la famille qui organise le trafic à Canteleu", selon cette source contactée par l'AFP.
Des mises en examen
Dix-neuf personnes ont désormais été interpellées (au 14/10), 11 sont mises en examen et parmi elles 8 résident en Normandie et trois en région parisienne. Six d'entre-elle sont par ailleurs en détention provisoire.