Une semaine après l'accident mortel à Rouen, les habitants du quartier Luciline réclament des mesures contre la vitesse

Le 22 avril 2022 une berline roulant à très vive allure avait percuté une voiture sur le boulevard de Lesseps de Rouen (Seine-Maritime) faisant un mort et un blessé grave. Pour les habitants du quartier c'est un accident de trop. Ils demandent des aménagements de voirie.

Une semaine après la mort d'une femme, passagère d'une petite voiture percutée par une berline roulant à très grande vitesse (plus de 120 km/h selon les témoins) sur un boulevard de Rouen, l'émotion est encore grande dans le quartier Luciline, à l'ouest du centre-ville de Rouen.

L'accident a eu lieu un vendredi, un peu avant 18h30, sur le boulevard de Lesseps qui longe la Seine entre le pont Flaubert, au débouché de l'A150, et le pont Guillaume le Conquérant. Une Mercedes, roulant très vite, a percuté une petite Peugeot qui venait en face avec à bord une mère et sa fille.

Après le choc, le conducteur de la berline a pris la fuite à pied.
En dépit des efforts des secours, la mère est décédée sur place. Sa fille, grièvement blessée, a été hospitalisée au CHU de Rouen.   

Des habitants émus mais excédés

Venus très vite porter secours dès la collision, avant l'arrivée de la police et des pompiers, des habitants du quartier Luciline ont été marqués par cet accident du 22 avril 2022.
Une semaine après, ils expriment leur émotion, mais aussi leur colère, car ce n'est pas le premier accident dans le secteur. C'est le cas de Pierre-Emmanuel Brunet, président de l'association de quartier "La Luciline s'active".

Depuis 2017 il se bat contre la vitesse des véhicules qui roulent sur les axes à forte circulation qui encerclent son quartier : le Mont-Riboudet, la rue Amédée Dormoy, la rue Jean Ango et le boulevard Ferdinand de Lesseps.

"Ça fait depuis 2017 qu'on habite ce quartier, certains depuis 2014, et ça fait depuis toutes ces années qu'on indique aux autorités, aux élus, les améliorations qu'il faut apporter à cet axe où les gens roulent très vite et qui est très bruyant. Maintenant il va falloir attendre encore des drames, et ce dernier drame, pour qu'une action soit entamée pour gérer ce problème."

Pierre-Emmanuel Brunet, président de l'association de quartier "La Luciline s'active" et président de "Rouen Respire"

Joint au téléphone par l'auteur de cet article, Valentin Rasse-Lambrecq, adjoint au maire de Rouen en charge des quartiers Ouest, a  détaillé (lire en bas de cette page) les projets d'aménagements concernant le quartier Luciline.

L'élu local, qui est régulièrement sur le terrain, à l'écoute des habitants de Luciline pour des déambulations, balades urbaines, et visites (ce qui n'est pas le cas de tous les adjoints de quartiers rouennais), connait bien la problématique de cet éco-quartier créé au pied du pont Flaubert. Là où les habitants, avant d'être sous le nuage de fumées de l'incendie de l'usine Lubrizol toute proche (avec odeurs et dépôts de suies), ont connu "une cascade d'ennuis" : coût exorbitant du réseau d'eau chaude et du chauffage, problèmes d'inondation, d'étanchéité et d'isolation sans oublier les façades des murs qui tombent en petits morceaux sur les passants.  

Concernant le drame du 22 avril 2022, Valentin Rasse-Lambrecq tient d'abord à préciser que l'accident causé par un chauffard alcoolisé roulant à 150 km/h "'est un sujet de comportement" mais pas en lien, ni la conséquence, d'un équipement.  

Luciline, un "éco-quartier" où l'on circule beaucoup

Eco-quartier ouvert en 2014 et qui a débuté la reconversion de l'ouest de Rouen, dans la  foulée de la construction des hangars des quais rive droite, Luciline se trouve à proximité des concessionnaires automobiles du Mont-Riboudet, du centre commercial des Docks et de ses cinémas, de la presqu'île Saint-Gervais (où font étape les cirques et la foire Saint-Romain) du palais des sports Kindarena, et des nombreux restaurants et lieux festifs situés le long de la Seine.

Un quartier où convergent donc de nombreux automobilistes, venus de plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde.  

Au quotidien, des milliers de véhicules, venant de l'autoroute A150 en provenance de Dieppe, Yvetot et Barentin, passent sous le pont Flaubert puis sur le boulevard de Lesseps, longeant sur trois voies parallèles le quartier de la Luciline.

Des habitants dont les fenêtres, avec vue sur la Seine, donnent sur le boulevard de Lesseps, en ont assez d'entendre "tous les jours, jour et nuit, les voitures et motos en excès de vitesse".

Sur la page Facebook de "La Luciline s'active", un couple témoigne :

"Les autorités ne font absolument rien pour contrôler le flux de véhicules. On ne peut même pas profiter de notre terrasse car impossible de rester une minute avec tout ce bruit et cette pollution. On espère que cet horrible accident fera bouger les responsables de la sécurité des citoyens. Mettez en place des radars, des dos d’âne! Enfin, les solutions sont multiples ! Faites ce qu’il faut !!"  

Porte-parole et relais de ces habitants en colère et choqués par l'accident mortel du 22 avril, Pierre-Emmanuel Brunet interpelle la municipalité pour que des aménagements soient réalisés rapidement, en urgence.

"Il faut un moyen permanent pour faire baisser la vitesse dans le secteur" explique-t-il en passant en revue différentes pistes : l'installation de caméras "utiles pour les grands excès de vitesse", la pose d'un radar, une meilleure répartition des trois voies pour sécuriser la manœuvre de tourne à gauche…

Se pose aussi la question la quatrième voie, celle qui est contre sens des trois autres, celle où roulait la Mercedes. Faut-il la supprimer ? Faut-il la séparer avec, par exemple une rangée de bornes blanches en plastique (de type "J11") ?

Des aménagements de sécurité sont également nécessaires, ajoute Pierre-Emmanuel Brunet pour de meilleurs accès au quartier Luciline, mais aussi pour mieux le relier aux bords de Seine, comme le remplacement de ce dangereux passage "protégé" devant les Docks, coincé entre une voie ferrée et les camions qui roulent à 10 centimètres des piétons.

A quand aussi un autre accès piéton traversant la voie ferrée, plus à l'Est, entre les Docks et le bâtiment du Port ? Comme par exemple face à la rue Ango, où il n'est pas rare de voir de nombreux piétons, désireux de se rendre dans les restaurants des quais, traverser en courant les quatre voies du boulevard et enjamber les barrières pour ne pas faire un grand détour. 

Sécurité des piétons en question aussi le long de l'arrière des hangars du quai de Boisguilbert, où la zone 30 de ce grand parking n'est pas respectée (et mal indiquée) et où aucun marquage au sol n'existe, les voitures frôlant à bonne vitesse les piétons.

Sécurité des piétons encore de l'autre côté des hangars, sur les quais, où circulent, et parfois à grande vitesse et même en roue arrière, en croisant de près familles et enfants, les motos et scooters de ceux qui veulent se garer (gratuitement) au pied de la terrasse où ils prennent l'apéritif.  

Tous ces points doivent être communiqués, évoqués et rappelés lors d'une prochaine réunion de quartier avec un représentant de la municipalité.  

La Ville de Rouen répond

Valentin Rasse-Lambrecq, adjoint au maire de Rouen en charge des quartiers Ouest, en réponse aux demandes formulées plus haut, a détaillé à l'auteur de cet article les projets en cours pour ce quartier Luciline.

Rappelant que l'accident mortel du 22 avril 2022 est la conséquence d'un comportement (en l'occurrence celui d'un conducteur en état d'ivresse) et non la conséquence d'un équipement ou d'un aménagement routier, l'adjoint des quartiers ouest de Rouen a expliqué qu'une réflexion est menée par la municipalité à l'échelle des axes routiers du secteur, dont le Mont-Riboudet et surtout le boulevard de Lesseps où l'endroit est dangereux avec trois voies et une autre en contresens. La réflexion concerne aussi la création et l'aménagement de pistes cyclables.

Concrètement, Valentin Rasse-Lambrecq, annonce qu'un premier aménagement va rapidement être fait sur le boulevard de Lesseps avec la sécurisation des deux  "tourne à gauche" grâce à des bornes de type J11 pour "casser la vitesse" des véhicules circulant dans le sens pont Flaubert vers pont Guillaume Le Conquérant.  

A plus ou moins longue échéance, d'autres projets seront réalisés dans le cadre d'un travail sur l'avenir du quartier, et de la gestion des flux, mais dans l'ensemble du secteur. Deux priorités sont identifiées : les pistes cyclables et les intersections comprenant un "tourne à gauche." A Terme il s'agit aussi de "reconnecter" les différents quartiers ouest : Mont-Riboudet, Luciline, Docks, quais de Seine…  

Quant au calendrier et autres points évoqués plus haut dans cet article, Valentin Rasse-Lambrecq indique que la pose des bornes de type J11 pour séparer les voies pourrait se faire dans les prochaines semaines. Il faudra en revanche être plus patient pour de nouveaux franchissements piétons de la voie ferrée, car cela dépend de la SNCF.

Quid de l'avenir de la voie en contre-sens du boulevard de Lessep ? Là-aussi c'est une affaire de plusieurs mois, en lien avec une concertation avec les habitants, et plus globalement, avec le futur schéma directeur d'urbanisme des quartiers ouest. Quant à l'installation d'un radar, cela ne relève pas des compétences de la mairie, mais de celle de la préfecture.

Enfin, l'amélioration de la sécurité des piétons au milieu du grand parking le long des hangars des bords de Seine n'est pas du ressort de la mairie car ce terrain appartient au Port de Rouen.

Autre inconnue, et de taille, celle qui concerne les modalités d'achèvement des accès nord du pont Flaubert…

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