Alors que la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines 2024 est désormais officielle de l'autre côté de l'Atlantique, à Rouen (Seine-Maritime), l'illustratrice et tatoueuse Tara Chávez témoigne de sa tristesse face aux résultats.
Les mots semblent presque manquer à Tara Chávez, Américaine de 35 ans, vivant à Rouen. "Je n’étais pas très optimiste sur les résultats de l'élection mais là, je suis sous le choc", confie-t-elle, désemparée.
L'illustratrice et tatoueuse, installée dans la capitale normande depuis trois ans, livre sa profonde tristesse après la quasi-victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines 2024.
Entre déception et colère
Originaire du sud de l'Oregon, où la candidate démocrate Kamala Harris est arrivée en tête, l'expatriée ne parvient pas à s'expliquer le triomphe du milliardaire. "Les gens ont voté avec la peur. On les a effrayés sur l'immigration, l'économie, et ils ont choisi de voter pour le champion qui prétend pouvoir les sauver."
Une victoire qui affecte d'autant plus la tatoueuse qui est d'origine mexicaine, son père étant un Mexicain ayant immigré aux États-Unis lors des dernières décennies. "C'est difficile pour moi de concevoir que des millions de personnes ont voté pour un homme qui a parlé de mon père comme un violeur et un criminel", dénonce-t-elle en colère. Une référence à des propos tenus par Donald Trump sur les Mexicains immigrés aux États-Unis lors de sa campagne en 2016.
Le succès du candidat républicain est également pour elle celui des grandes entreprises : "tout le monde pense que le pouvoir d'achat va augmenter avec Trump mais c'est faux, pour moi c'est surtout les grandes entreprises déjà très riches qui ont gagné aujourd'hui, il va les aider à s'enrichir encore plus".
La tatoueuse a pourtant espéré une victoire de Kamala Harris jusqu'à la dernière minute, sans pour autant faire preuve d'un optimisme débordant. "Je ne voulais pas trop me prononcer parce que je redoutais que ce que je craignais se produise mais je voulais quand même y croire. J'ai pris le temps de voter à distance, j'ai essayé de m'engager même si j'ai aussi pris du recul sur l'actualité pour ne pas me détruire le moral", raconte Tara Chávez.
La tristesse dans la voix, l'illustratrice avait imaginé que l'actuelle vice-présidente aurait pu renverser la tendance : " je suis mitigée concernant Kamala Harris, elle n'a pas fait grand-chose ces dernières années. Mais elle représentait l'espoir, je pense qu'elle aurait peut-être vraiment changé les choses sur le droit à l'avortement par exemple".
"Je suis sous le choc, c'est un cauchemar"
Normande d'adoption, Tara Chávez reste toutefois attachée aux États-Unis et à son avenir. "Avec Trump au pouvoir, j'ai peur pour mon pays. Je crains que les inégalités sociales continuent à augmenter, qu'il y est plus de pauvres et d'injustice."
Des inquiétudes qu'elles partagent avec ses parents et ses frères et sœurs, tous restés aux Etats-Unis.
Je pense que l'un de mes frères va mettre plusieurs jours à se remettre de la nouvelle. Que ce soit pour l'accès à la santé, l'immigration, le pouvoir d'achat, les droits des femmes, on a tous peur que la situation empire. Je suis sous le choc, c'est un cauchemar.
Tara Chávez, tatoueuse et illustratrice d'origine américaine vivant à Rouen
Des perspectives sombres pour le futur de son pays mais aussi pour l'actualité internationale : " je suis vraiment mobilisée par rapport à ce qu'il se passe avec Gaza et là je pense que le fait que Trump redevienne président va aggraver le conflit. Il voit les relations internationales comme des réunions de business où l'on parle d'homme à homme alors que tout est plus complexe".
Seule la continuité du combat politique compte désormais pour Tara Chávez qui espère qu'un candidat démocrate atteindra la Maison Blanche dans quatre ans.